Chapitre 34

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Se préparer pour le banquet, réussi à la distraire des sombres pensées qui la hantaient depuis la veille. Comme à son habitude maintenant, Camilla la para comme une reine, en lui faisant porter une somptueuse robe bleue royal rehaussée à la taille et au bustier de magnifiques mais discrètes broderies argentées.

Elle rassembla quelques mèches qui lui tombaient sur le visage pour les fixer à l'arrière de sa tête, et laissa le reste de la lourde masse de cheveux, retomber librement dans le dos. L'ensemble était très beau, et aussi discret par respect pour les circonstances dans lesquelles se tenait ce banquet.

Peu après, Perceval vint la quérir à ses appartements, et comme d'habitude, le souffle lui manqua quand il la vit, d'autant plus qu'il savait qu'elle s'était préparée spécialement pour lui.

Avalone le trouva très beau dans ses atours. Il portait des bottes en cuir noir, un pantalon de la même couleur et un pourpoint rouge en coton agrémenté de broderies or. Il avait ramené ses cheveux en arrière ce qui dégageait son beau visage et faisait ressortir ses grands yeux noirs en amande. Il avait une allure altière ce qui rappela à Avalone que Perceval était également de sang royal.

Naturellement, elle lui ébouriffa les cheveux qui reprirent rapidement leurs boucles naturelles :

- Savez-vous ce que cela m'a pris comme temps pour les dompter ? lui demanda-t-il en lui rendant son sourire.

- Vous étiez bien trop présentable comme ça Perceval, le taquina-t-il, vous alliez attirer tous les regards des dames, je ne l'aurais pas supporté.

Perceval partit d'un grand éclat de rire, qui creusa ses fossettes. Il s'inclina en une profonde révérence, puis lui prit la main et ensemble ils se rendirent au banquet.

Une salle encore plus grande que celle du premier, avait été préparée et parée de rideaux en brocart de couleur lavande et or, caractéristiques des armoiries de la maison de Perceval.

Des tables étaient disséminées dans la salle de part et d'autre d'une allée centrale qui, menait directement sur la petite estrade où avait été dressée la table royale, à laquelle Arthur siégeait seul.

Il y avait une table vide à la droite de l'estrade, et Avalone comprit que c'était la table d'honneur où le champion et quelques invités devaient s'asseoir.

La plupart des invités étaient déjà présents et il y avait beaucoup de bruit dans la salle. Quand ils furent annoncés, tout le monde se leva pour accueillir le nouveau champion et des exclamations s'élevèrent et emplirent l'espace.

Au moment où elle avait aperçu Arthur, le pas d'Avalone s'était fait moins léger et sa bonne humeur s'était elle aussi immédiatement envolée. Ayant perçu son hésitation, Perceval avait serré un peu plus fort la main d'Avalone qu'il tenait dans la sienne. Sans échanger un mot ni même un regard, elle comprit qu'il lui témoignait son soutien et cela l'encouragea à avancer.

Le Roi arborait un air solennel et distant. Avalone remarqua qu'il n'avait pratiquement pas touché aux mets sur sa table. Une fois devant lui, elle lui fit la révérence, et au moment de se relever, leurs regards se croisèrent brièvement, avant qu'Arthur ne détourne tête.

Ce fut bref, mais elle avait eu le temps de voir que la douleur avait voilé son beau regard bleu, celui-ci ne pétillait plus. Arthur parlait et riait même avec ses invités mais il ressemblait à un zombie, une personne dont l'âme avait déserté le corps.

Ainsi qu'elle s'y attendait, Perceval la conduisit à la table d'honneur et s'assit à ses côtés. Au cours de la soirée, beaucoup de personnes vinrent les saluer, surtout lui, et comme Avalone l'avait deviné, beaucoup de dames vinrent aussi le voir, en minaudant et battant les cils, ce qui eut le don de l'irriter. :

- Qu'est-ce qu'elles peuvent m'énervent avec leurs mimiques hypocrites et totalement déplacées, siffla-t-elle de mauvaise humeur quand ils furent enfin seuls.

Elle se mit à imiter une dame en exagérant ses gestes et ses battements de cils, ce qui fit éclater de rire Perceval. Presque instantanément, le bruit d'une toux leur parvint, en se retournait ils vinrent Arthur pris d'une quinte incontrôlable. ce dernier n'avait rien manqué des commentaires d'Avalone et c'était presque étouffer avec son vin, tant les mimiques qu'elle faisait étaient exagérées et ridicules.

Quand il se ressaisit, l'ombre d'un sourire persistant quelques fractions de secondes sur ses lèvres avant de disparaitre tout aussi vite. Cependant les deux acolytes avaient quand même eu le temps de l'apercevoir, cela les réconforta, et ils lui sourirent en retour.

Avalone pensa alors à l'aveu qu'il lui avait fait, il y a quelques jours quand ils rentraient au château. Ce jour-là, il lui avait dit que quand elle chantait, elle avait le don de l'apaiser, ce qui lui donna une idée.

- Je crois que le moment est bien choisi pour votre chanson très cher Perceval, lui murmura-t-elle en se penchant vers lui.

Perceval acquiesça puis il se leva pour l'annoncer. Les invités l'acclamèrent sincèrement car tous attendaient impatiemment ce moment. Ceux qui l'avaient déjà assisté à sa première performance, en avaient parlé autour d'eux avec enthousiasme, ce qui avait conduit beaucoup d'autres à vouloir l'entendre également et se faire un avis.

Avalone se leva de sa table et se plaça devant celle du roi qu'elle salua encore d'une révérence, avant d'entamer son chant.

Lorsque sa voix s'éleva dans la salle, la même magie qui s'était produite la première fois, opéra et parut donner vie aux sentiments que ses paroles décrivaient.

Avalone chantait pour Perceval qu'elle voulait remercier pour avoir toujours été présent à ses côtés, sans jamais porter quelque jugement sur elle, malgré ses excentricités.

Elle chantait également pour Merlin, auprès duquel elle voulait s'excuser et lui faire comprendre à quel point il était important pour elle.

Elle ferma les yeux et se laissa emporter par le chant. Quand elle les rouvrit à la fin, Perceval s'était levé de son siège et la fixait encore une fois la bouche grande ouverte. Arthur lui, la regardait avec des yeux ronds, pour la première fois depuis le début de la journée, il avait oublié sa tristesse. Le message plein d'amour et d'optimisme, était comme un cataplasme qu'on lui avait appliqué sur sa plaie, et cela le soulageait.

Une seule personne sembla sortir de sa torpeur et se mit à applaudir derrière elle. En se retournant, Avalone se retrouva face à Merlin qui, se tenait à l'entrée de la salle, et elle lui rendit automatiquement le sourire qu'il arborait.

Il la rejoignit et ensemble ils saluèrent Arthur, qui leur répondit par un hochement de tête, avant d'aller rejoindre Perceval sous les acclamations des invités. Ce dernier était sincèrement content, de voir Merlin et Avalone rabibochés. La jeune femme allait enfin pouvoir se détendre.

- Vous êtes pareillement semblable à un ange pour moi Dame Iris, lui confia-t-il, en se saisissant de sa main.

- Je suis réellement désolée Merlin....commença-t-elle.

- Ce n'est pas le moment très chère, fit-il, maintenant profitons plutôt de la soirée. J'ai adoré votre prestation je l'ai trouvée encore plus merveilleuse que la dernière fois.

Perceval couvrait AValone de compliments. Il avait été ému par son message, et de savoir qu'il avait une place aussi importante dans son coeur, lui faisait réellement plaisir.

A ce moment, Arthur se leva, s'excusa auprès de ses invités avant de quitter le banquet. Cela ne perturba pas les autres invités car il était assez tard et souvent ce type de festivités pouvait se prolonger très tard dans la nuit, tant que le vin continuait de couler à flots.

Malgré cela, quelques minutes après le départ du Roi, un serviteur vint murmurer quelque chose à Merlin, avant de s'éclipser :

- Y-aurait-il quelque chose Merlin, demanda Perceval intrigué.

- Le roi nous mande dans la salle de conseil, annonça celui-ci d'une voix blanche.

Lost in a fairy taleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant