Chapitre 54

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Le bruit sourd que causa la chute d'une tour, tira Perceval de ses pensées. En face de lui Avalone continuait de le dévisager avec ses intenses yeux mauves :

- Tu es tel un ouragan, continua-t-il en souriant, ta venue a failli balayer la cour la plus réputée au monde. Et maintenant tu es juste en train de détruire l'un des plus anciens et des plus sacrés fondements de la chevalerie, comme s'il n'était qu'un amas de vieilles briques en terre. N'y a-t-il rien pour t'arrêter ?

- Pas tant que l'on menace de m'arracher les personnes auxquelles je tiens, répondit-elle de but en blanc. S'il le faut, je réduirai en poussière chacune des pierres qui constituent ce château, quitte à ce que le Roi pêcheur se retrouve sans domicile, mais il est hors de propos que je te laisse prisonnier de cet endroit.

Perceval sourit, elle n'avait pas idée que le Roi pêcheur c'était désormais lui. Il aura le temps de lui raconter tout cela.

- Que ferais-tu s'il me sied de rester ici, questionna Perceval toujours en riant.

- Tu n'as pas à payer pour mes erreurs, répartit Avalone.

- Cela n'en était pas une, expliqua alors Perceval, c'était ma destinée Avalone. Je te l'avouais tantôt, ceci est mon devoir. Tout comme le tien est de sauver Arthur.

- Il est impossible de sauver Arthur Perceval, quand tu n'étais pas là, j'ai appris...

- Tu es beaucoup plus forte que tu ne peux le croire, l'interrompit-il, il suffit pour cela de regarder autour de toi, vois ce que tu fais subir au château de Cobernic. Nul besoin de moi et moins encore du Graal, pour accomplir ta mission, aie foi en toi comme tu l'as toujours fait.

Les paroles de Perceval, atteignirent Avalone et celle-ci sembla y déceler un sens caché car peu après, les tremblements de terre cessèrent. Nimué et Pellam semblèrent réapprendre à respirer, et regardèrent tous Avalone comme s'ils la voyaient pour la première fois, étonnés qu'il put exister en ce monde, une personne aussi forte :

- Tu n'as pas de temps à perdre Avalone, continua Perceval comme cette dernière le dévisageait, incapable de se détacher de lui. Ton collier, regarde-le.

Avalone baissa les yeux sur les perles qu'elle avait autour du cou. Elle avait pesté de ne pas avoir un moyen de vérifier le temps, alors que celui-ci se trouvait juste sous ses yeux. La plupart des perles étaient désormais noires. Il n'en restait que trois qui étaient encore colorées, or la troisième était presque déjà noircie.

Elle releva encore la tête pour observer Perceval, trois jours c'étaient donc écoulés depuis qu'il était parti avec Pellam. Trois longues journées au cours desquelles elle avait failli perdre la tête à plusieurs reprises. Il ne lui avait rien dit de ce qui lui était arrivé, mais il semblait plus serein et sûr de lui, qu'il ne l'avait été auparavant.

- Te reverrai-je un jour ? chuchota-t-elle presque, la voix soudain enrouée.

Perceval lui sourit encore plus tendrement, tout en la dévorant des yeux, comme s'il cherchait à mémoriser chacun de ses traits avant de la quitter. Cela ne fit qu'accroitre la certitude d'Avalone, sur l'imminence de leur séparation :

- Nous sommes liés à jamais Dame Iris, lui rappela-t-il avec une lueur malicieuse au fond du regard, l'auriez-vous donc oublié ?

Les yeux embués, Avalone lui rendit son sourire avant de se diriger vers Nimué. Il était clair qu'elle ne pourrait retourner à temps au royaume en empruntant les voies normales, il lui fallait de l'aide :

- Nimué, auriez-vous l'obligeance de me conduire auprès d'Arthur, demanda-t-elle à la magicienne.

Celle-ci sembla hésitante quelques secondes, avant d'acquiescer. Elle était encore sous le choc de la démonstration de pouvoir de la jeune femme, elle se reprit cependant assez vite en se rappelant qu'elle avait aussi une mission qu'elle devait accomplir, au nom d'Emrys, ou de Merlin, comme le nommaient ses amis.

Lost in a fairy taleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant