Chapitre 47

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En un instant le ciel se recouvrit de très lourds nuages, et l'obscurité s'abattit sur la plaine où se trouvaient les antagonistes.

Perceval ignorait tout des deux nouvelles femmes qui s'étaient jointes à eux, mais au vu de la posture qu'avait adopté Merlin, et Avalone qui avait aussi serré les poings, il comprit qu'elles allaient leur causer des ennuis. Il dégaina alors son épée et se plaça entre Avalone et les trois autres, constituant un rempart avec son corps pour la protéger.

Ce geste surpris Avalone, car Perceval n'ignorait pas qu'elle était totalement immunisée contre les sorts magiques. Il était le seul à être sans défense et de ce fait à requérir une protection :

-          Merlin, essaya encore Viviane, il m'est difficile de vous voir faire preuve d'aussi peu de discernement, vous si clairvoyant de coutume. Laissez-moi l'emmener avec moi, je vous promets qu'aucun mal ne lui sera fait. Au contraire, je m'efforcerai de trouver un moyen de la renvoyer dans son monde.

-          Comment en sommes-nous arrivés là ? déplora Merlin. Viviane votre confiance en moi ne doit pas faillir, pas en ces moments obscures. Et vous Morgane comment avez-vous pu vous montrez aussi stupide. Conclure un pacte avec le diable de plus entrainer une pauvre âme innocente dans votre déchéance. Tout cela dans le seul but d'obtenir assez de pouvoir, vous ne serez jamais de taille contre moi.

Morgane se mordit les lèvres sous l'effet du reproche. Merlin avait tout deviné et montrait une fois de plus sa supériorité.

-          Vous devriez faire preuve d'un peu moins de vanité Merlin, lui suggéra-t-elle, vous pourriez être désagréablement surpris.

Des lames de vent foncèrent alors vers Merlin qui les balaya du revers de la main. Il ne put cependant retenir une grimace car le contact avec le sort lui avait légèrement entaillé la main. Un sourire ironique étira les lèvres de Morgane, augmentant le courroux de Merlin, tandis que Viviane se couvrait la bouche de ses mains en voyant couler le sang de son bien aimé.

-          Me croirez-vous si je vous disais que je suis parvenu à la trouver ? souffla Merlin.

-          Quoi donc ? demanda Morgane hautaine.

-          L'île aux pommiers...

-          C'est impossible, bafouilla Viviane, perdant un peu de sa superbe.

Un silence de mort s'abattit soudain sur la lande. Tous savaient ce qu'était l'île aux pommiers, la terre promise des créatures surnaturelles.

Morgane cependant partit d'un grand éclat de rire, dont les échos se perdirent au loin :

-          Venant de vous cette manœuvre est bien pathétique Merlin. Je croyais que vous ne craigniez personne, à moins que ce soit le présage de votre déchéance future qui vous fait perdre la tête.

Morgane sentait flancher la détermination de Viviane, or elle seule était en mesure d'exécuter ce maudit sort, et maitriser Merlin. Elle décida de ruser en servant des connaissances qu'elle avait sur Viviane, acquises lors de leurs années d'apprentissage aux côtés de l'enchanteur. Certes beaucoup de temps s'était écoulé depuis mais peut-être que cela fonctionnerait encore :

-          Ou alors est-ce à cause de cette femme, persiffla-t-elle malicieusement en se tournant vers Avalone, est-il vrai qu'elle est protégée contre notre magie ? j'aimerai bien pouvoir en attester.

Pour la première fois les yeux de Morgane se posèrent sur Avalone. Elles avaient en commun les cheveux d'un noir profonds, de même que leur teint d'albâtre. Mais là s'arrêtait leurs similitudes, et aussi les préjugés d'Avalone. Les yeux sont le reflet de l'âme dit-on, aussi quand leurs regards se croisèrent, elle ne put s'empêcher de voir la tristesse infinie de Morgane mais aussi une chaleur et une humanité qu'il lui était impossible de percevoir chez Viviane, quoiqu'en dise Merlin.

Lost in a fairy taleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant