Chapitre 45

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Ils se trouvaient à l'orée de la forêt et de l'endroit où ils étaient, Avalone percevait le bruit généré par l'activité humaine. Perceval et elle, portaient des habits de cavaliers et Merlin lui-même portait une cape, leur apparence était donc des plus normales et pas outrancière, mis à part la tenue d'homme d'Avalone.

Si Merlin n'était pas gêné par celle-ci, il lui conseilla toutefois de rabattre la capuche de sa cape pour éviter d'attirer encore plus les regards, celle-ci obtempéra. Une fois prêts, ils descendirent tous ensemble dans le village.

Merlin et Perceval tenaient chacun la bride d'un cheval et Avalone se trouvait entre eux. Suivant les conseils de son ami, elle avait rabattu la capuche sur sa tête mais aussi ramené les pans plus près de son corps.

Cependant quelle ne fut leur surprise de croiser des femmes en tenu d'homme dans ce village. Certes les étoffes utilisées étaient bien moins riches que celles de la tenue d'Avalone, mais il y'en avait beaucoup portant des chausses, des braies et une sorte de pourpoint ajusté. Ces mêmes femmes portaient aussi des arcs, pour certaines des arbalètes et un carquois.

Merlin, surpris, n'hésitait pas à en dévisager certaines, il lorgna un peu plus longtemps l'une de ces amazones. Elle était intimidante et d'une beauté sauvage, elle portait une très épaisse crinière blond foncé, montée sur une magnifique étalon noir, elle avançait dans le sens opposé au leur. En remarquant que Merlin la reluquait, elle le dévisagea également sans gêne, et lui fit un petit sourire en coin avant de le dépasser. Celui-ci était aux anges.

Ils demandèrent ensuite des renseignements à un autre passant, et quelques minutes plus tard, ils étaient attablés dans ce qui semblait être la meilleure auberge du village où ils se restaurèrent et commandèrent également quelques victuailles pour la route.

Après le repas, Merlin aborda le sujet qui lui tenait à cœur. Devant l'inquiétude de ses compagnons qui étaient gênés d'aborder un sujet aussi délicat dans un lieu public, il leur assura qu'il avait jeté un sort pour éviter d'être entendu par des oreilles indiscrètes.

Une fois rassurée, Avalone lui rapporta exactement ce qu'elle avait dit à Perceval :

- C'est extraordinaire ! s'exclama Merlin à la fin. Perceval vous seriez donc un descendant de Joseph d'Arimathie Et dire que pendant toutes ces années tout cela me pendait sous le nez !

- J'ai eu la même impression, soupira Perceval. Mais cela a aussi ébranlé mon avis d'effectuer cette quête. Le Graal est la cause de la destruction de mon royaume et du massacre de ma famille.

Avalone posa sa main sur la sienne et la serra puis, Perceval porta cette même main à sa bouche et l'embrassa tendrement. Ce petit échange n'échappa pas à l'œil aiguisé de Merlin qui les regarda très surpris. Leurs liens semblaient s'être consolidés au cours de leur voyage, même si la détermination d'Avalone de sauver Arthur restait inébranlable :

- Vu comme cela, je comprends maintenant pourquoi certains de vos traits sont autant accentués. Mais où donc se trouve ce palais de Cobernic ? demanda-t-il encore.

- C'est là que nous butons, Merlin, je n'en ai aucune idée.

- Je m'en doutais un peu, lui répondit-il, il est impossible que l'emplacement ait été révélé même aux générations futures. Cela aurait été trop simple, car l'un des caractères de cette coupe est justement le mystère qui l'entoure.

- Je n'ai qu'un indice, révéla Avalone, celui en possession du Graal est surnommé le Roi pêcheur. Cela peut vouloir dire qu'il se trouve au bord d'un étendue d'eau.

Merlin se mit à réfléchir. Cela peut être le cas, mais cela peut également dire qu'il sélectionne les personnes les plus aptes à être élevées aux mystères du Graal, ce qui reviendrait aussi à les pêcher. Quand il fit part de sa réflexion aux deux autres, ces derniers ne cachèrent pas leur abattement. C'était la seule piste dont ils disposaient et Merlin venait d'anéantir leurs espoirs.

Lost in a fairy taleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant