Silver of Darkness - Tome 5: La chute de l'anneau [Terminée]

Chapitre 41: Terribles pertes

Alcar hurla de douleur quand la flèche noire lui transperça le flanc gauche. Je nous sentis chuter et je me plaquai contre lui en fermant les yeux.

- Tiens bon, Alcar, marmonnai je entre mes dents serrées.

Je m'accrochai de toute mes forces en priant les Valar pour que la chute ne sois pas trop violente. J'entendis à peine les cris de nos amis. Le dragon s'écrasa au sol et je fus projetée à quelques mètres. Ma tête frappa violemment la terre et j'entendis  le craquement de mon arc. Je sentis le manche de mon sabre s'enfoncer dans mes côtes.

J'avais beau ne voir et n'entendre presque plus rien, cela ne m'arrêterait pas. Je me débarrassai de mon arc et mon carquois qui ne me servaient plus avant de bondir sur mes pieds pour me précipiter vers mon ami, qui se relevait tant bien que mal.

Un bref soulagement m'envahît quand je vis qu'il pouvait encore tenir debout. Mais une seconde flèche noire surgit de nul part et l'atteignit à la poitrine. Il ouvrit la bouche dans un cri silencieux, et il s'effondra.

- NON!

Je me tournai vivement vers le Traqueur qui se tenait derrière moi, folle de rage. Ce dernier arborait un sourire narquois. Cet abruti ne savait pas qu'il venait d'effectuer la dernière action de sa misérable vie.

Je tendis mes deux mains en invoquant le feu. Les flammes qui en sortirent réduisirent en cendres l'arbalète géante et l'homme qui s'en servait, avant même qu'il ne puisse réaliser ce qui lui arrivée. Puis je me retournai vers le dragon.

- NON! Hurlai je en me laissant tomber à ses côtés. Non, non, non! Alcar, relèves toi! Alcar!

Je ne voyais que le bout des flèches ressortir, tant il y avait de sang. Je ne pouvais même pas vérifier l'étendue des blessures. Je sentais même son esprit s'éloigner.

- Isil, souffla t'il alors presque imperceptiblement.

Ouf! Il m'entendait. Je répétais le prénom de mon ami, la main posée sur son flanc blessé, qui se soulevait au rythme de sa respiration devenue difficile et saccadée.

- Je t'en supplies Alcar, relèves toi! Tout va s'arranger, Ilmana va retirer ces flèches et te soigner.

- Oui, murmura t'il.

- Mais pour ça, il faut que tu restes éveillé. Tu m'entends?

J'attendis une réponse, qui ne vint pas.

- Alcar? Chuchotai je.

Ses flancs arrêtèrent soudainement de se soulever sous ma main. Il ferma les yeux. Je sentis aussi son esprit s'éloigner.

« Alcar, non, restes! S'il te plaît! »

Je hurlais mentalement en essayant en vain de retenir sa conscience près de moi. J'éclatai en sanglots, tout en répétant son nom encore et encore. Je lui secouai l'épaule, mais rien n'y faisait, il restait là, étendu, immobile et inconscient.

Je m'effondrai sur lui, le visage empli de larmes. Et alors que mes amis finissaient d'achever les tout derniers Orques et se précipitaient vers nous, un spectre ailé atterrit juste à côté.

Il venait me prendre, je le savais. Et je le laisserais faire. Sans Alcar, je n'avais plus aucun espoir. Il était mes ailes, j'étais son feu, nous étions complémentaires. Sans lui, je ne servais à rien dans cette guerre. Aragorn pouvait mener la suite seul, il en était capable.

La bête se pencha vers moi pour me saisir entre ses crocs, quand quelqu'un s'interposa, arme en main. Je reconnus la chevelure brillante de ma sœur.

- Repars dans les ténèbres, incarnation du mal! S'exclama Ilmana. Tu ne la toucheras pas.

La bête poussa un cri strident avant de prendre son envol. Mais au lieu de fuir, elle plongea et saisit ma sœur entre ses pattes. Cette dernière poussa un cri et tenta de se débattre, mais le monstre resserra sa prise et lui fit lâcher son arme, qui toucha le sol dans un tintement.

- NOOOON! Hurlai je en tendant la main.

Alors que la silhouette ailée disparaissait, emportant ma sœur, mon bras retomba sur le cadavre d'Alcar, et ma tête suivit. Le désespoir qui me submergea était trop fort. Je sombrai dans les ténèbres.