Epilogue

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Les rayons du soleil passant à travers les rideaux, tirèrent Arthur de son sommeil. Il porta une main sur son visage pour se protéger, puis poussa un soupir. Il resta allongé un long moment avant de se relever, tout doucement et s'asseoir sur son lit.

Cela faisait six mois maintenant qu'il se trouvait dans ce pays, mais chaque matin au réveil, pendant quelques secondes, il avait la sensation d'être dans son lit à Camelot.

Il prit une douche, faisant couler à flot l'eau chaude. C'était la chose qu'il appréciait le plus dans ce monde, prendre des douches chaudes à n'importe quel moment du jour et de la nuit. Avalone lui avait parlé de quelque chose qui ressemblait à l'impact environnemental de ses petits moments de plaisir, mais il ne comprenait pas comment une douche chaude pouvait porter atteinte à l'environnement.

Il s'habilla, d'un jean et d'un t-shirt par-dessus lequel il passa un pull aussi bleu que ses yeux, puis sortit et se dirigea vers la cuisine en essayant de faire le moins de bruit possible.

L'appartement provisoire qu'il partageait avec Avalone occupait une surface de 400 mètres carré, pourtant, Arthur avait l'impression d'étouffer dans un endroit aussi petit, lui habitué à vivre dans un château, encore plus grand que tout un pâté d'immeubles.

Au fil du temps, il avait appris à prendre son mal en patience,mais jamais  il ne pourrait s'habituer à rester dans un espace aussi réduit. Ce qui causait sa claustrophobie, c'était cette geôle qu'ils appelaient chambre à coucher, et qui était encore plus étroite que son garde-manger.

En arrivant à la cuisine, une douce odeur lui titilla les narines. Finalement tout n'était aussi désagréable dans ce monde. Cette chose qu'ils appelaient café était la boisson la plus délicieuse qu'il eut bu de son existence. Depuis qu'il y avait goutté, il ne pouvait s'en passer et se demandait comment Avalone pouvait détester cela.

Celle-ci se trouvait d'ailleurs là, et était déjà à table, le nez plongé dans un livre, comme elle en avait pris l'habitude depuis quelques mois. Elle avait ramené ses cheveux en arrière, en un chignon haut, ce qui dégageait son joli visage et ses yeux. Et comme lui, elle portait un jean et un large pull aussi noir que sa crinière.

A son arrivée, elle posa son livre et l'accueillit avec un large sourire, avant de se lever et déposer un baiser sur sa joue. Encore une chose à laquelle il n'était pas habitué :

- Bonjour Arthur, lui fit-elle gaiement.

- Bonjour Avalone, lui répondit-il, j'espère que ta nuit a été reposante.

- Pas plus que les dernières, lui annonça-t-elle, je ne trouve absolument rien dans ces livres, c'est désespérant !

- Ne perds pas espoir, la réconforta-t-il comme à son habitude, je suis convaincu que nous finirons bien trouver.

Elle lui répondit par un autre sourire, mais celui-ci ne gagna pas ses yeux, qui demeuraient emplis de tristesse. Jusqu'au bout elle avait œuvré pour lui sauver la vie, et à la fin elle avait même consenti au sacrifice ultime pour lui, renonçant ainsi à son amour et au bonheur auquel elle avait droit.

Six mois plus tôt, il s'était réveillé dans une salle de soin, avec de nombreux bidules émettant des sons pour le moins inquiétant partout autour de lui. Il avait des fils connectant certaines parties de son corps à ces choses. Au début il avait cru qu'il avait rejoint l'autre monde, mais celui-ci ne ressemblait pas à ce qu'il espérait.

Ce fut à ce moment qu'un ange tout de blanc vêtu était apparu, il avait éclairé une petite lampe brillante vers ses yeux, vérifié les machines puis il était sorti. Après cela Arthur avait de nouveau sombré dans le sommeil avant de se réveiller dans une autre salle, peinte d'une douce couleur jaune. Il y avait moins d'appareils et de sa fenêtre il apercevait la cime des arbres, mais il ne comprenait toujours pas ce qui lui arrivait.

Alors que l'angoisse commençait à le gagner, Avalone se présenta enfin à lui. Sa présence familière le réconforta mais il ne manqua pas de voir à quel point son visage était strié par la douleur. Après cela, elle lui avait raconté comment il se retrouvait dans cet endroit étrange qui, était son monde à elle :

- Tout est logique finalement, avait-elle fini de lui dire quand enfin il était sorti de l'hôpital, l'Avalon qui devait te sauver, c'était moi, nous étions liés depuis le début, Arthur.

Elle lui raconta comment leur arrivée à l'hôpital avait été mouvementée. Ils portaient tous les deux des tenues d'époque, et étaient recouverts de sang. Heureusement les médecins étaient habitués à voir les pires excentricités aux urgence,  et sitôt qu'elle leur révéla son identité, ils ne posèrent plus de questions. Ils crurent même à l'histoire rocambolesque qu'elle leur raconta : ils étaient en plein répétition d'un clip quand Arthur qui était un figurant, s'était accidentellement empalé sur l'une des pièces du décors. Son histoire fut corroborée par son agent artistique.

En réalité, lors de leur saut dans le temps, ils avaient atterri dans la chambre d'Avalone. Cette dernière avait rapidement appelé une ambulance puis John, son agent qui les avaient rejoints à l'hôpital. Celui-ci n'avait cessé de l'interroger, car chose incroyable, elle avait disparu pendant vingt jours sans laisser de traces. La police l'avait recherchée partout, et certains fans avaient même allumés des cierges devant son ancienne résidence, persuadée qu'ils ne la reverraient plus.

John avait manqué de s'évanouir en entendant sa voix à l'autre bout du fil, puis avait littéralement pété les plombs en la retrouvant ensanglantée et en costume médiéval. Mais habitué à ses frasques, il avait lui aussi cru l'histoire qu'elle lui avait racontée : des amis l'avaient invitée à faire une espèce de retraite spirituelle dans une demeure aménagée comme le moyen âge. Là-bas ils avaient vécu comme des gens de l'époque, loin de la modernité, privés de toute technologie pendant tout leur séjour. L'expérience devait leur permettre de se recentrer en faisant la paix avec eux-mêmes et reprendre le contrôle de leur vie.

Même si cela l'irritait, car à cause de son escapade, il avait du faire face à de nombreux problèmes, dont un entretien musclé avec la police, il devait reconnaître que l'initiative avait visiblement porté ses fruits car Avalone était méconnaissable. Elle était devenue plus responsable, moins sauvage et cinglée, et avait même fait une conférence de presse pour présenter ses excuses à son public.

Depuis elle menait une vie discrète et évitait la presse, ce qui n'était pas plus mal. En six mois, aucun abus ne lui avait été rapporté, elle se donnait à fond dans son métier et il se prenait souvent à bénir ces mystérieux amis dont elle lui avait parlé. Elle lui en avait juste présenté un, un certain Arthur, qui quoique vieux jeu, était tout ce qu'il y avait de plus gentleman. Il se prenait même à craquer sur son accent British.

Ils habitaient ensemble, et quoiqu'en dise Avalone, John était persuadé qu'il se tramait quelque chose entre eux. Ce qui ne lui déplaisait pas car cet homme avait une très bonne influence sur sa protégée. Il se prenait à espérait que leur « non-relation » dure le plus longtemps possible car Avalone faisait des miracles. Il retrouvait le talent brut qui avait été le sien autrefois et cela l'enchantait.

De son côté Avalone, essayait de trouver un moyen pour retourner à Camelot, ou du moins établir un contact avec Perceval ou Nimué. Mais la tâche était loin d'être facile, elle ignorait par où commencé, elle ne savait même pas quoi cherché. De plus ce monde quoique plus avancé technologiquement, était semble-t-il, déserté par la magie.

Elle avait essayé d'ouvrir encore le portail magique qui l'avait amené à Camelot, en vain, elle n'avait plus aucun pouvoir.

Pourtant il fallait absolument qu'elle trouve un moyen de retourner dans le temps, un moyen de retourner auprès de son âme sœur.

Lost in a fairy taleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant