AGUSTIN... M.A.P.L.V. tome 11

Chapitre 97

Mais le lendemain matin, ses bras ne serraient que du vide... Agustin se leva un peu inquiet. En bas, son père lui désigna la porte extérieur.

- elle a demandé du papier et un stylo et est sur le même fauteuil depuis plus d'une heure...

- Mina?

- oh salut... tu as bien dormi, mon homme?

- oui, tu es levée depuis longtemps?

- assez oui, j'avais la tête en ébullition...

- et tu fais quoi?

- j'écris...

- tu écris...

- des poèmes... j'en ai des cahiers pleins... et là, j'ai trop de choses sur le cœur...

- oh... tu ne m'as jamais parlé de tes poèmes...

- non, c'est tellement personnel... personne ne les a jamais lu... personne ne sait que j'en écris...

- je comprends... 'Hijo de la luna' est écrit avec tellement de talent que j'aurais du me douter que tu fais ça tout le temps.

- tiens, je lutte sur le dernier mais celui là, il m'est venu d'une traite... il faut dire que je l'ai dans la tête depuis des mois... il me convient...

Elle avait détaché un feuillet du bloc donné par Manuel et le lui tendait.

'je peux?'

'sans déconner???'

'je suis touché de ta confiance Mina'

Il prit la feuille avec émotion et s'asseyant en face d'elle, le lut... 'mon homme monde' lui demanda un gros effort pour retenir des larmes d'émotion. La voix émue, il le lut à voix basse comme il faisait toujours avec ses poèmes préférés.

- tu aimes, alors? Sourit elle.

- il parle de moi avec tellement d'amour... mais plus encore, tu utilises les mots et leur sonorité, leur sens, leur tempo... tu as un grand talent... et tu en as des cahiers pleins...

- oui... ton départ à la guerre rien que ça, ça fait deux classeurs... ça m'aide à extérioriser... sinon, j'ai l'impression de suffoquer...

- comme ce matin?

- oui... mais c'est trop confus en moi... je n'arrive à rien avec celui qui me tourmente... tu veux en lire un autre?

- je voudrais les lire tous mais comme tu dis, c'est vraiment personnel...

- c'est facile finalement de les partager avec toi... on n'est pas seuls, je vais être toute rouge si tu le lis à haute voix celui là...

'En quatre temps' sur fond de tango parlait de leurs ébats amoureux. Il resta scié, le souffle court.

- tes mots dansent en rythme... j'ai jamais lu un truc pareil... on les sent danser... et puis... mmm... tu joues des doubles sens et métaphores comme une reine... c'est un régal... que je suis fier de t'avoir inspiré.

- tu m'as inspiré mon préféré... celui que je suis vraiment fière d'avoir écrit... si tu veux, je te le dis.

Elle se pencha sur la table les mains sous son menton, les yeux plongés dans ceux de son mari.

Sa voix douce récita'au pied de la falaise', une évocation toute en délicatesse de leur première fois dans la crique marine... une fois de plus, ses mots dansaient, mais sur le rythme d'une valse lente et sensuelle.

Il ne pouvait détacher ses yeux de cette femme, il aimait la poésie par dessus tout et la qualité de ce qu'il entendait lui prenait les tripes, le poème parlait de lui mais plus encore d'amour, de confiance, de bonheur... et puis, ce talent pour donner un tempo à ses textes était tellement magique.

Tomine était fille de chanteur mais n'avait pas besoin d'instrument pour écrire une chanson... ses mots chantaient pour elle, dansaient dans l'air... il en était bouleversé.

'...merveille...'

- tu n'es pas objectif... rit elle quand il se mit à applaudir doucement.

- tu as raison... mais, il est juste merveilleux celui là...

Marta vint casser l'ambiance en leur rappelant que l'heure du départ arrivait.

Une heure dans un 4X4 inconfortable, un vol interminable et un taxi grognon plus tard, ils se jetaient dans leur canapé Aixois en soupirant.

Alors qu'ils s'y endormaient, Tomine sauta sur ses pieds.

- on doit se mettre dans le bon fuseau horaire, 'Tin, sinon, on va se traîner tout le temps qu'on sera là...

- tu as raison, bailla t il.

- viens sortons... allons faire un tour...

- si tu veux...

'motivation zéro...'

- je sais! maman a trouvé une crèche qui serait peut être bien pour notre bébé... on pourrait aller parler à la directrice voir si, nous ça nous plaît... je prends les papiers pour le cas où ça le ferait...

- avec un peu de chance, il y aura de la place au dortoir...

- sois sérieux, ' faut pas qu'on passe pour des ados attardés...

Deux mains se posèrent sur ses hanches et deux yeux noirs se plantèrent dans les siens.

- on est... ce qu'on est... je ne jouerai pas de rôle, Mina... on a rien fait qui doive nous faire honte!

- tu as raison... de toutes façons, on ne cachera pas notre age... regarde, mes parents ont préparé une lettre avec leur RIB pour les rassurer pour le fric... même si c'est pas eux qui payeront, les comptables seront rassurés...

- parfait, je prends notre livret de famille tout neuf oh... et les papiers de ma pension de vétéran!! ça fait vieux ça!!

- aller en route mon vieux mari!!

'motivation 5 sur 5 mon général.'

'enfin, bon «vieux mari» n'abusons pas non plus...'

Retrouver les ruelles du centre d'Aix en Provence fut un réel plaisir. Tomine résista à la tentation d'une glace pour ne pas risquer d'arriver après le départ de la directrice de la crèche.