Corinne :
Au retour, je vérifie si Mike dort encore, puis enclenche la machine à café. Je vois dans son semainier qu'il doit prendre une pastille ce matin. Je passe bien dix minutes à trouver le plateau, les tasses, le thermos... J'accompagne le tout de croissants achetés sur le retour. Une fois dans la chambre, je pose ça sur la table de nuit. Retenant un gloussement, je retire mes habits et me glisse sous la couette. J'ai rarement pu dormir avec des partenaires, mais j'ai toujours trouvé que le sommeil embellissait les hommes. C'est là qu'apparait leur expression la plus naturelle, sans plissure et sans fierté. Enfin, quand ils ne souffrent pas en dormant. Il me faisait de la peine, hier soir, est-ce toujours ainsi ? N'a-t-il jamais droit à la paix ? « Mais toi, tu es ma plage. » « Quand tu es près de moi, je me sens plus détendu. » Je me mets discrètement contre lui, jusqu'à ce que son souffle profond ricoche contre mon front. En silence, je guette le moment où tout va chavirer, celui où ses paupières s'ouvriront sur ses iris inoubliables. J'ai un sourire espiègle qui refuse de quitter mon visage, alors qu'il ne lui avait plus rendu visite depuis longtemps. Enfin, un grognement retentit, des étirements, puis les yeux que je fixe s'ouvrent bien. En grand.
— Corinne ? Tu... tu ne travaillais pas aujourd'hui ?
— Tu as oublié un détail... j'avais des jours de congé en stock. Bonjour, chéri.
Mes deux derniers mots chassent ses restes de surprise et font naitre une joie commune : celle de joindre nos lèvres. Mes mains parcourent sa peau et ses cheveux, gonflant nos envies. Je sais qu'il se remet de sa rude journée de la veille, mais j'ai prévu le coup. Il gémit contre ma bouche, j'aspire sa langue, passe les ongles sur sa nuque, je fais tout pour qu'à un moment il s'écarte dans une supplique qui sent bon l'impuissance.
— Ne me torture pas, je ne pourrai pas te faire l'amour aujourd'hui.
— Aucun souci. J'ai une dette orgasmique à te régler et elle fonctionnera très bien sur un corps allongé.
Ses paupières disparaissent et je ne saurais dire s'il s'agit de stupéfaction ou de fascination. Pour une fois que je lui rabats son caquet caustique ! Je glisse ma main sous son caleçon et ma tête sous la couette. Il n'a plus de vue que sur mes fesses, tandis que le reste côtoie son corps jusqu'au bout du gland. Ses bras chutent sur le tissu dans un râle.
— Oh bordel, je retire ce que j'ai dit, torture-moi autant que tu veux.
Il l'a soufflé d'une traite et je pouffe, alors que ma langue le parcourt. Dès qu'il est à point, je lui fais profiter du bain chaud de ma bouche. Il tente bien de poser une main sur ma fesse, mais j'éloigne mon gros derrière de ses prises.
— Non noon...
— Alleeez, file-moi ce cul ! Il me nargue depuis tout à l'heure !
Sa réplique a été balancée comme si je refusais de lui passer le sel et je ne peux retenir un rire étouffé par son membre. Je lui résiste, continuant de pourlécher, ses paroles frustrées m'amusent.
— Passe-le-moi, j'te dis ! J'ai envie de te le bouffer, mais à un point !
Je glousse de plus belle, je ne vais plus parvenir à le faire durcir s'il continue. Mais il me dément dans un sifflement.
— Te fous pas de moi. Même si ce vibrato est très efficace, j'avoue.
Je vais encore devoir lâcher prise pour rappeler qui mène les opérations. C'est ma vengeance.
— Non, c'est à ton tour de subir sans broncher, et si tu continues d'en vouloir à mes fesses, je vais quitter ce lit illico.
Il tapote la plus proche en lâchant ;
— Désolé, les filles, votre propriétaire ne veut pas que je vous flatte.
J'éloigne la source de tentation en ricanant et me mets face à lui, la tête entre ses jambes. Je soulève la couette, car je veux qu'il me voie, la bouche au bord de son sexe, prête à lui faire perdre la tête. Je lui jette avec fierté :
— Et maintenant, Renard, vous allez vous taire.
Mes lèvres autour de son gland lui font perdre son sourire. Comme lui, je ne détache pas mon regard du sien en lui procurant du plaisir, j'observe toute sa déchéance avec délectation. Il est hypnotisé par ma tête qui dodeline, ses « oh » faibles ponctuent seuls sa respiration saccadée, pendant que je le sens enfler. Je veille à ce qu'il me regarde autant qu'il ne me sente passer mes ongles sur son pubis. Malgré une raideur visible au bras, il dévie lentement sa main jusqu'au sommet de mon crâne, non pour m'y pousser, mais pour l'effleurer d'une caresse. Puis sa nuque cède et il retombe sur son oreiller dans un geignement de vaincu. Ponctué d'un « ah putain de bordel », son gémissement devient râle, ses doigts agrippent ma chevelure sans contrôle. J'accélère, enhardie par la flopée d'indices en ma faveur.
— Oh tu vas m'achever... Corinne... Je-... je viens !
Ses prises s'affermissent et je sens l'ultime volume venir avant de me bouger in extremis. La musique de son cri rauque est douce à mon oreille. Il me lâche, son essoufflement résonne dans toute la chambre, alors qu'il git là, les bras en croix et les paupières closes, sans se préoccuper du sperme sur son ventre. Je me rassois pour le contempler, décidée à ne pas rompre le silence en premier. Il récupère son sourire.
— Je crois que je rêve encore, en fait.
Je m'allonge et attends qu'il me regarde dans mon plus simple appareil, pour lui répondre :
— Alors ce rêve risque de durer encore longtemps.
Il se penche pour happer mon tronc d'un bras vif et se jette sur mes tétons. Un frisson descend de mon échine à vitesse grand V et la température grimpe tout aussi rapidement en moi, dessous mon « Ehhh » de protestation.
— Ahah, tu as dit pas les fesses, t'as pas parlé des seins.
— Je n'arriverai jamais à t'éduquer, fichue bête sauvage, le raillai-je entre deux cris contenus.
Mais il n'a pas tort, tout cela ressemble bien à un rêve. Un rêve qui dure, et dure encore...
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Mon regard sur toi
RomanceCorinne Leclerq a 30 ans et mène une vie... Enfin, elle mène une vie. Elle travaille, rentre, dort. Un couple, un crédit hypothécaire ? Il n'en est rien. Corinne a sa chatte Cristie, un studio, point. C'est ainsi, quand personne ne nous remarque, sa...