Chapitre 61: explications

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Le soir venu, nous nous retrouvâmes tous les quatre, moi, ma sœur et les dragons; au sommet de la cité.

- Tout est fini, mais j'aimerais éclaircir quelques points, dis je au bout d'un moment.

- Moi aussi, répondit Ilmana. Alcar, comment cela se fait il que tu sois passé d'un lézard de la taille d'un cheval à un grand dragon cracheur de feu bleu foudroyant?

Anor lâcha un sifflement aigu que j'identifiai comme un rire moqueur. Alcar leva les yeux au ciel et se redressa de toute sa hauteur.

- Tu veux dire, un grand dragon élégant, charismatique, brillant et digne de ses ancêtres.

- Ces points seront à revoir, marmonnai je.

- Je n'ai jamais été mort, déclara Alcar après m'avoir foudroyée du regard suite à ma dernière remarque. 

- Tu me l'as déjà sortie au milieu du champ de bataille, celle là, maugréai je. À croire que tu nous as fait un coup à la Gandalf.

- J'ai toujours adorer ce bon vieux magicien, ricana t'il. Bon, et bien, disons que vous me croyiez mort, mais je ne l'étais pas. J'étais très gravement blessé, et lors de ce genre de situation, les dragons se mettent dans une sorte d'état comme le sommeil.

- Mais... tu n'étais pas seulement endormi! Protestai je. Tu semblais vraiment...

- Ils y a d'autres détails, reprit il. Les battements du cœur ralentissent jusqu'à devenir imperceptibles, de même que la respiration.

- Une sorte d'inconscience, c'est ça? Demanda Ilmana.

- Oui, un état entre la vie et la mort, répondit Anor.

- Et Smaug? Il était au courant, devinai je.

- Oui, murmura Alcar. Et il voulait me protéger en vous laissant croire ma mort.

- Mais tu es quand même revenu. Vous êtes quand même revenus.

- Ça à toujours été mon combat, Isil. Ma place a toujours été à tes côtés, contre les ennemis de la Terre du Milieu.

- Smaug et moi l'avons suivi par loyauté, et c'était la bonne chose à faire, nous dit Anor. Il est mort pour une noble cause, et me voilà ici.

- Et entre le moment où tu es « mort » et celui où tu est revenu? Demanda Ilmana.

- Smaug m'a ramené à Lamedon, ou j'ai repris des forces en développant des pouvoirs, raconta Alcar. J'ai aussi... disons... triplé de volume.

- C'est l'effet de l'endroit, fit Anor. C'est un endroit magique depuis toujours. Être à proximité permet de nombreuses choses.

- Tu veux dire que Alcar aurait dû vivre avec vous tout ce temps... après avoir éclos, soufflai je. Au lieu de ça, je l'ai trouvé.

- Je ne regrette rien, coupa Alcar. Quelle existence aurais je eu, à me cacher pendant quarante ans? Sans vouloir te vexer, Anor. Mais Isil m'a permis de vivre une vie libre et de côtoyer toutes les espèces.

-  Je ne suis pas vexée, affirma la dragonne. Je suis contente que tu aies eu cette vie.

Ils échangèrent un sourire. J'étais tellement heureuse pour Alcar, il avait enfin trouvé un semblable.

- Qu'est ce que Lamedon, d'ailleurs? Questionnai je.

- Des vallées de l'Ouest du Gondor, expliqua Alcar. Certains endroits son peuplés, mais une zone des montagnes est essentiellement composée de souterrains et de grottes immenses.

Il me décrivit l'endroit d'un air émerveillé, mentionnant les lacs souterrains et les pierres précieuses incrustées dans les parois. 

- Le moment est venu que je vous raconte ce qui m'est arrivé à moi, soupira Ilmana alors que nous ne savions plus quoi dire. Quand j'étais bizarre, vous savez.

- Oui, c'est vrai que j'aimerais bien savoir ce que tu as à dire là dessus, fit Alcar en ouvrant de grands yeux curieux.

- Je pense que c'était Saroumane qui me contrôlait, commença ma sœur. J'arrivais la plupart du temps à lui résister, sauf quelques fois au Rohan, alors je ne pense pas que c'était Sauron.

- Donc tu étais bel et bien sous l'emprise des ténèbres, murmurai je.

- Effectivement, souffla t'elle. Isil, je suis tellement désolée... si tu savais comment je luttais de toute mes forces...

- Je n'en doute pas une seconde, coupai je. Tu avais beau être très louche, Je n'ai pas pensé un instant que tu pouvais être du côté de Sauron de ton plein gré.

Elle m'adressa un sourire franc et sincère. Je n'avais jamais douté d'elle.

- La prophétie disait que l'une d'entre nous était vouée à sombrer dans les ténèbres, soupirai je.

- En effet.

- Et souviens toi des paroles de Galadriel, ajoutai je. Je suis la sœur maléfique. Alors pourquoi toi, la sœur de la lumière?

- Tu es plus forte que moi, Isil, déclara Ilmana. Tu symbolise la nuit, la lune. La noirceur. Quoi de mieux que l'ombre pour combattre l'ombre? Moi, je suis la lumière. Je suis vulnérable face à l'ombre. C'est pour cela qu'elle me contrôlait.

- L'important, c'est de l'avoir compris. Maintenant c'est fini.

- Fini de chez fini, renchérit elle. En tout cas, à l'instant où Barad-Dûr s'est effondrée, je me suis sentie si libre! J'ai quitté la tour en vitesse pour traverser les plaines jusqu'aux portes, et j'ai failli y passer. Merci, Anor. Je te dois la vie.

- C'était impensable de te laisser la bas! Rétorqua la dragonne. Tu ne me dois rien du tout. C'est tout à fait normal.

- Bien, au lieu de ressasser le passé sombre de chacun, on peut parler de choses intéressantes et joyeuses? Intervint Alcar. Du genre, ce qu'il s'est passé durant cette aventure.

- C'est ce dont on parlait, fis je remarquer.

- On parlait de l'alter ego flippant d'Ilmana, grogna t'il. Moi, je propose que l'on parle du futur mariage en préparation.

Le dragon me regardait fixement en tapotant le sol d'une de ses griffes. J'ouvris grand les yeux. Alcar sourit de toutes ses dents. Et je me jetai sur lui en lui promettant de lui arracher les dents pour m'en faire un collier. Il s'enfuit en courant dans les larges rues de la cité, et je me précipitai à sa suite en riant.

Silver of Darkness - Tome 5: La chute de l'anneau [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant