Chapitre 55

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En ouvrant les yeux, Arthur crut être l'objet d'une hallucination. Devant lui se tenait Dame Iris, accompagnée d'une autre femme, fort belle, mais à l'allure lugubre. Arthur ferma les yeux en portant une main à son front et attendant que la vision disparaisse. Cela faisait des jours qu'il n'avait dormi et les effets de la fatigue commençaient à se faire sentir :

- Majesté, continua l'apparition en se fendant d'une révérence, je vous prie de m'excuser de faire ainsi irruption en votre présence, étant donné la manière cavalière dont j'ai pris congé de vous.

- Dame Iris, l'interpella Arthur assuré que ses yeux ne lui jouaient aucun tour, comment diable avez-vous pu arriver jusqu'ici sans qu'aucun des gardes ne m'est informé de votre présence.

Avalone ne répondit pas, mais se précipita vers Arthur pour le prendre dans ses bras. Elle avait réagi impulsivement, tant il lui paraissait triste et fatigué, jamais encore elle ne lui avait vu de mine aussi sombre. Ce dernier lui rendit son étreinte, en fermant les yeux et humant profondément son odeur, content de sentir la proximité d'un être proche :

- Majesté continua-t-elle, en le relâchant et en reprenant une révérence, je vous prie encore une fois de me pardonner...

- Non Dame Iris, l'interrompit Arthur heureux comme il ne l'avait été depuis des jours. Je suis sincèrement content de vous revoir encore, surtout après la manière injuste et cruelle dont je vous ai traitée. Je ne m'attendais point à ce qu'un jour, l'honneur me soit donné de vous revoir encore.

Avalone lui sourit, car elle ne ressentait aucune rancœur à son égard, bien au contraire. Arthur l'avait accueillie et protégée, à son arrivée, alors qu'elle n'avait nulle part où aller. Il l'avait élevée au rang le plus haut et lui avait accordé sa confiance et son soutien alors même qu'il ne connaissait rien d'elle. Elle était déterminée à l'aider, quitte à y laisser la vie, et pour cela elle devait lui dire la vérité :

- Avalone, lui répondit-elle.

- Plait-il, demanda Arthur surpris.

- Je me nomme Avalone, mon Roi, non plus Dame Iris...

Arthur soupira, avant de se passer la main dans les cheveux :

- Merlin m'en a informé, lui apprit-il.

Il observa attentivement Avalone de ses perçants yeux bleus. Au vu de l'air qu'elle arborait, il savait qu'elle s'apprêtait à lui faire des révélations. Peut-être allait-elle enfin consentir à lui dire toute la vérité, mais avant :

- Comment avez-vous pu déjouer mes gardes ? s'enquit-il toujours aussi intrigué. Ces sentinelles devraient être sur le qui-vive en ces temps de guerre, rien ne devrait leur échapper.

- Nous devons cette prouesse à mon amie ici présente, répondit chaleureusement Avalone, Majesté permettez-moi de vous présenter Nimué, que j'ai rencontrée au château de Cobernic.

Au mot qu'elle prononça Arthur manqua de s'étouffer. Il observa les deux femmes avec des yeux ronds, se demandant comment elles pouvaient être informée sur l'existence de ce lieu mythique et secret. Sur le coup il accusa Merlin auquel il reprocha d'avoir la langue trop déliée en présence de la gente féminine :

- Merlin n'y est pour rien, s'amusa Avalone, car Nimué est la gardienne du château. Avant de tout vous révéler Sire, permettez que Nimué se retire, elle a une importante mission à accomplir.

Arthur hocha la tête, et Nimué se fendit d'une profonde révérence :

- Arthur Pendragon, vous êtes le dernier représentant d'une lignée de guerriers émérites, ne doutez jamais de votre puissance. Nous ne nous reverrons peut-être jamais, mais sachez que ce fut un privilège pour moi de vous rencontrer enfin.

Lost in a fairy taleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant