Silver of Darkness - Tome 5: La chute de l'anneau [Terminée]

Chapitre 38: Renforts

Après des heures de combat passées à nettoyer les rues de la vermine par le feu et les armes, l'aube pointa. Je me rappelai alors la bataille du Gouffre de Helm. Quand le soleil s'était levé, nous nous étions tous jetés sur l'armée ennemie au dehors, sur le point d'assumer notre défaite.

Et alors, Gandalf était arrivé, sur le dos de Gripoil, à la tête des Rohirrims. Et en quelques minutes, les Uruk-Haï avaient été massacrés. Si seulement un miracle pouvait arriver, là aussi...

Et alors qu'Alcar survolait la cité, j'aperçus un Nazgûl et sa monture en plein face à face avec Gandalf, Gripoil et Pippin. Par les Valar, je croyais ces monstres retournés chez eux! De plus, le magicien était à terre, sans son bâton, et me semblait en position de faiblesse.

Je le reconnaissais, ce Nazgûl. C'était le plus grand et le plus terrifiant des Neuf. Le Roi Sorcier d'Angmar. Rien que son nom me faisait frissonner, il hantait mes pires cauchemars. C'était lui que j'avais aperçu dans les bois il y a soixante ans.

Mais il me fallait vaincre ma terreur, mes amis avaient besoin de nous. Je fis signe au dragon de s'approcher. Il fallait les aider. À l'instant même où Alcar plongeait vers eux et où le spectre levait son épée, un cor retentit, en provenance des champs en contrebas.

Le Nazgûl fit décoller sa monture et Alcar freina sa descente en déployant les ailes. Je relevai la tête vers la ligne d'horizon de l'Est. Une lignée de cavaliers apparut alors, et un immense sourire éclaira mon visage. Le Rohan était là. Alcar exprima sa joie d'une pirouette joyeuse qui faillit bien me désarçonner.

Le cor résonna encore une fois. J'aperçus deux cavaliers s'avancer: Théoden et son neveu, qui motivaient les troupes. Et les Rohirrims s'élancèrent au galop. En bas, l'armée des Orques s'agita, mais se tint en position défensive, armes pointées sur les chevaux.

- C'est la que la vraie bataille commence, s'exclama Alcar en s'élançant.

Je vis les archers ennemis décocher leurs flèches, qui firent tomber les premiers cavaliers. La deuxième volée n'arrêta pas pour autant les Rohirrims, pas plus que la troisième. Ce fut avec satisfaction que je contemplai les chevaux piétiner et écraser les Orques.

Alcar et moi nous contentâmes de survoler le champ de bataille en évitant les Traqueurs. Quelques flèches de ma part ne serviraient pas vraiment. Et je ne voulais pas risquer d'incendier nos alliés, je ne m'étais pas vraiment entraînée à viser avec mon feu.

C'est alors qu'en relevant la tête, je vis un corps enflammé se jeter du haut de Minas Tirith. Je fronçai les sourcils. En parlant de feu... je reportai mon attention sur la progression des Rohirrims. Je reconnus le roi Théoden et Eomer, qui combattaient côte à côte avec hargne.

Mais notre triomphe fut de bien courte durée. D'autres cors résonnèrent, très différents de ceux de nos alliés. Alcar secoua la tête en grognant, les oreilles agressées par ce bruit désagréable et strident.

Au Sud, une vingtaine d'éléphants géants alignés fonçaient vers nous.

- Des Mûmakil, soufflai je avec horreur.

Des animaux de combat semblables à des éléphants à six défenses, ayant la peau aussi dure que des écailles de dragon. Autrement dit, impossible à transpercer avec de simples armes. Ils étaient si immenses qu'ils servaient de montures à des dizaines de Haradrim; ce peuple originaire du Harad, contrée de l'extrême Sud de la Terre du Milieu.

Réputés pour littéralement écraser tout ennemi se dressant sur leur passage. Les Rohirrims étaient perdus. Nous étions tous perdus.