Mon regard sur toi

Partie 4 : AU-DELA - Ch. 25 Vitres Gelées (fin)

Nadia nous appelle en retirant ses écouteurs, les yeux brillants.

— Mon dieu, Corinne, ne me dis pas que tu t'es emportée pour ces images, elles sont trop belles !

— Bien plus que moi, maugrée-je, le souci est plutôt dans le non-respect de ma demande.

— Et dooonc, il comptait juste en montrer quelques-unes à son prof et il éprouve une envie folle d'immortaliser ta beauté. Sérieux, tu le rejettes pour ça ? Il est dix fois plus romantique que Jules, et pourtant je ne le quitte pas.

Je pouffe devant la tête de Jules.

— Je sais pas comment je dois le prendre, lâche l'intéressé.

— P'tit chat, tu sais bien que tu te rattrapes sur d'autres choses.

— STOP ! m'écrié-je aussitôt. Pas de détails. Pitié.

Ils rient sous cape, puis Nadia rattaque :

— Il t'a envoyé des montages sur « I have nothing » de Whitney Houston, le gars il est juste grave déprimé. T'as pas répondu à sa lettre ? C'est ce qu'il met en MP.

Seigneur, c'est bien la seule personne que je laisserais voir mes MP et photos légères, mais heureusement que Mike et moi ne faisons jamais de sex chat !

— Non, j'ai répondu à rien, je voudrais qu'il se lasse.

— Tu veux mon verdict ? Il ne s'en lassera jamais. T'as encore des choses à écrire avec lui.

— Mais vous êtes qui pour me dire ça, bon sang !

Y en a marre qu'on gère mon bienêtre à ma place, c'est ma vie, pas la leur !

— Les personnes qui te connaissent le mieux, déclare Jules. T'es malheureuse maintenant et tu le seras encore dans des mois, tu veux parier ? Mais il sera trop tard à ce moment-là pour aller le retrouver la bouche en cœur, frangine. Et je suis sûr que t'auras des regrets, parce qu'au fond, tu sais bien que le problème vient de chez toi. C'est ton passé qui te freine, ça lui est retombé dessus, tu devrais essayer de ne pas tout mélanger. Ce type te vénère.

Les propos de mon frère me rappellent ceux de Mike lors de ma crise de panique. « Quand tu fais la guerrière avec moi, que tu mets des holàs, c'est une façon de combattre, non ? Je paye pour les autres... » Mon orgueil refuse d'admettre à quel point mon frère vise juste. C'est ce jour-là que j'ai décidé de prendre sur moi pour ne pas être injuste avec Mike. Et là, j'ai craqué. Devant la masse de clichés, j'ai... Oh Seigneur, je lui ai dit qu'il était le pire de tous ! C'est si horrible. Je n'aurais pas dû. Est-ce pour ça qu'il ne m'en a pas parlé ? Pour ne pas que ma souffrance ressurgisse ? Je cale mon visage entre mes mains dans un soupir épuisé. J'ai mal au crâne.

— Bien ! lâche Nadia. Ça suffit, je crois que t'as besoin de changer d'air. Jules, y a encore une séance dans vingt minutes, on l'embarque ?

— N-non non ! protesté-je, embarrassée par mon faciès sali de vieux pleurs.

— Arrête un peu, Coco, faut pas que tu restes là à macérer dans tes idées noires, affirme Jules en passant un bras autour de mes épaules. C'est une comédie romantique que je tenais à OFFRIR à ma ROMANTIQUE DE FEMME !

Sa montée de ton fait écho à la réflexion de Nadia plus tôt et nous nous esclaffons toutes les deux face à sa pique de fierté à peine déguisée.

— Non mais... c'est votre soirée en amoureux, je veux pas tenir la chandelle.

— Eh, grogne Nadia, t'as déjà transformée cette soirée en « SOS Corinne en détresse », c'est trop tard pour employer cette excuse, allez viens ! Promis, on sera sage.

— Et si, d'ici-là, tu songes à revoir Mike, peut-être que ça te donnera des idées de cadeaux, de passer entre les chalets.

C'est vrai qu'avec tout ça, je n'ai encore fait aucun achat de Noël. Je les suis, l'âme en peine. Mais être avec eux, c'est mieux que rien.

(voilà comment finit le premier chapitre de la partie 4 : AU-DELA ! C'est la dernière du récit, eh ouii, la fin arrive, doucement mais sûrement... )