Chapitre 31: La cité blanche

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Après deux jours de vol et quelques pauses, nous arrivâmes au dessus de l'Ancien Anórien, cette région du Gondor qui bordait la chaîne de montagnes jusqu'à la fin de celle ci. Ce qui signifiait que Minas Tirith se trouvait en contrebas, derrière ces pics rocheux qui se dressaient en face de nous.

Je m'affalai sur le dos d'Alcar en remerciant ma condition d'elfe: les Valar savaient quel serait l'état de mes jambes et de mes muscles si j'étais humaine. Deux jours à dos de dragon, ça n'était pas comme à cheval.

Alcar prit un peu d'altitude et je me redressai pour jeter un cou d'œil en bas. Les sommets des montagnes défilaient en dessous de nous. Et tout d'un coup, elles disparurent et nous nous retrouvâmes au dessus de l'immense cité, en face d'une vaste étendue plate. Alcar volait près des nuages pour ne pas se faire repérer, mais je voyais très bien la ville.

Minas Tirith était telle qu'on me l'avait décrite. Bâtie en forme d'arc de cercle presque à même la montagne, scindée en deux par un morceau de celle ci, la cité blanche était constituée de plusieurs niveaux. Elle semblait entièrement taillée dans du marbre.

Et c'était chez moi, là où j'aurais du vivre en tant que fille de roi. Mais quand j'y pensais, aurais-je apprécié cette vie? Une vie de dame à la cour? Quelle horreur! Ma vie chez les elfes m'avait été vitale. J'avais appris la magie, l'art du combat... et je n'aurais pas vécu toutes ces aventures.

- Isil, murmura Alcar.

Tirée de ma contemplation et de mes réflexions, je relevai la tête pour regarder l'horizon. Mais je ne voyais absolument rien, car si je me redressais, j'avais la tête dans les nuages.

Le dragon plongea alors vers le sol pour nous permettre de mieux voir les lieux et je pus observer attentivement. Je me figeai. Une immense armée se tenait presque aux portes de la cité. Divisée en dizaines de bataillons bien formés, elle avançait vers nous.

- Il faut trouver Gandalf, lançai je.

- En espérant que l'on n'essaye pas de m'abattre d'une flèche dès que je m'approcherais, maugréa t'il.

Je ne pus pas répondre, Alcar piqua brusquement vers le sol. Je serrai des pics dorsaux entre mes mains pour ne pas tomber.

- Qu'est ce que tu fais?! Lui criai je.

- Je veux voir de quoi est composée cette armée, rétorqua t'il.

- Tu es fou? Et s'ils nous attaquent?

- Je ne vais pas m'approcher autant!

Il déploya entièrement ses ailes pour freiner la descente et se stabiliser. Nous survolions maintenant l'immense armée, qui nous apparaissait en milliers de points noirs qui marchaient. Les Orques, Uruk-haï, Gobelins et autres. Je crus même apercevoir des trolls, ou ce qui y ressemblait.

Mais le pire était sûrement toutes ces machines de guerre qu'ils poussaient ou tiraient jusqu'à la cité. Des catapultes de différents tailles, des tours fortifiées, et même des arbalètes géantes. Sauf que ça, je n'en avais jamais vu.

Je compris avec horreur à quoi ces engins étaient destinés quand un Orque nous repéra et hurla quelque chose. Ses camarades firent pivoter l'une des arbalètes vers nous. Je réagis dans la seconde.

- Alcar! M'écriai je.

Le dragon n'hésita pas un instant et replia les ailes pour plonger vers le sol. Il évita de justesse le grand harpon tiré par nos ennemis, avant de reprendre de l'altitude et de repartir en vitesse vers la cité blanche.

- C'était quoi, ça? Murmurai je.

- Mon pire cauchemar, répondit le dragon d'un voix terrifiée.

Je jetai un dernier coup d'œil derrière nous. Et je remarquai que ce qui nous avait tiré dessus n'étaient pas des Orques. C'était des humains. Des humains au sourire cruel habillés comme des rôdeurs. Les Traqueurs.

Je me retournai et fermai les yeux en soufflant. La bataille n'avait même pas commencé que nous avions déjà failli mourir.

Silver of Darkness - Tome 5: La chute de l'anneau [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant