Chapitre 9

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Guenièvre ! Non pas qu'elle l'ait oubliée, mais elle ne pensait pas qu'Arthur et elle, s'étaient déjà mariés. La panique commença alors à la gagner. Elle était persuadé qu'Arthur était son âme sœur mais maintenant qu'elle y était sérieusement confrontée des doutes commencèrent à l'envahir. Etait-elle prête à séparer un couple, elle en était bien moins sure, même si Guenièvre lui en donnait tous les droits, après son aventure avec Lancelot. Arthur ne devait pas l'avoir remarqué car d'après ce qu'elle avait lu, de graves incidents se seraient déjà produits.

Mais cette découverte la situait un peu par rapport au moment de l'histoire où elle avait atterri. Il restait cependant un détail qu'elle devait absolument vérifier.

Camilla finissait de la préparer quand elle remarqua encore une chose :

- Madame remarqua-t-elle, je n'avais point remarqué ce détail auparavant, mais vous portez un collier magnifique. L'artisan ayant conçu ce mécanisme pour le tenir est très habile et très ingénieux. (elle parlait du fermoir qui n'existait pas encore à l'époque)

Avalone qui se mirait alors, attarda son regard sur son collier et un détail attira son attention. Pour en être sure, car elle ne pouvait se fier à l'image un peu distordue que renvoyait le miroir, elle retira son collier pour le regarder de plus près : les deux pierres du centre avaient noircies. Elle en était sure car elle avait elle-même placé toutes les pierres et il n'y en avait aucune noire.

Les rouages de son cerveau s'accélérèrent : ce n'était pas banal, elle en état convaincue. En y regardant de plus près, elle remarqua qu'il y en avait une troisième qui avait aussi commencé à perdre son éclat également. Elle comprit alors : Il était là son minuteur. Le diable, ou plutôt la magie se trouvait vraiment dans tous les détails. Elle replaça son collier. Il portait en tout 20 pierres, elle n'avait plus de temps à perdre et il fallait qu'elle parle à Merlin.

En sortant de la chambre accompagnée par Camilla, elle se demanda si elle n'allait pas demander une chambre qui fut plus proche des appartements de Merlin. Celui lui éviterait de perdre du temps, en traversant le château entier, à chaque fois qu'elle avait besoin de lui parler.

Avalone ne fit cependant pas 10 pas hors de sa chambre quand elle vit Merlin, qui venait à sa rencontre. Il portait un beau pourpoint bleu rehaussé d'argent, une paire de braie (sorte de collant blanc) au-dessus desquelles il avait mis des chausses bleues également (sore de botte), qui lui arrivait mi-cuisse. Ces longs cheveux blonds, étaient regroupés derrière sa nuque. Il était très beau :

- Dame Iris, la salua celui-ci quand il fut à son niveau, vous êtes éblouissante, comme à votre habitude.

- Excellent timing Merlin, lui dit-elle.

A l'expression d'Avalone, celui-ci arqua un sourcil d'un blond plus foncé que ses cheveux. Il congédia Camilla, d'un petit mouvement de la main. Celle-ci avaient les joues légèrement rosées quand elle baissa la tête, elle partit très vite après une rapide révérence.

- Très chère Avalone, reprit celui-ci sur un ton de conspirateur, quand Camilla fut suffisamment loin, vous devriez être plus prudente, ces expressions risquent d'attirer l'attention sur vous.

- Mais grâce à vous Merlin je n'ai pas vraiment à m'en soucier, car tout le monde croira que c'est un langage de nymphe, répondit gaiment Avalone. Du moins jusqu'à ce qu'une vraie nymphe ne débarque au château et là, nous aurons de vrais problèmes.

Ils rirent tous les deux en imaginant la scène. Avalone se sentait détendue en présence de Merlin, une certaine complicité s'était même tissée entre eux. Merlin, avait un esprit ouvert, très en avance sur son temps. Mais il fallait s'y attendre de la part de celui qui avait conçu Camelot et instaurer la table ronde, autour de laquelle tous les chevaliers étaient égaux.

Avalone lui fit part de sa découverte du matin, et celui-ci en fut très curieux. Encore un évènement auquel il n'avait jamais assisté : il semblait que la magie dont était victime Avalone, avait sa propre conscience, et distillait ses informations au fur et à mesure. En principe, tout enchantement avait sa propre marque, une sorte de signature qui permettait ainsi d'identifier le lanceur du sort.

Toute création dans la nature avait une sorte d'aura. Et un sort une fois lancé, perturbait cet agencement naturel. La magie ne s'inscrivait pas dans la nature comme l'on a l'habitude de le croire. Mais pas celle que subissait son amie. Quand il regardait le flux d'énergie autour d'Avalone, celui-ci n'avait rien d'étrange ou de perturbé, on aurait dit qu'elle appartenait au flux de ce monde, alors que non. Il en avait la certitude. Ou alors comme elle l'avait dit la veille, elle est hors du temps, et son flux ne s'inscrivait pas dans celui de cet univers :

- Le mystère est donc éludé, conclut alors Merlin, nous savons désormais le but de votre visite, et le temps que vous avez pour l'accomplir.

Avalone lui répondit par un pauvre sourire. Elle disposait de 18 jours pour séduire un roi, marié et au moyen âge de surcroit :

- Mais cela ne me dit pas pourquoi vous veniez me voir cher Merlin, se rappela alors Avalone, mais aussi pour changer de sujet car celui-ci l'angoissait.

- Ah, fit alors Merlin, je venais m'assurer que vous aviez été informée de l'arrivée de la Reine à la cour.

- Oui, je sais. On peut dire qu'elle a bien choisi son moment celle-là, maugréa Avalone en croisant les bras sur sa poitrine.

Sa mine boudeuse fit sourire Merlin. Il fallait s'y attendre, l'arrivée de la Reine perturbait les plans son amie, ce qui le faisait douter du but véritable de sa mission. Une magie de cette puissance et de cette pureté ne pouvait être porteuse de malheur, et quel plus grand malheur y avait-il après celui de causer la séparation d'un couple. Le mariage est sacré peu importe que l'on soit de l'ancienne ou de la nouvelle religion. Mais il garda ses réflexions pour lui, ne voulant pas la chagriner d'avantage :

- Je sais à quoi vous pensez Merlin, continua Avalone, mais doit on s'embarrasser d'autant de principes quand on sait ce qu'elle a fait, ou alors qu'elle va bientôt faire, car vous savez n'est-ce pas ?

- Oui je sais, admis Merlin un brin agacé par l'omniscience d'Avalone, mais ce n'est pas de sa faute, ou plutôt elle doit certainement avoir de très bonnes raisons de l'avoir fait.

- A ce propos, a-t-elle déjà été kidnappée ? demanda soudain Avalone, se rappelant de la raison pour laquelle elle cherchait Merlin.

- Kidnappée ? quel est donc encore ce mot ? interrogea Merlin, perdu avec toutes ces expressions. Il regrettait parfois que la magie ne lui ait pas aussi appris un lexique plus contemporain.

- A-t-elle déjà été enlevée, par cette chèvre belliqueuse qu'est Méléagan ? Reformula Avalone.

Merlin éclata de rire.

- Oui cela s'est déjà produit hélas. Dame Iris, les dames de votre condition, ne s'expriment en général pas de cette sorte, affirma-t-il entre deux éclats de rire. Mais comme je vous l'ai dit, elle n'avait peut-être pas le choix, il est certaines forces auxquelles il nous est impossible de résister, reprit Merlin d'un ton plus sérieux.

Avalone ne répondit pas, ils étaient arrivés dans la cour au centre de laquelle étaient arrêtées deux calèches, autour desquelles de nombreux chevaux piaffaient. Ils étaient tenus par la bride par des palefreniers. Une foule nombreuse constituée de nobles et de bourgeois était regroupées autour, pour accueillir la Reine :

- Il n'est pas là, répondit Merlin quand il vit Avalone chercher quelqu'un des yeux.

Avalone soupira. Elle tenta d'apercevoir la Reine, mais la foule était bien trop dense.

- Ceux qui optent pour le moindre mal, tendent très vite à oublier qu'ils ont choisi le mal, murmura-t-elle.

- Voilà des paroles de sagesse, et de vérité, souffla Merlin.

Décidemment, il allait de surprise en surprise depuis l'arrivée de cette visiteuse du temps.

- C'est une citation, avoua Avalone. Venez Merlin, allons accueillir votre Reine comme il se doit. Ajoute-t-elle d'un ton plus résolu.

Malheureusement à leur arrivée, la Reine s'était déjà retirée dans ses appartements, prétextant une grande fatigue due au voyage. Cependant le soir, le Roi donnait un banquet en son honneur.

Lost in a fairy taleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant