Chapitre 23

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Arrivée au lieu du tournoi, Avalone fut installée dans la tribune d'honneur en compagnie d'Arthur et Guenièvre, et de quelques nobles et de suivantes. La majorité des chevaliers assistant au tournoi, très peu parmi eux se trouvaient dans les gradins. Avalone se trouvait à deux sièges de Guenièvre.

Gauvain était aussi présent :

-        Messire le salua Avalone, vous ne prenez pas part au tournoi ?

-        Non Madame, répondit-il, Lancelot et Perceval y sont. Cela est bien assez pour assurer le spectacle. Mais cependant aussi je m'attendais à vous voir parmi les participants, cela aurait rendu le tournoi plus intéressant, la taquina-t-il.

Ils rirent tous de la blague. Arthur qui les suivait, sourit de la facilité avec laquelle Avalone parvenait à se lier avec les personnes autour d'elle.

Cette première journée du tournoi allait être consacrée à des joutes. La foule trépignait et criait car chacun tenait à encourager son champion, les gradins étaient pleins à craquer. L'excitation dans l'air était palpable quand les deux premiers adversaires s'avancèrent dans  le champ et se dirigèrent d'un pas lourd, chacun vers son cheval dont les Rennes étaient retenues par un palefrenier.

Chacun des deux protagonistes portait une armure et un heaume (casque). Le blason de chaque chevalier était visible pour permettre à ses admirateurs de le soutenir. Ils se tenaient à l'opposé l'un de l'autre mais aussi de part et d'autre de la hampe qu'Avalone avait aperçu la veille.

Quand ils enfourchèrent leur monture, les serviteurs leurs présentèrent leur arme. Il s'agissait de longues lances dont les bouts avaient été travaillés de manière à éviter de tuer ou blesser grièvement leur adversaire.

En bas de la tribune d'honneur il y avait un autre jeune homme qui donna le signal. A son invite, les deux chevaliers lancèrent leurs chevaux, les lances pointées vers l'avant.

Ils se manquèrent, lors de ce premier assaut et se préparèrent ensuite pour le second. Ils s'élancèrent encore l'un contre l'autre au signal de celui qui semblait être l'arbitre.

La lance de l'un percuta violemment le second avec un bruit sourd. Ce dernier fut désarçonné et tomba lourdement au sol, sous les hurlements de la foule.

Le choc fit sursauter Avalone, la poussant à se couvrir les yeux. C'était plus violent qu'elle ne s'y attendait. Bien que pratiquant régulièrement les arts martiaux, Avalone détestait la violence. Elle ne parvenait même pas à suivre du catch, malgré qu'elle sache que tous les catcheurs jouaient un rôle.

Merlin qui était à ses côtés tenta de la rassurer, en disant que les chocs étaient moins violents qu'il n'y semblait et lui assurant qu'il se chargerait de soigner ceux qui parviendraient quand même à se blesser plus ou moins gravement.

Mais Avalone voyait dans ses yeux qu'il était aussi excité que le reste de la foule, sinon même plus. Il lui rappela la propre agitation de certaines personnes de son époque devant un match de foot ou de basket.

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Guenièvre observait tout autant le tournoi. Même si Arthur semblait aussi excité que la foule et hurlait comme un enfant, elle, ne trouvait pas autant d'attrait au tournoi, car ses pensées étaient un peu préoccupées. Elle murmura quelques mots à sa suivante la plus fidèle et celle-ci se leva puis partie des gradins.

Blanche était une jeune femme assez jolie de descendance modeste. Ses parents avaient pleuré de joie quand elle avait été choisie pour servir la Reine, y voyant là un honneur, mais aussi l'occasion pour leur fille de faire un bon mariage en fréquentant les nobles de la cour. L'assurance leur en avait ensuite été apportée par la reine elle-même.

En revanche celle-ci exigeait de sa suivante une loyauté absolue, ce qui n'était pas difficile car la reine la traitait avec énormément de générosité. La jeune femme était prête à donner sa vie pour sa maîtresse.

Ce jour-là elle l'avait chargée d'une mission et comme à son habitude, Blanche était déterminée à la mener au péril de sa vie, même si elle ne courait réellement aucun danger.

Blanche s'engagea parmi les nombreuses tentes et la foule de serviteurs et chevaliers qui s'agitaient. Elle tenta tant bien que mal d'identifier les armoiries de la personne vers laquelle la reine l'avait mandatée. Elle était au supplice quand enfin elle le vit parmi les toutes dernières tentes au bout du champ, il flottait au-dessus de la tente : un étendard marqué par un écu en argent barré par 3 bandes de couleur rouge, obliques et parallèles les unes aux autres.

Blanche accéléra sa marche. Quand elle fut au niveau de la tente, elle s'arrêta pour souffler et se rappeler le message avant de dégager un pan de la tente pour y pénétrer.  Il n'y avait qu'une personne sous la tente, un homme de haute stature, qui lui tournait le dos :

-        Messire appela-t-elle.

Au son qu'elle fit, l'homme se retourna, et Blanche en eut le souffle coupé. Il était d'une beauté fabuleuse. Il avait de longs cheveux bruns presque noirs et des yeux gris. Il avait l'air parfaitement calme, et ne semblait pas emporté par l'ambiance qui régnait comme les autres.

-        Madame, répondit-il simplement mains non moins galamment, que puis-je pour vous.

-        C'est ma maitresse qui m'envoie, bégaya Blanche en lui montra un mouchoir brodé, qu'elle rangea aussi vite qu'elle l'avait sorti.

A la vue de l'objet, Lancelot se mit à genoux et baissa la tête :

-        Je vous écoute, dit-il.

Blanche était intimidée par son attitude :

-        Elle vous demande de jouter au mieux et au pire, Messire.

-        Puisqu'elle l'ordonne, c'est très bien ainsi, fit Lancelot pour toute réponse.

Blanche inclina la tête, avant de sortir de la tente et regagner les gradins :

-        Cela serait quand même dommage s'il venait à être blessé grièvement, pensa-t-elle sur le chemin de retour, il est si beau.

Lorsque Blanche revint, elle passa devant Avalone et Merlin, avant de rejoindre la reine. Pendant quelques secondes, elle avait caché la vue à Merlin lui faisant rater l'issue de la dernière joute, ce qui le fit pester. Cela attira l'attention d'Avalone sur la servante. En se retournant pour l'observer, elle vit cette dernière s'asseoir aux côtés de Guenièvre et lui remettre discrètement quelque chose.

Lost in a fairy taleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant