Projet Zero

05

- Ça fait combien de temps que t'es pas sortie de bunker ? me demanda le garde.

Je me tournais vers lui et vis qu'il avait toujours le regard fixé sur ce qu'on pouvait appeler la route. Mais il me jetait tout de même quelques regards de temps à autres.

- Je n'ai pas vu le vrai monde depuis qu'ils ont fermé le bunker il y a dix ans...

J'habitais dans le bunker depuis environ douze ans. Mais j'avais le droit de sortir de temps en temps pour prendre l'air. Par contre je n'avais pas le droit de m'éloigner, je devais rester à deux ou trois mètres de la porte du bunker. Seulement, depuis que le bunker à été fermé après le début de la guerre, je n'ai plus jamais mis un pied dehors. Jusqu'à aujourd'hui.

J'observais le garde qui lui n'avait pas l'air d'être surpris. N'importe quel humain normalement constitué serait émerveillé devant toutes les étoiles après avoir été enfermé dix ans dans un bunker.

- Et toi ? Ça fait combien de temps ?

- Une semaine, me répondit-il.

J'écarquillais les yeux en entendant sa réponse. Il se mit à rire en voyant ma réaction et se reconcentra sur la route.

- Je suis un garde, je dois sortir une fois par semaine pour faire des rondes avec mon équipe, me dit-il.

Tout devenait plus clair en effet. C'est vrai que c'était logique.

- Au fait, merci pour la dernière fois.

Il me jeta un regard avec un de ses sourcils haussés.

- Pourquoi ?

- Merci de n'avoir rien dit quand je t'avais suivi pour avoir des infos...

Il me souria et se reconcentra sur la route.

- T'as pas à me remercier pour ça t'en fais pas.

Suite à cela, aucun de nous deux ne prit la parole pendant un petit moment. Pendant ce silence gênant je décidais de retourner à ma contemplation du paysage. Ce paysage qui m'avait manqué pendant plus de dix ans.

- Au fait... On va passer pas mal de temps ensemble alors c'est mieux si on se présente un minimum je pense, me dit-il. Après tout je suis ton garde du corps maintenant.

Je me tournais vers lui de nouveau, les sourcils froncés.

- Je n'ai pas besoin de garde du corps, répondis-je. Je suis capable de le débrouiller toute seule et je m'en sortirai très bien grâce à ma puce.

- Je le sais bien mais c'est les ordres de ton père, me répondit-il.

Il marqua une petite pause et me lança un autre regard rapide avant de reporter son attention sur la route. Je ne comprenais pas pourquoi mon père lui avait demandé d'être mon garde du corps. Je pouvais quand même me défendre toute seule !

Je retournais à ma contemplation du paysage quelques instants.

- Je m'appelle Jungkook.