Son Souffle Mortel - Tome 1 {Yoonmin}

Amitiés chuchotées

.Amitiés chuchotées.

La chambre était plongée dans une semi-obscurité. Elle était seulement éclairée par la lumière dorée des quelques lampadaires de la rue. Personne n'avait fermé les volets, et le propriétaire de cette chambre n'y accordait aucune importance. Qu'ils soient ouverts ou non lui importait si peu.

Jimin était allongé sur son lit, plongé dans un sommeil paisible. La couverture le recouvrait totalement, ne laissant dépasser que ses cheveux châtains et sa main posée sur le deuxième oreiller de son lit double. Tout était calme dans la maison, aucun son ne venait troubler son doux sommeil. Sa mère se trouvait en voyage d'affaires et sa soeur était allée dormir chez une de ses nouvelles amies pour le weekend. Jimin avait donc passé la journée seul, alternant entre son lit et le canapé du salon.  Il en avait profité pour écouter encore et encore les cours d'histoire que lui avait enregistré Yoongi. Il était obsédé par sa voix grave et rocailleuse abîmée par la cigarette. Il aimait l'entendre ricaner en se moquant des cours de la prof et pester lorsqu'il se trompait de ligne trois fois d'affilé. Il aimait entendre son souffle se répercuter contre le micro enregistreur, ses toussotements dûs aux courants d'air qui passaient par sa fenêtre ouverte.

Jimin avait passé pas mal de temps avec le garçon ces derniers mois et même s'il parlait assez peu, sa présence l'apaisait. Il se sentait protégé pendant quelques secondes avant que la réalité de son harcèlement ne refasse surface.

Le garçon commença à s'agiter dans son lit, à gémir. Des perles salées dépassèrent la barrière de ses paupières frémissantes pour couler le long de ses joues. Sa main fut prise d'un soubresaut. Le garçon commençait à se débattre sous sa couverture qui le faisait suer à grosses gouttes. Ses yeux s'ouvrirent brusquement, ne dissipant pas la noirceur qui l'oppressait. Il se redressa, la respiration entrecoupée de sanglots.

Il ramena ses genoux contre lui, y enfouit sa tête et versa toutes les larmes de son corps. Toutes les sensations lui revenaient. Tout. Les mains des garçons qui le maintenaient au sol, contre le mur, celle plaquée sur sa bouche et lui... Hyung Sik... Il se mordit la lèvre avec violence. Il entendait toujours les grognements rauques, le souffle erratique contre son cou. Il posa ses mains dessus, les marques rougeâtres, il ne savait pas si elles étaient encore là. Ses ongles rencontrèrent sa peau normalement douce et il gratta autant qu'il pouvait. Si elles étaient encore présentes alors elles devaient disparaitre sur le champ, il le fallait à tout. Ces marques lui brulaient la chaire.

Il n'arrivait pas à penser à autre chose. Il avait encore le goût du liquide visqueux qui avait dégouliné dans sa gorge et qu'on l'avait forcé d'avaler. Il avait eu beau se débattre, crier autant qu'il pouvait, il n'avait rien pu faire. Trois fois. Trois fois qu'il était impuissant, sans défense. Seul.

Ces trois fois n'étaient pas comme toutes les autres. On ne l'avait pas que frappé, on l'avait souillé, pénétré, détruit de l'intérieur. Et comme toujours, il était seul. Il était aveugle mais pour autant c'était les autres qui ne lui prêtaient pas d'attention...

Même Yoongi, son protecteur n'avait absolument rien remarqué.

Ses pleurs redoublèrent en pensant à son nouvel ami. Il avait vraiment cru que Yoongi Hyung pourrait le protéger, qu'il allait faire cesser son harcèlement du jour au lendemain. Il était si naïf. Combien de fois avait-il crié son nom ? Combien de fois l'avait-il appelé tant mentalement que oralement ? Il se sentait trahi, mais pouvait-il lui en vouloir ? Yoongi ne savait pas. Il ne savait rien parce que Jimin ne disait rien. Était-ce alors de sa faute pour ne pas oser demander de l'aide ?

Tout ce dont il était sûr, c'était que son amie l'attendait dans sa boîte et que sa petite voix l'appelait inlassablement. Elle, au moins, elle lui était fidèle, toujours là pour l'aider lorsqu'il en avait besoin. Il tâtonna dans le noir pour trouver sa table de nuit et prit la boîte qu'il ouvrit en tremblant. Il plongea la main à l'intérieur sans une once d'hésitation. Il passa outre le paquet de mouchoirs à moitié ouvert et toucha le fond de la boîte. Son coeur se compressa et ses pleurs reprirent de plus bel.