Chapitre 61

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Tous les combats cessèrent sitôt que les soldats, ennemis comme alliés, virent un dragon tournoyer dans le ciel. Lancelot, qui avait vu la scène finale, se précipita vers Arthur en criant, sans prêter attention au miracle qui se déroulait devant ses yeux. Quand il arriva au niveau d'Arthur celui-ci était tombé à genoux après avoir retiré de son torse, l'épée démoniaque dont la lame était brisée et un morceau demeurait encore dans sa chair. Lancelot le tint fermement et délicatement, essaya de l'allonger sur le sol.

Ce fut à ce moment que le dragon se posa à proximité d'eux, soulevant un nuage de poussière. Arthur pensant être l'objet d'une hallucination, cru avoir devant lui le dragon ancestrale qui avait prédit le règne de sa famille, mais aussi sa propre chute. Puis il vit Avalone descendre du dos de la bête, et se ruer vers lui.

Cette dernière traversa le champ de bataille, ignorant les soldats qui la regardaient avec des yeux ronds. A tort ou à raison, en voyant le dragon se poser, les ennemis jetèrent leurs armes à terre, croyant que les renforts de leurs adversaires étaient arrivés : tous avaient entendu les légendes sur les dragons et aucun d'eux n'avait envie de finir carboniser.

Quand elle arriva à ses côtés, Arthur était allongé et parlait à Lancelot dont le visage était inondé de larmes :

-          Le dragon, murmurait-il, remets lui l'épée ! remets lui Excalibur.

Lancelot acquiesça incapable de prononcer un mot. Avalone s'assit à ses cotés, posant délicatement la tête d'Arthur sur ses genoux. D'un pan de sa robe, elle essuya le sang qui coulait de ses lèvres. Du sang, il y en avait partout, ses mains en étaient déjà recouvertes. Quand il la reconnut, Arthur lui sourit, il leva une main, qu'elle s'empressa de saisir.

Avalone était dans un état second. Elle ne pouvait croire que ses pires craintes étaient entrain de se réaliser, elle ne pouvait croire qu'Arthur était entrain de mourir. Une boule lui enserra la poitrine, rendant douloureux chacun des battements de son cœur. Les larmes plein les yeux, elle se pencha vers lui et déposa un baiser sur ses lèvres :

- Ne m'abandonnes pas Arthur je t'en prie, supplia-t-elle, ça ne peut pas se finir comme ça ...

Elle ne pouvait croire qu'elle était arrivée trop tard, car même dans la légende, Arthur n'était pas réellement mort, cela dépendait de l'interprétation. Elle y avait réfléchi pendant son voyage sur le dos de Nimué. Dans tous les livres qu'elle avait lu, il était dit qu'Arthur mortellement blessé, fut conduit à Avalon, où il fut plongé dans le sommeil en attendant de récupérer de ses blessures.

« [...] Le Roi partit le monde plongea dans la douleur. A Ygnis Affalon sera sa demeure éternelle jusqu'à ce qu'il revienne guider l'humanité vers la lumière »

-          Nimué, cria-t-elle au Dragon. Peux-tu l'aider ?

La dragonne se rapprocha :

-          La lame qui l'a blessé est démoniaque, communiqua-t-elle à Avalone toujours par télépathie, ma magie n'y peut hélas rien. Le morceau qui s'est logé dans sa poitrine progresse vers son cœur à chaque battement.

-          Avalon ! tu ne peux pas l'y conduire ? hurla Avalone

-          Malgré ses très grands pouvoirs, Arthur est humain, si l'île aux pommiers est un refuge pour les créatures magiques, pour lui, elle sera comme les limbes où son âme sera éternellement prisonnière. Il sera condamné à y errer éternellement, n'appartenant ni au monde des vivants, ni à celui des morts...

Avalone resserra sa poigne sur la main d'Arthur. Son cœur battait à tout rompre mais le souffle lui manquait. Cela ne pouvait être vrai :

-          Avalone, continua Nimué avec tendresse, il a accompli sa mission, laisse-le aller en paix. Laisse-le gagner le paradis des héros.

Lost in a fairy taleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant