Chapitre 13

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Quelques jours avant :

Morgane était debout seule, au milieu de stèles élevées dans une vaste prairie. Ses pupilles blanches tournées vers un ciel tellement noir que la lune qui parvenait à peine à transparaitre parmi autant de noirceur. Ses longs cheveux bruns flottant dans le vent telles les ailes d'un corbeau. Elle semblait fixer un point invisible perdu dans l'immensité de la nuit.

Lentement, le sourire qui étiraient auparavant ses lèvres pleines, disparut et fut remplacé par un rictus de colère et de frustration. Elle continua pendant encore de longues secondes à scruter le ciel les yeux révulsés, puis elle finit par rabaisser la tête, en poussant un cri de colère, qui se dispersa dans le vent.

Elle se retourna brusquement, faisant claquer les pans de sa longue robe d'un blanc ivoire, et se mit à marcher vers une sorte de trône qui était apparu soudainement au milieu du lieu du rite. Petit à petit la vaste prairie et les stèles s'effacèrent faisant place à une vaste salle dont les murs en pierre grise s'élevaient très haut et supportaient un large dôme en verre transparent qui laissait apparaitre le ciel.

La salle était éclairée par des flambeaux, mais aussi par de nombreuses lucioles qui voletaient dans la salle. Contrairement à Camelot dont les murs étaient ornés de rideaux et de tapis, ici il n'y en avait pas. Seules de hautes plantes grimpantes tapissaient les murs

Le trône sur lequel elle s'assit était un magnifique et antique ouvrage en or richement ciselé, avec des bras ajourés et un dossier haut se terminant par un dais au centre duquel brillait un immense saphir.

L'intérieur du trône était tapissé de velours, sur lequel Morgane se laissa aller langoureusement. Un pli soucieux rapprochait tellement ses sourcils noirs et abondamment fournis, que ceux-ci semblaient former un trait unique.

Elle avait beau se torturer les méninges, elle ne parvenait pas à comprendre ce qui venait de se passer. Sa magie avait toujours été infaillible, malgré les nombreuses interférences de Merlin. Mais lui-même ne pouvait aller contre le flux originel qui lui conférait sa magie. Merlin, Viviane et elle-même Grande prêtresse de l'ancienne religion tiraient leurs forces de ce flux, même si sa magie à elle était bien moins avancée que celle de ces prédécesseurs.

Et pourtant, un incident sans précédent venait de se produire. Morgane avait toujours été capable de lire dans le flux, ce qui lui permettait de voir certains événements avant qu'ils ne produisent, un peu comme Merlin dont le savoir prophétique était sans précédent. Cependant ce soir un pan de l'avenir venait de lui être obscurci. Et cette magie ne portait pas l'empreinte de Merlin.

Ce qui troublait encore plus Morgane, c'est qu'en réalité elle ne percevait l'empreinte d'aucun des mages qu'elle connaissait, ni d'aucun autre d'ailleurs, car le flux ne portait aucune perturbation. Il continuait toujours de suivre son cours normal mais c'était comme si quelqu'un venait brusquement de placer sa main sur ses yeux.

Morgane se mordit les lèvres jusqu'au sang. Cela perturbait hautement ses plans. Merlin était derrière cela, d'une manière ou d'une autre, il fallait absolument qu'elle sache ce que cette vieille relique lubrique manigançait.

- Elaine ! appela-t-elle impatiemment, Morgause !

- Oui ma sœur, répondit une douce voix tandis qu'une femme apparaissait dans une brume qui se dissipait au fur et à mesure que sa silhouette se précisait, vous m'avez appelée ?

- Et moi également ma sœur ? fit une autre voix toute aussi douce.

Elaine apparue en premier, suivi de près par sa sœur Morgause. Les deux jeunes femmes étaient identiques comme deux gouttes d'eau. Elles portaient leurs longs cheveux châtains en une lourde tresse parsemées de fleurs. Une couronne de tiges tressées trônait au sommet de leur tête.

Lost in a fairy taleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant