Chapitre 48: Déclarations et aveux

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Mon regard faisait des aller-retours entre l'armée ennemie qui se resserrait autour de nous et le grand œil de Sauron qui balayait les environs depuis le haut de sa grande tour.

Mes compagnons avaient tous tiré leurs armes. Gimli s'accoudait sur sa hache, les yeux perdus dans le vide. Gandalf, à l'inverse de tous les autres, semblait presque... détendu. J'aperçus du coin de l'œil les hobbits souffler et murmurer quelques prières. Peinée, je me tournai vers Legolas. Lui aussi observait le grand œil avec appréhension.

Nous échangeâmes un regard. Et alors, prise d'une certaine audace, je glissai ma main dans la sienne. Il la serra d'un air qui se voulait rassurant.

- Qu'importe la façon dont nous mourrons... murmura t'il à mon oreille en se penchant vers moi. Saches que je t'attendrais dans les cavernes de Mandos avant de passer de l'autre côté.

- Moi de même, répondis je.

- Chers amis, intervint Gimli. Auriez vous l'amabilité de partager votre échange avec nous? Voilà venues nos dernières minutes. Plus de secrets!

- Maître Gimli, il s'agit seulement d'adieux, lui lançai je en posant mon autre main sur l'épaule du nain. Mais si vous tenez à en échanger...

- Alors je vous fais mes adieux, dame Isilya, déclara t'il d'une voix solennelle. Merci d'avoir été mon amie, et ma compagne de voyage durant cette aventure.

- Merci à vous également d'avoir été là pour moi. Sans vous et votre humour nain, les derniers mois auraient été bien tristes.

- Ah! Je savais bien que les nains étaient les meilleurs, se vanta t'il.

- Vous saisissez le moindre prétexte! S'exclama Legolas. Quel orgueil!

Je levai les yeux au ciel. Certains diraient que ça n'était guère le moment de plaisanter. Mais si, au contraire. Pourquoi passer le moment qui précède notre dernière bataille à angoisser?

- Je t'aime, Legolas, lâchai je.

- Je t'aime, Isilya, répondit il.

- Je n'ai jamais compris l'elfique, mais voilà un échange que j'ai bien saisi, ricana Gimli. De toute façon, on savait bien que j'avais gagné le pari depuis le début.

- Le pari?! M'exclamai je en même temps que Legolas.

- Oui, le pari, soupira Gandalf à côté.

- Pardon?

- Nous nous vengerons dans l'après, m'assura Legolas.

Je ne cherchai pas plus à comprendre le délire de nos amis et je lâchai sa main avec regret pour dégainer mon sabre, que je brandis devant moi. Je déposai un baiser sur le plat de la lame noire, sous le regard pensif de Gandalf.

- Puisses tu faire de ma mort un moment de gloire, soufflai je à l'adresse de Laimë.

Aussi bête que cela puisse paraître, il me sembla apercevoir une brève lueur courir sur l'arme, comme en réponse à ma demande. Après tout, ce sabre était magique...

Je posai ensuite ma seconde main sur le deuxième fourreau qui pendait à la ceinture: celui de Calë, le sabre de ma sœur.

- Et toi, puisses tu un jour retourner à ta brave propriétaire pour une dernière bataille.

Et c'est alors qu'Aragorn s'avança. Il se posta quelques mètres devant et observa un temps la ligne d'horizon, sa cape et ses cheveux bruns flottant dans son dos. Et alors, comme au ralenti, il se tourna vers nous. Et avec un sourire attristé, il lâcha:

- Pour Frodon.

Et il se précipita vers nos ennemis, son épée levée au dessus de sa tête.

Silver of Darkness - Tome 5: La chute de l'anneau [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant