Prologue

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Le Walnut Grove Youth Correctional Penitentiary, communément appelé W.G.Y.C.P pour toutes personnes vivantes entre ses murs. Cela fait maintenant presque quatre ans que je suis ici et j’en ai vue défiler des jeunes, vivants dans un premier temps, mais beaucoup finissent à l’hôpital à cause des règlements de comptes, du moins pour ceux qui s’en sortent amochés.

Trafics de drogues, appartenances à un gang, violences domestiques, agressions, il y a presque de tout ici, sauf des meurtres, enfin, ça c’était avant mon arrivée. Le plus jeune, de ce que j’ai vue, doit avoir une dizaine d’année, il est arrivé pour avoir volé dans un magasin pour aider sa mère qui n’avait pas les moyens de faire des courses. Je sais très bien que dans quelques années, la plupart d’entre eux seront libres comme l’air. Mais ce ne sera pas mon cas.

Je m’appelle Anastasia Jones, je suis née dans le New Jersey dans un des quartiers pourris, je suis brune aux cheveux raides arrivant au milieu du dos et les yeux marrons. Niveau physique je ne m’attarde pas là-dessus, je suis dans ce que j’aime dire la « moyenne » avec mon un mètre soixante-cinq et pour mes formes, disons que la combinaison de la prison pour mineur cache tout, pour mon plus grand plaisir.

Les autres détenues m’appellent Anna et pour les gardiens, ils me nomment par mon matricule, 2.04.5.15.05.00. Tous ses chiffres comportent mon étage, numéro de cellule, bâtiment, ainsi que ma date d’anniversaire. S’il y a bien une chose que la justice nous prive ici, c’est de notre identité et les gardiens nous le font bien comprendre dès le départ.

Je n’ai jamais eu de visite, aucune ou alors je m’en souviens plus. Je n’ai plus de famille, et pour les amis en dehors des fils barbelés, disons que, le seul que j’avais à disparu des écrans radars il y a des années maintenant.

En ce qui concerne les amis de prisons, j’en ai eu trois, pas plus, pas moins. Le reste se sont des alliés, ce qui n’est pas quelque chose de négligeable dans ce cadre de vie.

C’est par choix que je suis une solitaire, après que mon ami est disparu je me suis forgé une carapace, beaucoup ont essayés de la briser, mais seulement trois ont réussis avant d’être libérées. Ce qui m’a confortée à créer cette armure est ma mère. Je l’ai vues s’attacher à un homme, et dans l’instant qui à suivit, ce fut une vraie descente aux enfers.

Prostitution, violence physique comme psychologique, chantage, tout y passait pour cet homme, tout était bon pour nous voir souffrir, mais, bien que ce soit une ordure, il ne nous a jamais violées, il ne manquait plus que ça pour que l’enfer soit total.

Je suis sortie de ma petite pièce exigüe de deux mètres sur deux entièrement vide, pas de lit ou même un simple matelas, que dalle, nous n’avions pas de fenêtre pour autant, juste une lumière qui reste allumée vingt-trois heures sur vingt-quatre, s’éteignant à des moments totalement aléatoires pour nous faire perdre le fils du temps.

Nous avions le droit d’avoir un seau pour nos besoins et une heure de sortie dans une cage, dans la nuit.

Nous avons nos repas bien-sûr, mais à travers une trappe, aucun contact avec le monde extérieur, j’étais seule avec moi-même et ça m’allait très bien.
Je reviens de deux semaines d’isolement pour violence sur des pétasses qui se croyaient tout permis.

Elles étaient trois, vivants entre ses murs depuis un an et demi, prenant plaisir à martyriser une nouvelle qui ne connaissait absolument rien des règles de cette prison.

Je ne m’occupe pas des problèmes des autres détenus en général, mais s’il y a bien une chose que je ne supporte pas, c’est qu’on s’en prenne aux plus faibles.

Alors je les aie pris à part dans les douches. J’avais mis en place tout un scénario avec la jeune fille, elle devait partir vers les sanitaires, en bousculant une des filles au passage, je savais très bien qu’elles ne laisseraient pas cet acte sans conséquence.

J’étais déjà sur place lorsqu’elles sont entrées. Tout ce que je peux dire c’est qu’elles sont parties dans un hôpital une bonne semaine, menottées aux lits. Encore une altercation qui sera inscrit sur mon dossier.

Naturellement, toute petite je n’ai pas été d’un naturel très violente, je me souviens qu’à une époque, c’était loin d’être comme ça, j’étais heureuse, j’avais mes deux parents et ma petite sœur sans parler des amis géniaux.

Puis il a fallu un décès et une mauvaise rencontre pour que tout vire au drame.

Je me reconcentre sur le présent lorsqu’un des gardiens se met à m’attraper par le bras pour me faire sortir, non sans que je lâche un grognement.

J’avais quinze ans lorsque je suis arrivée ici, alors oui, à l’heure d’aujourd’hui j’en ai dix-neuf, l’âge de la majorité, l’âge pour mon transfert vers l’inconnu. A la plus grande joie des mattons qui ne veulent qu’une chose : que je parte au plus vite.

Je quitte l’Etat du Mississipi pour un autre dont j’ignore encore le nom, enfaite, je le saurais qu’au moment où j’y serais, apparemment, c’est pour éviter les fuites d’informations et que je m’échappe, mais je ne tiens pas à partir, plus rien ne me retient dans le monde extérieur.

Après une douche revigorante et salvatrice, je me dirige vers la cour, mon petit moment de liberté. Je me pose dans un coin pour avoir tous les prisonniers dans mon champ de vision, puis attends. Cette cour n’est pas excessivement grande, disons qu’elle est suffisante pour le nombre que nous sommes, une soixantaine de détenues.

Mais étant des gosses comme ils aiment le dire, nous ne prenons pas énormément de place.

Je ne suis pas la plus respectée, je ne cherche pas à l’être non plus. Je suis juste la plus ancienne d’entre tous. Quatre ans entre ses murs, la première année s’est passé calmement, pas pour celles qui suivent.

Il m’arrive de temps en temps, encore plus en ce moment même, que je me remémore ma vie d’avant. J’avais une famille avant toute cette merde, une mère qui s’appelle Nathalie, un beau-père, Etienne et une petite sœur, Elise, la prunelle de mes yeux.

J’étais l’aînée de ma famille, assez calme mais pourtant bercée par la violence d’un beau-père et une mère qui ne cherche pas à protéger sa propre chair.

Une rage sans limite bouillonnait déjà dans mes veines à l’époque, mais il a fallu d’une nuit pour que tout ressorte. A ce moment-là, je ne pensais à rien d’autre que ce que je voulais faire.

Détruire cette enflure. Le rayer de la surface de la terre.

Et j’ai réussis, j’en suis assez fière oui, grâce à moi, une ordure est éliminée du monde terrestre. Je sais qu’il ne fera plus de mal à quiconque. Espérons juste que ma mère ne trouvera pas quelqu’un de sa trempe ou même pire que lui. Je pense que vous avez découvert que je ne suis pas arrivée ici pour trafic ou pour avoir fait les trottoirs avant l’âge légal.

Qu’est-ce qu’il m’est arrivée pour en arriver là ? Des propos malveillants de la part de mon beau-père depuis de nombreuses années. Mais les raconter comme ça, à travers des mots ne rimes à rien, autant à ce que vous les vivez en même temps.

Bienvenue dans ma chienne de vie, espérons qu’elle vous plaira autant qu’à moi !

Trente ans fermeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant