Chapitre 38

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Quand Perceval partit, Avalone sentit soudain l'angoisse la gagner. Elle avait agi impulsivement sans réfléchir, sans un plan, sans même prévoir une issue de secours. Elle n'avait même pas pris le temps d'informer Merlin de ses intentions, et elle savait qu'il lui serait impossible de la localiser, et c'était aussi l'une des raisons qui l'avait poussée à prendre Perceval à ses côtés : Merlin ne manquerait pas d'apprendre qu'ils se sont enfuis ensemble et ainsi s'il ne pouvait la tracer elle, il pourrait toujours suivre Perceval à la trace.

Elle tripota son collier. Aujourd'hui la dixième pierre avait pris des couleurs ternes, d'ici à la nuit tombée, elle serait aussi entièrement noire. Cela faisait dix jours qu'elle se trouvait dans ce monde, et dans dix autres jours, la boucle serait bouclée, et qu'est ce qui se passerait alors ? Si Avalone, ignorait le dénouement que prendrait son histoire, elle était convaincue au moins d'une chose, elle devait absolument sauver Arthur avant qu'arrive le vingtième jour.

Avalone s'en voulut finalement de ne pas être partie plus tôt, que de jours perdus en vaines mondanités alors qu'elle aurait pu se mettre en route bien avant tout cela. Disposait-elle de suffisamment de temps ? Elle soupira, et se força à penser à autre chose.

Elle allait à la fenêtre et observa les paysages autour, l'après midi était bien avancé, et dans ses bois épais, que la lumière du soleil arrivait difficilement à éclairer, l'obscurité avait déjà commencé à s'installer. Une odeur capiteuse de feuilles et de fleurs, embaumait l'air, qui était aussi empli de chant d'oiseaux et d'autres insectes. Tout près de sa fenêtre, les chevaux piaffaient de temps à autres en se repaissant de l'herbe verte et gorgée de nutriments.

Cet endroit par contre était différent de tous les lieux qu'elle avait fréquenté, il avait été très peu profané par la présence de l'homme, et tout était encore naturel et sauvage. Elle ne disposait même pas d'un lit convenable. Cela la consterna, car au château au moins elle avait droit à un certain confort, à défaut d'être privée des autres choses.

Avalone repensa à son monde. Cela faisait longtemps qu'elle ne l'avait pas fait, elle s'efforçait de ne pas l'évoquer pour éviter de sombrer dans la nostalgie. Car elle ne devait pas se plaindre, elle vivait quelque chose d'incroyable et d'unique. Une chose qui prendra certainement fin d'ici peu et elle voulait profiter de chaque moment. Certes ses proches lui manquaient horriblement, sa mère surtout et ses meilleurs amis. Elle se demanda comment ils réagiront quand elle leur raconterait son aventure. Ils ne la croiraient certainement pas et penseraient qu'elle avait à nouveaux succomber à ses vieux démons et avait replongé dans l'alcool et la drogue.

A ce souvenir, un frisson lui parcouru l'échine. Oui ils ne la croiront jamais, elle-même d'ailleurs n'y aurait jamais cru si quelqu'un d'autre lui avait raconté. Elle allait donc éviter de provoquer des conflits inutiles, et garder tout cela dans son cœur. Et peut être qu'un jour, elle allait enfin trouver une personne avec qui partager tout cela.

Elle envisagea d'en faire un livre, même si elle ne l'avait jamais tenté, l'écriture d'un livre ne devait pas être différente de celle d'une chanson. Il fallait sans doute trouver le bon tempo et le suivre. De plus elle avait largement les moyens de s'offrir les services d'un de ces assistants littéraires qui l'aiderait dans sa tâche.

Avalone secoua la tête, comme pour chasser toutes ses idées, elle revint dans la pièce et s'assit sur le lit plus confortable que les chaises en bois autour de la table. L'obscurité était bien installée cette fois, et elle remercia la prévoyance de Perceval, qui avait allumé la torche. Il était clair, qu'elle n'y serait jamais arrivée seule.

Longtemps après, de faibles coups furent ébranlèrent la porte. Elle sursauta d'abord avant de souffler de soulagement car elle en avait assez d'être seule avec ses pensées, elle savait que c'était Perceval car lui seul aurait frappé à la porte. Quand il entra, il portait un lourd fagot de bois sec, qu'il plaça à coté de la cheminée :

Lost in a fairy taleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant