2- Je te vois

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Ce contrat est la raison pour laquelle je me retrouve un vendredi, à onze heures du soir, à surveiller un immeuble d'habitations à travers la lunette de mon fusil à quelques centaines de mètres de là. Ma cible vit dans celui-ci, donc je surveille son domicile, attendant le bon moment pour appuyer sur la gâchette. J'attendais surtout qu'il rentre chez lui, ce qui ne devrait plus tarder d'après les renseignements que j'ai récoltés. Les minutes ne passent pas très vite et le sol n'est pas très confortable. Quelques inconvénients de ce métier. Je regarde à nouveau dans ma lunette, il n'est pas encore rentré, je décide donc d'observer ce qui se passe dans les autres logements.

Je parcours les fenêtres encore éclairées, un petit couple de vieux devant la télé, le papi s'est endormi, cela me tire un léger sourire. Je me demande si après toutes ces années ces deux là s'aiment encore ou s'ils sont juste restés par habitude, par peur de la solitude. Je ne crois en pas l'amour qui dure toujours, je ne crois pas en l'amour tout court en fait. C'est une perte de temps, les gens finissent toujours par se faire du mal, par se séparer.

Un homme seul qui fume une cigarette à la fenêtre, il tourne la tête en direction d'une silhouette que je vois mal. Il semble énervé contre cette personne. Elle s'approche un peu de lui, une jeune femme. Je lis de la peur sur son visage. Il se lève et la gifle violemment la faisant tomber au sol, elle recule en se tenant la joue tandis qu'il approche d'elle d'un air menaçant. Je déteste ce genre d'individu, qui se croit fort et supérieur face à quelqu'un qui ne peut pas de défendre. Mon doigt glisse sur la gâchette. Il serait tellement facile pour moi de l'arrêter dans son geste. Il ne verrait rien venir, ne comprendrait rien à ce qui lui arrive. Je souffle par le nez et retire mon doigt, ce ne sont pas mes affaires après tout.

Trois garçons dans mes âges, peut-être un peu plus jeune qui dansent dans le salon. Ils sont vraiment doués, surtout celui aux cheveux rouges. Je l'observe se mouvoir au rythme de la musique, ses gestes sont francs, précis et harmonieux. On ressent l'amour pour cet art dans ses mouvements. Son corps finement musclé par la danse bouge de façon sensuelle et gracieuse. C'est agréable à regarder. Je reporte mon attention sur le plus petit, cheveux blonds clairs, mignon avec sa petite bouille d'ange et ses traits doux. Il semble subjugué par le brun. Ce dernier est un peu plus grand, tout en muscles, très joli garçon avec un sourire charmeur.

 Je reviens au premier, celui aux cheveux rouges. Je n'avais pas encore fait attention à son visage et il est juste magnifique. Je reste bloqué sur lui, sur ses traits allongés, sa peau basanée, sa mâchoire bien dessinée, son nez long fin et ses lèvres très attirantes. Quand il sourit, et son sourire est lumineux, contagieux, cela fait ressortir ses pommettes. Ce mec est un vrai rayon de soleil. J'ai du mal à détacher mon regard de son minois adorable. Une vraie tentation ambulante. J'en ai des frissons. Reprends-toi Suga, ce n'est pas le moment. Reste en dehors de ça, tu n'as pas le temps pour ce genre de choses.

Mon regard est attiré par une lumière qui s'éclaire, l'appartement de ma cible. Il referme la porte d'entrée pendant que mon doigt reprend sa place sur la gâchette de mon fusil. Je suis concentré, ma respiration est calme, je ne bouge aucun muscle. Une statue de marbre, froide et immobile. Il pose ses chaussures en même temps que ses clés puis sa veste d'un air nonchalant. Il avance dans la pièce et regarde autour de lui comme s'il cherchait quelque chose. 

Je n'ai toujours pas bougé, j'attends, j'attends le bon moment. Celui où la cible sent qu'elle est observée, comme une sensation désagréable qui lui parcours l'échine. Il se passe la main dans les cheveux. Il est nerveux sans savoir pourquoi. Et là, il lève les yeux vers la fenêtre et regarde dans ma direction. Il ne peut pas me voir mais il sent que quelque chose ne va pas. J'appuie sur la détente, un bruit sourd se fait entendre tandis qu'une seconde après, la tête de l'homme part en arrière, un trou au milieu du front. La balle arrache l'arrière de son crâne dans un jet de sang, d'os et bout de cervelle repeignant le mur blanc en rouge. Il s'effondre comme une poupée de chiffon, sans vie.

Tueur (sope/yoonseok)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant