Chapitre 43

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Cela faisait trois jours maintenant, qu'Arthur avait quitté Camelot, sous une pluie de fleurs et d'acclamation de ses sujets. Pour cette occasion il avait délaissé les armoiries familiales, et portait une tunique avec une croix peinte dessus. Pour une raison qu'il ne comprenait, il avait l'intuition que cette bataille serait déterminante pour la lutte contre l'ancien culte.

Inquiet, il écoutait le rapport que lui faisait l'un de ses espions, et les nouvelles dont il était porteur n'étaient pas excellentes. Il semblait que tous ses ennemis et ceux de sa lignée, se soient regroupés sous la bannière de Vortimer : les saxons, de même que Vortimer et certains francs qui souhaitaient sa chute. De plus il venait d'apprendre que son demi-frère, Mordred, s'était également joint à la coalition et avait pris la tête de certains seigneurs demeurés fidèles au serment prêté à Gorlois. Ensemble, ils étaient à la tête d'une armée grosse de 4000 hommes.

Arthur avait envoyé un messager à ses seigneurs vassaux, de même qu'au Roi Léodagan, le père de la reine Guenièvre. Celui-ci lui avait promis d'envoyer 1000 guerriers, et grâce à son soutien, Arthur avait l'avantage du nombre, en se retrouvant à la tête de 7000 hommes, qu'il devait cependant répartir entre la capitale du royaume et le front. Avalone avait eu raison de l'avoir empêché de se venger de la Reine, autrement, il aurait été embarassé.

Il avait laissé un bataillon de 1000 hommes fidèles à Camelot, demeurer autour de la capitale pour en assurer la protection. Il comptait garder 1000 autres hommes en réserve et le gros des troupes se dirigera vers le champ de bataille. Mais en commandant accompli, Arthur savait que l'avantage numéraire ne garantissait pas la victoire. De plus l'ennemi disposait d'un appui non négligeable, en la personne de Mordred, et de celui auquel il s'était allié, qui devait disposer de très grands pouvoirs.

Lui-même pouvait compter sur Merlin, même si celui-ci était introuvable depuis ces trois derniers jours. Sa présence d'habitude, galvanisait les troupes, mais là même s'il ne ressentait pas encore l'inquiétude de ses soldats, il savait que celle-ci ne tarderait pas à poindre tôt ou tard. Où était donc parti Merlin. Ce dernier avait une attitude des plus étranges depuis l'arrivée de Dame Avalone à la cour, il avait commencé par dissimuler des informations cruciales à Arthur, et maintenant il disparait à la veille d'une bataille. Quelque chose était entrain de se produire.

Perdu dans ses pensées, il ne remarqua pas que le soldat avait fini son exposé, avant d'entendre Gauvain le congédier. Ce dernier avait rejoins les troupes le matin même après avoir raccompagné Lancelot au port, où il devait embarquer sur un bateau qui allait le ramener dans l'ancien royaume de Benoic. Arthur arrêta soudainement ses pensées dérivantes, le moment n'était pas choisi pour se plonger dans la mélancolie. Lancelot et Merlin étaient des alliés de poids, mais ils n'étaient pas les seuls à manquer à l'appel : Perceval avait également disparut, toujours à cause de cette femme. Pourquoi tout revenait sans cesse à elle ?

Heureusement encore Arthur pouvait compter sur le reste de ses loyaux chevaliers, à commencer par Gauvain qui valait à lui seul, tout un bataillon. Au loin le tonnerre gronda, le ciel était de la même humeur morose que celle du Roi. Ils devaient lever le camp le lendemain, ce qui sera difficile si jamais il se mettait à pleuvoir. Il devait progresser rapidement et empêcher à l'ennemi de s'avancer encore dans les terres.

Loin de là, sur le site mystérieux des pierres suspendues, Merlin était assis en tailleur, les yeux révulsés vers le ciel. Le point qu'il observait perdu dans le lointain, semblait être le point de départ d'un violent orage, car de nombreux et lourds nuages tournoyaient au dessus de sa tête avant de se lancer à la conquête de l'azur du ciel.

C'était un lieu unique sur lequel s'élevaient des pierres mégalithiques qui se répartissaient en cercle. Beaucoup de rumeurs circulaient au sujet de ce site, mais la plus persistante en faisait un le lieu qui faisait communiquer ce monde à celui des morts ou des anciennes divinités, les versions variaient.

Quand ses iris ambrés regagnèrent leur place, un sourire joyeux éclaira son visage. Après trois jours et trois nuits successives passés dans cette position, il venait enfin de trouver ! Merlin se laissa mollement retomber sur le sol et éclata d'un rire joyeux.

Lost in a fairy taleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant