Chapitre 1

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J'avançais dans un des longs couloirs du lycée Nashville High School, bordé de casiers aux couleurs de l'équipe de football américain. Comme tous les matins une haie d'honneur m'attendait. Rien de très glorieux malheureusement, Metallica à fond dans mon casque me permettait d'ignorer leurs messes basses idiotes.

_ Elle m'énerve avec son air sûr d'elle !

_ Quelle garce, il parait qu'elle suce dans les chiottes !

Le regard fixé droit devant moi, la poitrine gonflée et le port de tête le plus haut possible du haut de mon mètre soixante-deux. A hauteur de mon casier, j'observais le tag du jour avec un sourire mesquin. Il était écrit « Kate Sullivan la suceuse de bite », j'admirais l'effort du manque de fautes d'orthographes ce matin. C'était donc la nouvelle rumeur qui courrait à mon sujet, ils étaient de plus en plus inventifs, en trois ans la violence était montée crescendo. Tout cela avait débuté au tout début de ma première année de lycée, quand le quarterback de l'équipe de football de l'époque avait essayé de me harceler. Comme je ne me laissais pas faire, trois membres de l'équipe ont voulu me violenter et je les avaient tous envoyés au tapis un par un. J'avais écopé d'une semaine de renvoi, sanction légère car les caméras de l'établissement avaient prouvé que je n'avais pas provoqué la bagarre. Et depuis, j'étais passée de la fille sans amis qui passait presque inaperçue à la salope de service car l'équipe contrôlant le lycée, j'étais devenue la bête noire de tout l'établissement. Mais être indésirée était le résumé de toute ma vie.

Abandonnée à la naissance devant un des orphelinats de la ville, j'avais appris très jeune que c'était la loi du plus fort qui régnait dans ce monde, grandissant dans la rue, j'avais développé certains talents de survie et une force physique et mentale très aguerrie. Lorsque j'avais douze ans, j'avais tenté de cambrioler un dojo d'arts martiaux qui contenait de sources sûres des objets de valeurs facilement revendables. Ce jour-là, j'ai rencontré Hiiro-sensei, le propriétaire qui m'avait prise en flagrant délit. A partir de là, ma vie a pris un tournant à cent quatre-vingts degrés. Toute cette colère qui me rongeait et mes talents développés, Hiiro-sensei les avait mis au profit des arts martiaux. Il fut ce qui se rapprochait le plus d'un père pour moi, même si notre relation n'avait rien de tendre et affectueuse. J'ai arrêté les actes criminels et dédié ma vie aux arts martiaux, à seize ans j'étais la première championne nationale junior de Kendo d'origine américaine. Le championnat ne contenant habituellement que des familles expatriées japonaises. Cela expliquait comment j'avais pu mettre à terre trois footballeurs américains qui faisaient deux fois ma taille.

J'entrais dans la classe de Terminale 3 pour assister à un cours de maths passionnant dispensé par M. Anderson qui avait autant envie de nous enseigner sa matière, que nous ses élèves de l'apprendre. Comme d'habitude, j'allais m'installer à ma place au fond de la classe et tandis que je passais à côté de la table de Jennifer, barbie de service et pompom girl, un cliché à elle toute seule, tendit sa jambe pour me faire trébucher mais je l'évitais d'un geste souple. Je me penchais alors sur elle et mes deux poings puissants s'abattirent dans un fracas assourdissant sur sa table qui menaça de céder, le silence régna soudainement dans la salle de cours. Soudain, elle était devenue pâle comme un cadavre, ayant perdue toute sa superbe malgré son lourd maquillage.

_ Tu crois que tu me fais peur, mocheté, crachat la blonde décolorée.

_ C'est tellement évident, espèce de petite garce écervelée, répondis-je avec hargne.

