Partie 3 INTIME Ch. 16 "Au-delà des rideaux" (2)

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Corinne revient avec le flacon d'huile d'amande douce. Avoir visité mon armoire de soin et d'hygiène ne semble pas la gêner. Je découvre un autre visage de mon obsession vivante ; après la Corinne timide, la furibarde, voilà que la placide se montre, celle qui encaisse les plaintes des mauvais payeurs sans sourciller.

—Je suppose que celle-ci convient ?

J'acquiesce et tends la main, mais elle ne me la passe pas. Ses paupières sont abaissées, dirigeant son regard vers mes jambes plutôt que mon expression surprise. Elle dépose le flacon près de mon verre, pour défaire mes lacets.

—Corinne, tu... ?

—Je te mets à l'aise.

Hm ! OK. Economie d'efforts oblige, je la laisse faire. Elle vire mes chaussures et chaussettes. Je l'imaginais s'en tenir là, mais non : elle replie le bas de mon pantalon petit à petit, sans me jeter un œil. Concentrée sur sa tâche, telle une vendeuse de porcelaine, elle ne voit rien de mes émotions. C'est ce que je crois ? Elle est sérieuse ?

—Tu ne vas pas faire ce massage à ma place, quand même ! Je vais m'en occuper.

—Tututut, pas de galanterie, j'ai dit, gronde-t-elle d'un index levé, toujours sans me regarder. Toi, tu dois te détendre et rester allongé. J'irai doucement, promis. Tu me fais une petite place ?

Dans un soupir de vaincu, je m'empare des coussins et les cale tous dans mon dos, de façon à reculer mon bassin et finir presque assis. Je ferme ensuite les yeux sans rien ajouter, un peu assommé par le médicament qui commence à faire effet. Soudain, je grimace : elle plie trop de tissus près de mes genoux agonisants. Je la sens insister, puis...

—Désolé, Mike... je pensais pouvoir remonter jusqu'aux cuisses, mais ça coince. Faut l'enlever.

Je rouvre les paupières d'un coup et manque de glapir. Elle veut me foutre en boxer et me masser ? Bordel, je n'aurai plus deux jambes raides, mais trois ! Quelle folle ! Après, elle me dira qu'elle ne veut pas voir le loup, j'en suis persuadé. Je me soulève docilement à la force des bras, le temps qu'elle abaisse mon pantalon, puis fais mine d'être gêné par un coussin pour le poser sur mes cuisses et mon ventre, avec tout ce qu'il y aurait entre de potentiellement compromettant. Corinne se replace, elle rectifie l'enfoncement de ses belles et larges fesses dans le canapé moelleux. Elle est de nouveau pleine de sérieux et concentrée sur mes doigts de pied en éventail. La honte me saisit, j'en rougis, je parie.

Ses petites mains sur ma peau commencent à enduire ma cheville d'huile. Pendant ce temps, j'ai une vue plongeante sur son grain de beauté et... plus bas, aussi. Je déglutis, à la fois envoûté et gêné d'être soigné le jour où je tenais à m'occuper d'elle. Et j'ai failli.

—Corinne, chevroté-je malgré moi, bon sang, tu... tu n'es pas obligée, je... écoute, t'as pas à faire ça.

—Oh si ! Tes jambes sont dures comme de la pierre !

Merde, il n'y a pas qu'elles qui seront dures si tu poursuis cette torture délicieuse sous mon nez ! Je... Non, il vaut mieux que je referme les paupières. Mais j'ai beau m'affaler sur les coussins, inspirer longuement pour me détendre, je ne peux que la sentir palper ma chair avec une douceur accompagnée de gestes précis. Tous les détails de son toucher perfectionniste me parviennent, toute la passion qu'elle place dans sa tâche fait gonfler la mienne. Et quand elle monte ses doigts agiles, centimètre par centimètre, je contiens mon irrégularité de souffle. Un gémissement discret quitte mes lèvres, mais elle doit le prendre comme un signe de douleur. Cela dit, n'en est-ce pas une, sinon la pire, de ne pouvoir lui adresser mon envie d'elle ?

Mon regard sur toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant