Son Souffle Mortel - Tome 1 {Yoonmin}

Son souffle empoisonné

.Son souffle empoisonné.

Yoongi était dans cette pièce sombre qui empestait les détritus et qu'il pouvait reconnaître entre mille. Il était de retour dans cette salle des horreurs aux murs de barreaux. Un poids enserrait son cou et lui faisait courber l'échine. Il se rappelait encore cette sensation d'être constamment étouffé par ce collier électrique qui lui broyait les cervicales tant il était lourd. Un homme se tenait derrière les barreaux. Il lui semblait si grand et imposant, mais peut-être était-ce simplement parce qu'à l'époque il était de petite taille.

-Détache-toi.

Cette voix lui donna des frissons le long de la colonne vertébrale, elle était froide et grave. Aucune émotion ne la faisait trembler, pas de pitié ni un semblant d'empathie.

-Détache-toi, répéta à nouveau l'homme cette fois-ci d'un ton plus pressant.

Yoongi baissa difficilement la tête pour voir ses mains enchaînées à des menottes bien trop grandes et trop longues pour ses petits poignets. Il secoua la tête. Le garçon ne pouvait voir le visage plongé dans l'ombre de son père, et pourtant il savait qu'un sourire carnassier naissait sur ses lèvres. Un picotement lui titilla le cou puis la puissance augmenta jusqu'à devenir atroce et insoutenable. Le garçon tomba à terre en hurlant de douleur.

-Détache-toi, répéta la voix toujours aussi platonique.

Malgré le supplice qu'il éprouvait, il réussit dans un élan d'adrénaline à casser les menottes en éloignant ses poignets l'un de l'autre. Il avait obéi et pourtant l'homme ne semblait pas vouloir arrêter les impulsion du collier avec sa télécommande. Il le laissa encore quelques secondes se tortiller de douleur sur le sol déplorable de sa cellule.

Lorsque Yoongi put enfin respirer normalement, sa vue était déjà brouillée de larmes qui coulaient lentement sur ses joues émaciées. Il ne voulait plus obéir, il voulait vivre. Son ventre gargouilla et soudain tout devint noir. Un rideau d'obscurité avait recouvert ses yeux.

Il entendait des bruits : des cliquetis et des chuchotis. Les sons arrivaient de partout autour de lui sans qu'il puisse savoir leur provenance exacte. Sa poitrine se soulevait difficilement, compressée par une sangle qui entourait son poitrail ainsi que ses mains et ses jambes.

-Tu es ma plus belle réussite mon enfant. Personne n'est arrivé jusque là avant toi.

La voix de son père. Il tremblait de peur, qu'allait-il se passer maintenant ? Ses sens étaient brouillés mais il sentit tout de même quelque chose s'enfoncer dans son bras. D'ailleurs était-ce le gauche ou le droit ? Il était incapable de bouger, pas même le petit doigt. Un liquide glacé imprégnait petit à petit ses veines, coulant progressivement dans tout son corps. Il avait froid, il avait peur. Non c'était plus que ça, il était si terrifié qu'une boule de stress s'était formée au creux de son ventre. Impossible de bouger, de se défendre et pourtant son instinct lui hurlait de se lever et de courir aussi loin qu'il le pouvait.

-Ce n'est pas un fardeau, ne le prends pas comme tel, vois le comme une chance, un cadeau de ma part.

Quelque chose de chaud caressa doucement sa joue. Était-ce la main de son père ? Ses yeux se remplirent de larmes sous ses paupières.

-J'aurais aimé voir mon oeuvre achevée mais je ne puis, il faut que je disparaisse moi et tout mes écrits pour que jamais on ne puisse te changer. Ils voudront te guérir mais ça, je ne le permettrai pas. Personne ne doit comprendre, personne ne doit savoir.

La chaleur disparut et le silence autour de lui était devenu pesant. C'était étrange, il n'entendait plus qu'une respiration lourde plutôt loin de lui.

-Adieu... mon fils.

Une détonation, quelque chose qui s'écroule sur le sol puis plus rien. Yoongi était seul dans ce silence oppressant alors qu'il gelait sur place. Combien de temps allait-il rester ainsi ? Il ne le savait pas, il perdait peu peu la notion du temps. Et puis alors qu'il pensait qu'il allait rester ainsi jusqu'à sa mort, il réussit à bouger ses doigts, à remuer ses pieds enfin à ouvrir les yeux pour contempler la couleur grise et sale du plafond. Au prix d'un effort surhumain, Yoongi réussit finalement à se libérer des liens qui le retenaient et à s'asseoir sur l'espèce de table d'opération sur laquelle il était auparavant allongé. Sa tête tournait et c'est là qu'il le vit, avachi contre le mur, ses yeux sans vie grands ouverts, du sang qui avait coulé de son crâne pour tâcher sa chemise blanche et sa blouse. Yoongi resta des heures et des heures à regarder le cadavre de son père sans savoir quoi faire. Devait-il partir et le laisser ainsi ? Il ne le savait pas, sa vie avait toujours été dictée par ses ordres et voilà qu'il devait se débrouiller seul. Il s'apprêtait à se lever lorsqu'il remarqua soudainement une chose qui lui glaça le sang Si son père regardait précédemment le vide, maintenant il le fixait.

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Yoongi se réveilla en sueur. La lumière des lampadaires de la ville ainsi que celle de la lune éclairaient faiblement sa chambre malgré les rideaux tirés. Il rejeta les couvertures de son corps trempé alors qu'il s'asseyait sur le matelas. Il se passa la main sur le visage et essaya de calmer sa respiration sifflante. Ses souvenirs le hantaient depuis tout ce temps malgré sa nouvelle vie et ils restaient incrustés autant dans ses veines que dans son esprit.

Il leva les yeux vers sa chambre et se figea. Là, dans le coin de sa chambre, une femme le fixait, de l'encre bleue tachant ses lèvres.