Monsieur Anderson nous interrompit en m'ordonnant d'aller m'assoir avec un ton emplit d'indifférence. Le reste de la journée de cours défila, les heures passaient, toutes aussi ennuyeuses les unes que les autres. Je continuais à ignorer savamment les insultes ou regards en biais qu'on m'adressait. Lorsque la dernière sonnerie de la journée retentit, je courrais jusqu'au taudis qui me servait de voiture et me mettais en route vers le dojo de Nashville, tenu par Hiiro-sensei. Je filai au vestiaire, enfilai mon armure de Kendo et me munissais de deux sabres en bambou. Sensei m'attendait sur le tatami, prêt pour notre entrainement quotidien. Je répétais les assauts jusqu'à ce que mon corps fût trop douloureux pour continuer. Sensei me congédia et je me mis en route pour une douche salvatrice. Mes muscles meurtris se détendirent sous l'effet de l'eau brûlante et quelques minutes plus tard, je sortis drapée dans une serviette, la petite pièce emplit de vapeur d'eau, je passais devant le miroir pour me refaire une beauté. Je coiffais mes longs cheveux bruns qui descendaient en cascade jusqu'en en bas de mon dos, je mis un peu d'eye-liner sur mes grands yeux aux iris d'or et poudrais délicatement mon nez légèrement retroussé. Pour finir, je mis un peu de gloss sur mes lèvres pleines. Je passais un jean noir sur mes jambes musclées et mes hanches larges, puis un crop top à l'effigie du groupe AC/DC qui laissait apparaitre mes abdos gonflés et mettait en valeur ma poitrine généreuse. S'en suivit la prochaine étape de ma routine quotidienne, le club hippique de Nashville où je travaillais depuis des années. Je me garai et avançai vers l'immense écurie, je saluai le gérant, M. Taylor, un homme joyeux et d'une gentillesse infinie. Je continuai ma route vers le box d'un magnifique étalon noir de race ibérique, Le nom de « Precioso » était indiqué sur la porte. Il s'approcha et me salua d'un ronflement amical tandis qu'il reniflait mes cheveux.

_ Hey, salut mon grand, soufflais-je.

Né il y a quatre ans, je travaillais déjà pour M. Taylor même si les chevaux ne m'intéressaient guère le job était sympa et bien payé. Après une naissance difficile, sa mère avait refusé de le nourrir, cela arrivait de temps en temps, il fallait alors nourrir le poulain au biberon et M. Taylor m'avait fait comprendre qu'il refusait de le faire car c'était beaucoup trop de travail et il était déjà débordé avec la gestion du club. Bouleversé par son histoire similaire à la mienne, j'ai conclu un marché avec le gérant, je nourrissais et élevais le poulain en échange il m'en faisait don. Il accepta immédiatement et sans conditions.
L'animal était devenu mon meilleur ami et mon confident. Totalement dénaturé de ses instincts de cheval, il était extrêmement sensible et agressif envers les étrangers. Même Taylor avait du mal à le manipuler, lui qui connaissait parfaitement les chevaux. Je lui faisais un bon pansage et lui dégourdissait un peu les jambes en allant le faire brouter, assise en tailleur dans l'herbe. 

_ Tu sais quoi, elle a osé me traiter de mocheté, encore ... 

Il releva sa tête vers moi, délaissant l'herbe grasse pour m'offrir un regard doux, mon coeur se serra, nous nous comprenions tellement, nous qui avions été abandonnés par nos parents respectifs. 

_ Et elle a tellement raison, continuais-je en ravalant un sanglot dans ma gorge nouée. 

Après encore quelques confidences pour alléger mon coeur, je décidais de rentrer chez moi, épuisée par ma longue journée.

Je me garai devant mon immeuble situé en centre-ville de Nashville. Je grimpai les marches jusqu'au quatrième étage. Il s'agissait d'un petit studio étudiant simplissime, il était très abordable financièrement et je l'habitais depuis cinq mois, date de ma majorité où j'avais pu quitter "officiellement"le foyer puisque je passais plus de temps dans la rue. Je préparais une salade composée et la dégustais distraitement devant la télévision. Il m'arrivait souvent de réfléchir à ce qu'aurait pu être ma vie si je n'avais pas été lâchement abandonnée alors que je n'étais qu'un nourrisson. Aurais-je pu vivre dans une grande maison, manger de la nourriture de qualité, rire aux éclats tous les jours, avoir des amis, des grandes fêtes d'anniversaire et recevoir de l'amour ? J'acceptais ma destinée et je n'avais qu'une hâte, terminer le lycée et démarrer une nouvelle vie ailleurs. La solitude était devenue une amie sincère et j'espérais me protéger en rejetant les autres, mais je me voilais certainement la face car certains jours j'aurais donné n'importe quoi pour que quelqu'un me prenne dans ses bras.

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