Chapitre 24

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A ce moment une grande acclamation s'éleva dans la foule, distrayant Avalone de ses pensées. Un chevalier venait de faire son entrée, et en regardant de plus près son blason, Avalone reconnut Perceval.

Quand elle demanda des explications à un Merlin surexcité, celui-ci lui répondit sans la regarder, que Perceval avait une très bonne réputation dans la communauté, car il était doté d'une force et d'une habilité remarquable.

Comme il fallait s'y attendre, Perceval battit son adversaire qu'il désarçonna au premier passage. A sa victoire, Merlin se leva en hurlant et en applaudissant. Il avait le visage rouge d'excitation et des mèches folles s'étaient échappées de sa coiffure. Avalone rit intérieurement jamais elle ne se serait imaginée que Merlin pourrait être aussi cool et insouciant.

Il y avait un autre cavalier qui s'en sortait encore mieux que Perceval, il s'agissait de Lancelot. Avalone fut forcée de reconnaitre qu'il était très fort, il semblait gagner sans fournir d'efforts.

Ce qu'elle fut également forcée d'admettre était qu'elle s'amusait beaucoup à ce tournoi.

Comme il fallait s'y attendre, Perceval et Lancelot se retrouvèrent en finale l'un contre l'autre.

Avant de débuter le combat, les deux adversaires se présentèrent d'abord à la tribune d'honneur où ils saluèrent le couple royale. Mue par une impulsion Avalone, se leva et se plaça devant l'estrade de manière à pouvoir parler à Perceval. Quand il la vit s'avancer, Perceval releva son heaume.

- Soyez prudent, le pria-t-elle.

Il répondit par un hochement de tête en souriant. Elle lui envoya alors un baiser volé avant de retourner s'asseoir.

- Quelle idée de lui demander de se retenir, siffla une noble à côté d'elle, si vous tenez autant à votre champion, il devrait au contraire se battre de toutes ses forces pour vous faire honneur, quitte à en perdre la vie.

- Aimer une personne ce n'est pas la plonger au cœur des batailles quand bien même vous savez qu'elle ferait une formidable guerrière, répliqua-t-elle. c'est au contraire détester la voir souffrir quand bien même elle serait indestructible.

la Dame lui répondit par une moue dédaigneuse qui fit rire Avalone car cette moue dédaigneuse était typique de l'attitude des nobles décrite dans les livres.  Elle reporta ensuite son attention sur le combat qui se préparait. Autour d'eux la tension était à son comble car c'était sans doute le combat le plus attendu du tournoi.

Au premier assaut, les deux adversaires se manquèrent, même si Lancelot manqua de très peu de toucher son adversaire, arrachant un cri à l'ensemble de la foule. Au deuxième assaut, ils se manquèrent tous les deux. Le silence régnait maintenant, tout le monde retenait son souffle car cet assaut serait déterminant. Avalone avait le cœur qui battait à tout rompre.

Au signal, les deux protagonistes s'élancèrent alors l'un vers l'autre, les lances pointées vers l'avant. Lancelot plus expérimenté, réussit cependant à percuter Perceval, lui faisant perdre l'équilibre et lâcher sa lance sans pourtant parvenir à le faire tomber. La foule resta muette quelques secondes avant que des cris ne s'élèvent de toutes parts.

Ils avaient tous les deux bravement combattus même si Lancelot avait été le plus fort. Sous un tonnerre d'applaudissements et une nuée de fleurs que lui lançaient l'assistance, Lancelot vint saluer le couple royal, avant de retourner sous sa tente.

La fin de la première journée du tournoi fut décrétée. Malgré cela, un grand nombre de personnes restèrent sur place pour festoyer. Avant de retourner au château, Avalone toujours accompagnée par Merlin, passa voir Perceval sous sa tente pour s'assurer qu'il n'avait pas été blessé.

Quand ils y pénétrèrent, un serviteur achevait de l'aider à se débarrasser de la côte de mailles qu'il portait en dessous de sa tunique, et était torse nu. Confrontée à cette nudité, Avalone ne put s'empêcher de constater qu'il était encore mieux bâti qu'ellene l'avait imaginé. Après s'être ressaisie, elle rougit et se détourna, s'étonnant elle-même de sa soudaine pudeur, le moyen âge avait un drôle d'effet sur elle. Pour le peu qu'elle avait pu voir, il ne semblait porter aucun traumatisme. Mais Merlin l'examina cependant.

- Je suis navré, s'excusa Perceval pendant l'examen, je ne suis pas digne d'être votre champion Dame Avalone.

- Bien sûr que si, lui répondit-elle, sans le regarder, vous avez très bien combattu et avez même dépassé mes espérances. La seule chose que je regrette c'est que vous vous soyez blessé.

- Il va très bien, la rassura Merlin, l'armure et la côte de mailles ont absorbé le choc.

Quand Avalone se retourna, Perceval portait une chemise, mais il avait aussi l'air très déçu. Elle lui ébouriffa les cheveux pour lui remonter le moral, ce qui lui arracha un sourire.

- Vous ferez mieux demain, lui assura-t-elle.

Puis, avec Merlin, ils rentrèrent au château où sans attendre ils allèrent diner car tous les deux mouraient de faim. Une salle avait été apprêtée pour l'occasion, et le couple royale se joignit au reste des convives. Si Perceval avait préféré rester sur le site afin de mieux se reposer et se concentrer pour la seconde journée comme la majorité des participants, beaucoup d'autres chevaliers étaient revenus au château, dont Lancelot.

Avalone grogna en l'apercevant. Elle était persuadée que s'il était revenu c'était pour être aux côtés de la Reine. Ses doutes furent confirmés lorsque vers la fin de la soirée, Guenièvre se retira, et quelques minutes plus tard Lancelot en fit de même. Avalone se leva alors pour le suivre.

Quand elle sortit de la salle, Lancelot était déjà loin, elle du courir pour ne pas se laisser distancer. Son cœur battait à tout rompre à cause de la course certes, mais aussi à cause du très mauvais pressentiment qu'elle avait.

Elle arriva au niveau du patio où elle s'était réfugiée quelques jours auparavant, quand elle avait rencontré Viviane. Ils y étaient bien tous les deux, du moins Lancelot. Son interlocuteur était bien une femme, aux vêtements qu'elle portait. Cependant elle portait aussi une longue cape dont elle avait rabattu la capuche sur son visage.

Avalone ne prit pas la peine de se dissimuler et avança directement vers le couple. Sa poitrine était oppressée comme lorsque quelqu'un s'apprêtait à découvrir une vérité qu'il savait mais qu'il redoutait d'apprendre.

Au bruit de ses pas, Lancelot se retourna brusquement en portant la main à son épée, et cacha l'autre personne de son corps :

- Qui va là, demanda-t-il.

Avalone était dans un état second.

- Allons Messire, il ne s'agit que de moi, lui répondit Avalone.

- Dame Iris, la reconnut-il, puis-je savoir ce qui vous amène en ces lieux.

Quand bien même il l'avait reconnue, Lancelot ne lâcha pas son épée et cela irrita encore plus Avalone.

- Alors quoi ? vous allez me pourfendre de votre épée ? ricana-t-elle, je vais alors vous donnez une excellente raison de le faire, car je sais ce que vous faites ici.

Avalone se moquait de perturber le cours de l'histoire, elle n'éprouvait en plus aucune peur même si elle savait que dans le livre qu'elle avait lu, Lancelot n'avait pas hésité à tuer le dénonciateur de sa relation avec Guenièvre.

Lost in a fairy taleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant