Et là, je me perds, je m'éparpille de l'intérieur et ma carcasse devient une bombe dont la mèche rétrécit à chacun des va-et-vient de ses fesses sur les miennes.
— Mike !
Mon cri se meurt sur sa main qui me bâillonne. Le reste de ses doigts excitent la source de mes perditions pour m'égarer davantage. Je n'ai plus que son prénom comme repère...
— Mike !
— Je t'aime...
Et ses murmures comme phare. Mon cœur est comblé pour ses aveux, mon corps par ses allées et venues profondes, et quand il parvient à harmoniser les deux, la mèche se réduit encore plus vite.
— Je t'aime...
Encore plus !
— Je t'aime.
— Encore, supplié-je contre sa paume.
— Je t'aime ! Je t'aime ! JE T'AIME !
Son rythme plus rapide annonce son propre envol. Puis j'explose dans les nuages avec lui.
— MIKE ! crié-je sous ses doigts serrés.
La fusion s'opère en moi, l'onde me transperce, je ne suis plus que cendres sous la peau, encore tièdes et frémissantes. Des soubresauts agitent mes organes pour donner un semblant de vigueur à mon corps flasque. Tous deux, nous soupirons sur nos ruines. La bombe a explosé mes derniers remparts et je sais, je sens qu'à l'instant, je me transforme. J'ai laissé Mike pénétrer dans mon monde en même temps que ma chair, comme nul autre n'a pu le faire. Et je sais pourquoi...
— Je t'aime aussi, soufflé-je entre deux halètements lorsque sa main me libère.
Il m'enserre, ne se retire pas trop vite, et je sens tout son corps être à la fois détendu et tremblant. Il ne récupère pas son souffle aussi vite que moi, ses caresses molles changent mon bien être en inquiétude. Oh non, qu'ai-je fait ? Souffre-t-il plus fort ? Dès qu'il se retire de moi, je pivote pour voir son visage. J'ai besoin d'être sûre qu'il ne s'est pas mis en danger, à cause de moi. Je ne le supporterais pas. Mais il sourit. Mille fatigues se cachent sous ses ridules, mais son regard est celui des bienheureux. Je soupire, soulagée. Il le constate et sa main vient entourer mon visage.
— T'en fais pas, murmure-t-il, je me sens juste... vidé.
Je pouffe devant son double sens osé. À mon tour, je caresse sa joue râpeuse, sans parvenir à cesser de sourire d'un air niais. Une part de moi se méfie de revivre un coup d'épée dans l'eau de mes sentiments, une autre se réjouit du vent nouveau qui vient de souffler sur ma vie, ce soir. Je choisis d'écouter l'autre et, vu son expression, Mike aussi.
— Alors ? Tu as senti la différence ? souffle-t-il avachi. Ça te fait quoi de faire l'amour pour la première fois ?
Je soupire de plaisir. Mes doigts jouent avec ses mèches, tandis que je glisse mon corps plus près du sien. Mon objectif ? Sa superbe bouche. Je n'ai pas les mots et j'aime le silence feutré, sacré, aux effluves de baise, qui s'est imposé après nos ébats. Comme pour nous laisser le temps d'encaisser toute la tempête d'émoi et ce qu'elle signifie. Dès que je penche la tête, son cou s'incline et, aux premiers picotements de son visage, ses paupières s'abaissent : il m'accueille. Nos lèvres s'entrouvrent avant de se toucher, s'accoler, se répondre les unes aux autres, ponctuant nos souffles éprouvés. Sa main vibre contre ma nuque et il grogne, sa pression me laisse deviner la phrase qui lui échappe.
— Bordel, si j'avais la forme d'antan, je me reglisserais en toi.
Un caquètement aigu résonne sous mes lèvres ? Noon... j'ai vraiment gloussé ? Je me fige avec gêne, mais il me ceinture de son bras dans un sourire entendu.
— Hélas, j'ai le tonus d'un vieillard et... très envie de... doormiiir, bâille-t-il.
Il m'embrasse plus chastement qu'au dernier contact et pose sa tête dans une ultime expiration, prêt à sombrer. Sa main m'invite d'une douce poussée à poser mon front sur son épaule. Comme si nous étions connectés, je songe à ce qu'il susurre :
— Je ne croyais pas redormir un jour contre une femme nue.
Ses lèvres se posent sur mon front.
— Bonne nuit, Corinne. Et merci.
— De quoi ? chuchoté-je tout aussi groggy.
— D'être restée.
Ces mots achèvent de me conquérir. Oui, plus que jamais, j'ai envie de rester.
VOUS LISEZ
Mon regard sur toi
RomanceCorinne Leclerq a 30 ans et mène une vie... Enfin, elle mène une vie. Elle travaille, rentre, dort. Un couple, un crédit hypothécaire ? Il n'en est rien. Corinne a sa chatte Cristie, un studio, point. C'est ainsi, quand personne ne nous remarque, sa...