Chapitre 21

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Cette nuit-là, Vortimer avait du mal à trouver le sommeil. Il était assis à sa table, et à la lueur des flambeaux, revoyait une dixième fois, le plan qu'ils avaient mis en place pour prendre Camelot. Il ne fallait négliger aucun détail, car l'adversaire qu'ils s'apprêtaient à affronter était redoutable. Si ce n'était sa haine pour Uther et sa descendance, il en viendrait presque à admirer Arthur car ce qu'il avait accompli Albion était indéniable. Il s'assurera de poursuivre son œuvre.

Un coup de vent passa, faisant vaciller les flammes des flambeaux, et plongeant presque la pièce dans l'obscurité.

-        Bien le bonsoir Messire, fit une voix, faisant bondir Vortimer.

Il fit tomber son siège en se levant brusquement et se saisit de son épée, qu'il tira rapidement hors du fourreau. Il n'était plus seul dans la pièce car à ses côtés se tenaient maintenant une femme et un jeune homme.

La femme était fort belle. Elle avait de longs cheveux bruns qui faisaient ressortir sa parfaite peau d'albâtre. De grands yeux noirs mangeaient la moitié de son visage mutin. Elle portait une longue robe blanche, et une lourde ceinture en or enserrait sa taille de guêpe. Un léger sourire étirait ses lèvres pleines. Vortimer était persuadé d'avoir affaire à une apparition, tellement ses yeux n'avaient jamais pu contempler une telle beauté.

Le jeune quant à lui était revêtu d'une armure qui était entièrement en or. Il semblait un peu plus âgé qu'Arthur mais moins que Vortimer. Il était grand et très bien bâti et avait l'air d'un guerrier accompli. Il avait la main sur la garde de son épée et observait Vortimer comme s'il n'attendait qu'un ordre pour se jeter sur lui.

-        Qui va là, leur intima Vortimer, qui vous envoie et comment avez-vous pénétré dans cette pièce ?

-        Eh bien Messire Vortimer, continua la femme de sa voix mélodieuse, c'est d'affaire que nous venons vous entretenir, et personne ne nous envoie. Par contre nous venons bien vous rencontrer.

-        Qui êtes-vous, redemanda-t-il ?

-        Je me nomme Morgane, grande prêtresse de l'ancien culte, et ce chevalier est votre seule chance de battre Arthur.

-        Ancien culte dîtes-vous ? tonna Vortimer. Je suis un fervent chrétien, je ne crois pas en toute cette diablerie. Repartez d'où vous venez, et je vous promets de ne pas vous enfiler de mon épée.

A cette menace, une lueur sadique passa dans les yeux du jeune homme, qui commença à sortir son épée de son fourreau. Sa haine était telle qu'elle enlaidissait les traits parfaits de son visage. Un sourire tout aussi mauvais courait sur ses lèvres.

La malignité transpirait de tout son être, arrachant presque un frisson d'horreur à Vortimer. Celui-ci tint bon, il resserra son emprise sur son épée, et se campa solidement sur ses jambes. S'il devait trépasser ce soir soit, mais il ne se laissera pas emporter aussi facilement par ces êtres démoniaques.

La remarque de Vortimer avait légèrement agacé Morgane. Elle détestait cet amalgame que les humains faisaient entre l'ancienne religion et le satanisme qui étaient deux choses opposées. De plus tout comme les humains, ses sœurs et elles, de même que toutes les créatures magiques redoutaient tout ce qui avait trait à l'enfer et au monde des ténèbres.

L'ancien culte était l'adoration des êtres anciens qui se traduisait aussi par un respect profond de la nature et de la vie. Tous les magiciens tiraient leur force des éléments de la nature et leur pouvoir croissait au moment des phénomènes tels que les éclipses, la pleine lune, et certains alignements planétaires.

Elle avait cependant besoin de Vortimer, alors elle  passa alors sa main sur le bras de son compagnon pour l'arrêter. Le sortilège qu'elles avaient lancé était plus puissant qu'elle ne s'y attendait, et aussi la malfaisance soudaine de son compagnon lui faisait aussi peur. Cela lui déchira le cœur de le voir dans cet état. Au bout de quelques secondes cependant, celui-ci sembla se calmer :

-        Nous ne venons pas provoquer un affrontement Messire, ajouta-t-elle d'une voix douce, au contraire nous venons vous prêter main forte. Vous savez qu'Arthur dispose d'un magicien à ses côtés, le même qui autrefois a permis à Uther de triompher de votre père. Si nous sommes venus ici ce soir, c'est pour vous aider et rétablir un certain équilibre dans cette bataille.

Sans pour autant baisser sa garde, ni quitter le chevalier des yeux, Vortimer écouta plus attentivement. Il était vrai que la présence de Merlin aux côtés d'Arthur le préoccupait énormément, c'était en vérité le seul problème qu'il n'arrivait pas à solutionner. Même si cet enchanteur n'avait jamais pris part aux batailles que livrait Arthur, Vortimer était convaincu que ce dernier devait bénéficier de ses sortilèges de protection. Mais était-il prêt à vendre son âme au diable, ou à ses émissaires pour parvenir à le contrer?

Morgane semblait lire ce qui se passait dans son esprit car elle reprit :

-        Nous ne venons pas vous proposer de pactiser avec le diable, mais vous proposer une alliance, car nous visons le même objectif. Pour des raisons qui nous sont propres nous voulons tout comme vous renverser Arthur. nous n'avons aucune prétention sur le trône, mais uniquement rétablir une injustice.

-        Comment comptez-vous procéder ? demanda Vortimer.

Un sourire envoutant étira les lèvres de Morgane :

-        Tout d'abord, commença-t-elle, il faudrait que vous consentiez à diviser vos forces en deux. Evidement vous dirigerez les troupes principales et confierez le commandement des secondes troupes à qui bon vous semble. Notre seule condition est d'inclure mon compagnon ici présent en tant que soldat, dans le second bataillon.

Vortimer baissa enfin son épée. Il redressa son siège et s'y assis de manière à voir ses deux invités impromptus.  Morgane prit un siège en face de lui, et son compagnon se plaça à ses côtés :

-        Nous allons reprendre cette conversation depuis le début. Je me nomme Morgane, et avec mes sœurs nous sommes les prêtresses de l'ancien culte. Permettez-moi de vous présenter mon fils, Messire Mordred. C'est la seule personne en ce monde capable d'affronter Arthur et sa légendaire épée. Pour ce qui concerner Merlin, j'en ferai mon affaire.

Lost in a fairy taleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant