Son Souffle Mortel - Tome 1 {Yoonmin}

Petit monde friable

.Petit monde friable.

Jimin écouta une dernière fois le message qu'on lui avait envoyé avant de lâcher les mains tremblantes, son téléphone sur le tapis de la salle de bain. Il se baissa et tâtonna pour retrouver les écouteurs et son appareil. Il essayait de bloquer en posant sa main sur sa bouche, le sanglot qui lui brûlait la gorge. Jimin ne voulait pas inquiéter sa petite soeur qui attendait pour prendre la salle de bain derrière la porte. Il ouvrit un tiroir, la poignée rugueuse lui indiquait qu'il avait ouvert celui d'Aecha. Il chercha de ses mains son amie. Il retint une exclamation de douleur lorsque quelque chose de coupant passa sur son doigt. Il prit ce qu'il devina être un rasoir et le fourra dans sa poche. Il referma silencieusement le tiroir et prit une grande inspiration,  fermant les yeux. Il sortit enfin, ouvrant lentement la porte. Sa soeur le frôla, sans percevoir les tremblements qui secouaient ses épaules. Elle était au téléphone avec sa meilleure amie.

-Toi aussi, tu me manques, Jisoo ! Je vais essayer de venir à Busan pendant les vacances d'avril ! Enfin, si maman veux bi-...

Elle referma la porte derrière elle, étouffant sa voix, et Jimin se retrouva seul dans le couloir. Il s'adossa contre le mur, les mains secouées de spasmes. Il avait dû mal à tenir debout tout seul.

Depuis maintenant quelques semaines déjà, les élèves du lycée avaient son numéro de téléphone. Les soupçons de Jimin s'étaient rapidement posés sur une personne en particulier : Hyung Sik. Il avait appris par Jungkook que les délégués avaient accès aux numéros des élèves de leur classe en cas d'urgence. Hyung Sik avait dû se faire un malin plaisir à diffuser son numéro à tous ceux qui le désiraient. Maintenant, l'adolescent recevait des tonnes de messages haineux que son téléphone dictait de sa voix déshumanisée, les uns après les autres, sans que Jimin n'ait la force de l'arrêter. Il ne savait pas comment faire pour bloquer les numéros indésirables et il ne voulait pas demander de l'aide à sa mère.  Cette dernière flipperait complètement et le déscolariserait sans aucun doute sur le champ, sans même lui demander son avis. Il n'osait pas non plus demander à ses amis. Ces derniers le protégeaient déjà au lycée, ils ne pouvaient s'occuper de lui tout le temps. Il avait déjà le sentiment d'être un fardeau, alors il devait apprendre seul à encaisser. C'était son avis. Peut être aurait-il dû demander à Yoongi lorsqu'il venait encore en cours, au lieu de laisser ces messages le détruire toujours plus.

Le jeune mal-voyant s'enferma dans sa chambre et s'assit en tailleur sur le lit. Il tira sur sa couette pour qu'elle recouvre ses frêles épaules. Il alluma son téléphone et le porta près de sa bouche :

-Envoyer un message à Hyung.

"Vous voulez envoyer un message à Hyung."

-Oui.

"Après le bip sonore, dicter votre message phrase par phrase."

BIIIP

-Salut Yoongi Hyung... C'est Jimin encore une fois. Ça fait cinq jours que tu n'es pas revenu au lycée... Je voulais savoir si tu allais bien. Je m'inquiète un peu et Taehyung ne veut rien me dire de plus... répond-moi s'il te plaît. Si tu es malade j'espère que tu te rétabliras vite... Bonne nuit..

BIIIP

"Message envoyé au contact Hyung."

Il mit en veille son téléphone et se recroquevilla dans son lit. Il avait peur.. Il serra sa nouvelle amie dans sa paume. 

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Jimin fut tiré de son sommeil en pleine nuit. Quelque chose avait sonné excessivement fort près de son oreille. Il se releva rapidement et tâtonna à côté de son oreiller. Il y trouva son téléphone. Il semblerait qu'il se soit endormi avec son portable juste à côté de sa tête et le son d'une notification l'avait tiré du pays des rêves. Pour une fois qu'il ne faisait aucun cauchemar... Il alluma son téléphone, espérant que c'était son Hyung qui lui répondait, mais dès les premiers mots du message, il commença à pleurer. Les mots se plantaient tels des aiguilles dans son coeur meurtrit. Il n'en pouvait plus... Ses mains agrippèrent ses avant-bras, sentant toutes les cicatrices sous la pulpe de ses doigts. Elles le dégoûtaient autant qu'elles le rassuraient. Leur présence lui confirmait qu'il n'était pas fou, que tout cela n'était pas un rêve ou un cauchemar mais bel et bien la réalité. Qu'avait-il fait de mal pour mériter toute cette haine ? Cette question lui rongeait l'esprit depuis si longtemps.