Son Souffle Mortel - Tome 1 {Yoonmin}

Essaim mortel

.Essaim mortel.

Il faisait nuit noire. La lune se cachait derrière un rideau de nuages depuis quelques heures maintenant, empêchant les rayons de frapper la terre de sa lumière céleste. Il était tard, plus personne ne vagabondait devant les devantures des magasins fermés, plus aucune voiture ne venait déranger le sommeil des habitants de la ville.

Seule dans une ruelle éclairée par des lampadaires, une jeune femme marchait rapidement jusqu'à chez elle. Ses longs cheveux blonds volaient tel un halo de blé autour de sa tête et s'emmêlaient dans le col de son tailleur parfaitement repassé. Elle essayait d'ailleurs, d'une main distraite, de les dégager de son cou. Ce n'était pas le froid qui la faisait marcher si vite mais les messages que son fiancé lui avait envoyés dans la soirée. Elle boutonna convenablement sa veste noire et tira un peu sur sa jupe raide qui s'arrêtait à ses genoux, se maudissant, elle et sa timidité maladive, de ne pas avoir réussi à demander à son employeur la permission de rentrer chez elle avant lui. Voir les regards méprisants des autres alors qu'elle trépignait sur place face à son ordinateur l'avait fait culpabiliser.

Ses talons aiguilles claquaient sèchement sur le trottoir. Elle avait l'impression que ce petit bruit répétitif résonnait dans toute la ville, elle se sentait presque honteuse de marcher aussi peu discrètement. Serrant sa petite malette de travail contre sa cuisse, elle écrivait d'une main un message d'excuse à son fiancé. Normalement, au dîner, ils auraient dû parler de l'organisation de leur mariage, mais vu l'heure tardive, et connaissant son homme, il devait déjà être en train de dormir. Elle soupira une énième fois avant d'accélérer le pas, prenant un tournant qui l'amena jusqu'à un escalier reliant sa rue et celle sur laquelle elle marchait. Elle s'apprêtait à gravir, quand un détail la fit s'arrêter.

Tout en haut des marches était assis un homme, le visage levé vers le ciel. Il semblait chercher les étoiles au-dessus des épais nuages, une capuche noire rabattue sur la tête, plongeant son visage dans l'ombre. Il était habillé de sombre : un sweat trop large noir, surmonté d'une chemise aux carreaux gris et blancs. Les nombreuses bagues qui ornaient ses doigts, reflétant les lueurs nocturnes, créaient dans les airs de jolis scintillements argentés.

Sans doute l'avait-il entendue se figer aux premières marches, car il baissa la tête vers elle. Ses joues s'empourprèrent lorsqu'elle eut l'impression que ses yeux la fixaient sans aucune pudeur. Il souriait légèrement, le lampadaire éclairant sa mâchoire opaline et ses lèvres fines. La femme toujours en bas, ne pouvait plus détacher son regard du garçon. Il la fascinait, quelque chose en lui l'attirait irrésistiblement. Le jeune homme ressemblait à un ange déchu, dont les ailes se seraient brisées en chutant du ciel. La lumière jaune artificielle créait un halo tout autour de lui et au-dessus, des insectes nocturnes semblaient lui offrir une danse à laquelle il ne prêtait nullement attention.

Elle était hypnotisée par ses lèvres qui paraissaient si douces et si pures. La femme monta les marches une à une dans une lenteur insoutenable. Plus elle s'avançait, plus elle ressentait quelque chose d'inexplicable se former en elle à l'égard du jeune homme. Elle n'avait pas vu son visage, mais elle l'aimait déjà. Son coeur battait plus vite à mesure qu'elle avançait. Elle posa finalement sa malette avant d'enjamber les dernières marches pour s'asseoir à côté du garçon. Ils restèrent sans bouger quelques minutes, ou peut-être pas même une seconde, écoutant le souffle de l'autre. Finalement, la femme finit par se tourner vers lui. Il tendit sa main pour remettre une mèche derrière l'oreille de la femme et en profita pour appuyer sur sa nuque, approchant son visage du sien.

Oubliant toute sa timidité, elle se laissa faire. Lorsque ses lèvres effleurèrent les siennes, un frisson parcourut tout son corps. Jamais elle n'avait ressenti ça avec quelqu'un d'autre, pas même avec son fiancé. De cet inconnu, elle en était folle.

Elle l'aimait à en mourir.