Silver of Darkness - Tome 5: La chute de l'anneau [Terminée]

Chapitre 60: Libérée

- Regardes la tête de Gimli, me chuchota Legolas en se penchant vers moi.

Nous étions assis en haut d'une tour de Minas Tirith. Je tournai la tête vers le nain, qui se tenait à quelques pas de nous. Il regardait Ilmana et Anor voler, l'air terrifié. Il n'avait pas l'air de vouloir essayer un jour.

Je lâchai un rire en croisant le regard moqueur d'Alcar, qui regardait également notre ami. Le dragon était perché sur la tour voisine et il nous jetait de fréquents coup d'œil à moi et Legolas.

"Isil, je crois qu'il y a quelqu'un pour toi en bas."

"Ah? Qui ça peut bien être?"

En guise de réponse, mon ami étendit son aile gauche jusqu'à nous, créant une sorte de passage entre les deux tours. Je me levai en faisant signe à mes amis que je revenais vite avant de poser un pied hésitant sur l'aile du dragon.

Puis je me souvins que j'étais une elfe, donc très légère. Et que ses ailes étaient immenses et sûrement très résistantes. Sans réfléchir plus que ça, j'avançai en prenant garde à ne marcher que sur la membrane épaisse, ne souhaitant pas tomber bêtement d'aussi haut.

Je m'installai sur son large dos. Sa nouvelle taille me perturbait encore un peu. Il ne pouvait même plus rentrer dans les bâtiments de la ville, pas même dans la grande salle!

Il étendit ses grandes ailes avant de s'élancer du haut de la tour et de survoler la cité. Je ne me lasserais jamais de cette sensation. Mais cela ne dura pas, Alcar piqua brusquement vers le sol sans prévenir. Heureusement que des pics dorsaux étaient de bonnes prises.

Le dragon atterrit à l'entrée de Minas Tirith sous les yeux écarquillés des gardes. Mon ami se redressa fièrement après s'être baissé pour le laisser descendre. Je levai les yeux au ciel. Ça lui plaisait bien, évidemment, que les passants l'admirent.

Je me tournai vers le cheval qui se tenait non loin. Un cheval à la robe argentée.

- Sindë? M'étonnai je.

La jument hennit en se dirigeant vers moi. Je lui caressai l'encolure.

- Je croyais ne plus te revoir, murmurai je.

Elle me transmit des images qui défilèrent dans mon esprit. Des images d'elfes en compagnie de leurs amis chevaux. Je me rappelai alors que Sindë serait toujours là pour moi, si je n'en décidais pas autrement. Elle ne pouvait pas partir définitivement d'elle même. La jument renifla tristement en comprenant mon intention.

- Tu mérites d'être libre, la guerre est finie, lui dis je en posant une main sur son museau. Tu dois continuer ton chemin.

Je croisai le regard d'Alcar, qui me comprenait de tout évidence. Je n'osais même pas imaginer ce que cela me ferait si notre lien devait ne plus exister. Ça serait comme perdre une par de moi même.

- Je te libère, déclarai je.

Je sentis aussitôt le lien entre moi et Sindë s'éteindre, et je retirai ma main en reculant. Mais elle continuait de me regarder fixement. Finalement, elle ferma les yeux en baissant la tête, comme si elle me disait adieu. Puis elle fit demi tour et quitta Minas Tirith, en quête de sa nouvelle vie en compagnie des siens.