Chapitre 58

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Avalone avait pleuré toute la nuit, complètement abattue d'avoir échoué si près du but. Elle s'en voulait, convaincue d'avoir fait une chose de travers, persuadée qu'elle aurait pu se montrer plus persuasive. Peu avant l'aube, elle s'était finalement assoupie.

C'est l'agitation grandissant dans le camp qui la tira de sa torpeur. Elle refusa d'abord de sortir de la tente, et de voir Arthur aller vers une mort certaine. Elle resta ainsi prostrée pendant un long moment, en écoutant les bruits et les cris, puis n'y tenant plus, elle se rua hors de la tente.

La scène qui s'offrait à elle lui fit monter la bile aux lèvres, et elle se soulagea juste à côté de la tente d'Arthur. Mais personne ne prêta attention à elle : en effet le soleil venait à peine de se lever que déjà les premiers blessés arrivaient dans un flux croissant.

Certains, grièvement blessés étaient transportés du champ de batailles sur des charrettes, d'autres arrivaient en claudiquant, marchant seul ou en se soutenant mutuellement. Tous se dirigeaient vers le centre du camp ou une tente avait été dressée.

Se reprenant soudain, Avalone décida d'aider aux soins des blesser, si elle n'avait pu empêcher Arthur de se faire tuer, au moins, elle empêcherait d'autres personne de mourir par manque de soin.

En arrivant, elle manqua encore une fois de vomir, et l'aurait même certainement fait s'il lui été resté encore quelque chose dans l'estomac : l'odeur du sang et la vue de corps, mutilés et déchiquetés étaient intenable. Les mires, qui étaient les médecins d'autrefois, s'afféraient autour des nombreux blessés.

La pensée que l'un d'eux pourrait même être Arthur arracha un frisson à Avalone, mais elle chassa vite cette pensée lugubre. Arthur n'était pas du genre à se laisser abattre aussi vite ni aussi facilement. Il causerait surement de nombreux dégâts à l'armée ennemie avant de rendre son dernier souffle. Quelque peu rassurée par cette pensée, elle se précipita sous la tente pour leur prêter main forte.

Avalone passa toute la journée à aider à soigner les malades. Beaucoup dont les blessures étaient trop graves trépassèrent sous ces yeux, mais elle aida aussi à sauver de nombreux autres. Elle assista à de nombreuses opérations chirurgicales qui se pratiquaient sans aucune forme d'anesthésie. Sous l'effet de la douleur, les patients les plus chanceux s'évanouissaient durant le processus, tandis que l'air se remplissait des hurlements des hurlements des moins chanceux.

Elle pensa que beaucoup auraient pu mieux s'en tirer si ce monde avait pu bénéficier des technologies de celui d'où elle venait.

A la fin de la journée, alors qu'elle sortait respirer un peu d'air frais, sous l'effet de la fatigue, de la faim et des nombreuses émotions qu'elle avait traversée, Avalone s'évanouit. Quand elle revint à elle, elle était étendue sur quelque chose de doux et de moelleux. En se relevant, elle vit qu'elle se trouvait sous la tente du roi Arthur, précisément sur ses fourrures :

- Vous êtes enfin réveillée, fit une vois à côté d'elle, je commençais à m'inquiéter.

En se relevant, Avalone vit Agravain, assis sur l'une des chaises autour de la table. Il semblait encore plus épuisé qu'elle et s'était débarrassé de son armure, et sa tunique était encore tâchée de sang. Il y avait à coté de lui une corbeille de fruits, une miche de pain et un pichet de vin. Il en versa un peu à Avalone :

- Tenez, cela vous fera du bien, lui dit-il en lui présentant la coupe.

Avalone s'exécuta, et immédiatement après, son visage reprit quelques couleurs. Elle le remercia chaleureusement :

- Vous avez été très brave jeune dame.

Il lui apprit alors qu'aucune femme n'avait jamais été autorisée à pratiquer ce type d'activité et qu'elle avait été la première à sa connaissance à l'avoir fait. Il lui parla longuement en prenant de temps à autre une coupe de vin et Avalone se douta que c'était plus pour se vider l'esprit de toutes les atrocités qu'il avait vues aussi.

A la fin, il se leva pour se retirer en lui recommandant de manger les fruits qu'il avait spécialement faits amenés pour elle :

- J'ai supposé que cela était préférable à du gibier. Car pour ma part, je crois que j'ai vu assez de chair aujourd'hui pour pouvoir m'en passer pour le restant de mon existence, ajouta-t-il avec un sourire.

- Je vous serais à jamais reconnaissante, le remercia Avalone en lui rendant son sourire. Vous êtes bon d'avoir pris soin de moi.

- Avant de quitter le camp, le Roi a donné des instructions fermes vous concernant Madame, lui avoua le chevalier.

Cette remarque tira Avalone de sa torpeur :

- Le Roi, cria-t-elle presque, où est-il allé ?

- Vous n'êtes donc pas informée ? Le Roi est parti très tard hier accompagné de quelques hommes. Il semblerait que ce fourbe de Vortimer ait envoyé un bataillon prendre Camelot pendant qu'il occupe le Roi ici. Mais grâce au ciel sa duplicité a été révélée et le Roi est allé en personne combattre le diable qui dirige ce groupe, ajouta le chevalier en se signant.

- Où est-il allé, haleta-t-elle en reprenant espoir.

- D'après ce que nous en savons, les deux armées devraient se rencontrer aux environs de Camlann, l'informa-t-il. Si vous le permettez Madame, je dois m'enquérir de la suite des combats.

Agravain sortit de la tente en claudiquant.

Camlann, ce nom pesait comme une malédiction dont il était impossible de se défaire. Le désespoir envahit encore Avalone, rien qu'en s'imaginant qu'avant même de mourir, Arthur allait se retrouver dans le même état que les pauvres hommes qu'elle avait aidé à soigner, toute la journée. Elle eut encore envie de vomir.

Ses pensées voguèrent directement vers la seule personne capable de lui apporter un peu de réconfort et son corps fut empli par l'envie de revoir Perceval, sa présence lui manquait, et ses paroles réconfortantes encore plus. Le vide qui semblait habiter son cœur depuis qu'ils avaient été séparés, grandissait un peu plus à chaque seconde. Comment était-il possible qu'une personne vous manque à ce point.

- Que diable se passe-t-il encore, jura soudain une voix familière, qu'est-ce que... par tous les saints ! Avalone est-ce bien toi?

Avalone s'était redressé au son de la voix, elle fut ahurie de voir Perceval se tenir au milieu de la pièce. Sans se demander comment ce miracle était possible, elle se précipita vers lui pour le prendre dans ses bras. Mais à ce moment, au lieu de sentir la chaleur du corps de l'ancien chevalier, Avalone le traversa. Pourtant il se tenait bien devant elle ? elle crut souffrir d'hallucination :

- Perceval est-ce bien toi, bégailla-t-elle, pourquoi je n'arrive pas à te toucher ? ne me dis pas que tu es mort et que c'est ton fantôme que je vois !

Perceval éclata de ce même rire franc qu'elle lui connaissait, et ce son la réconforta :

- Ne m'enterre donc pas aussi facilement, je crois avoir deviner ce qui se passe, la rassura-t-il. Il me semble que nous partageons une sorte de lien qui s'est renforcé depuis peu...depuis que...

Il rougit et ne put terminer sa phrase. Avalone rougit aussi puis sourit, car elle-même avait encore du mal à se faire à ce qui venait de leur arriver.

En fan accomplie de romans et films portant sur la magie et le surnaturel, elle comprenait ce qu'il voulait lui dire. Ce lien lui avait bien fait traverser le temps et les mondes, pourquoi ne pourrait-il pas leur permettre de communiquer par projection astrale.

Lost in a fairy taleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant