J'en avais perdu la notion du temps. Quand nous parvînmes devant l'étendue de terre noire et sèche que la Porte Noire surplombait, je me demandai si je devais m'en réjouir ou non.
J'inspirai brusquement quand notre armée s'arrêta à plusieurs centaines de mètres de l'immense barrage en fer qui nous séparait du Mordor. Sindë hennit doucement.
Aragorn s'avança, et sans un mot, il se dirigea vers la Porte Noire, suivi d'un soldat muni d'un étendard. Moi et nos amis lançâmes nos chevaux au galop derrière les leurs.
- Que le seigneur de la Terre Noire s'avance! Clama mon frère une fois au pied de l'immense édifice. Justice lui sera faite!
Seul le silence lui répondit. Pendant un moment, nous échangeâmes des regards inquiets. Puis un énorme fracas retentit. Les chevaux s'agitèrent tandis que les deux battants de l'imposante porte s'ouvraient pour laisser passer un cavalier monté sur un destrier noir.
- Mon maître Sauron le grand vous souhaite la bienvenue, déclara le cavalier d'une voix caverneuse.
L'armure qu'il portait recouvrait tout son corps, y compris le haut de sa tête, ne laissant apparaître que sa bouche aux dents jaunes et crasseuses. Je retins à peine un haut le cœur.
Aragorn haussa les sourcils suite aux paroles du monstre. À côté de moi, Legolas semblait horrifié. C'était compréhensible.
- Y a t'il quelqu'un qui ait autorité pour traiter avec moi?
- Nous ne sommes pas venus pour traiter avec Sauron, perfide et maudit, coupa Gandalf, attirant l'attention du cavalier. Dites à votre maître ceci: les armées du Mordor doivent se disperser et doivent quitter ces terres et ne jamais y revenir.
Si seulement c'était si simple...
- Oh, vieille barbe grise, susurra le monstre. J'ai là quelques souvenirs que j'ai été chargé de te montrer.
Il sortit alors quelque chose de sa cape. Je me figeai. C'était une côte de mailles en mithril. Je fermai es yeux. Tous nos espoirs se retrouvaient anéantis. Le petit homme était prisonnier.
- Frodon... souffla Pippin.
Le cavalier grogna et jeta le vêtement dans les mains du magicien.
- Frodon! Cria de nouveau le hobbit devant lui.
- Silence, lui ordonna Gandalf.
- Non! S'exclama Merry à son tour derrière Eomer.
- Silence! Répéta le magicien.
- Le semi homme vous était cher à ce que je vois, devina le monstre. Sachez qu'il a enduré mille tourments entre les mains de son hôte. Qui aurait cru qu'un si petit être puisse supporter tant de souffrances?
Merry et Pippin, dévastés, ne disaient plus rien. Aragorn tentait de rester calme mais je voyais bien qu'il pâlissait, tout comme Gandalf. Legolas et Gimli, horrifiés, braquaient sur le monstre un regard noir.
- C'est pourtant le cas, Gandalf, continua le cavalier. Il l'a fait.
Les larmes aux yeux, le magicien releva la tête vers son interlocuteur. Je talonnai Sindë pour qu'elle avance légèrement.
- Vous avez dit quelques souvenirs, articulai je lentement. Quel est le deuxième?
La bouche du cavalier s'étira dans un sourire mauvais quand il brandit une chaîne dorée. Il le lança dans ma direction. Je le rattrapai d'une main pour l'observer. Le pendentif m'était familier. C'était un soleil d'or.
- Et cette jeune elfe, reprit t'il. Quel dommage d'abîmer un si joli être.
Aragorn ferma les yeux, et Gimli détourna le regard. Les autres baissèrent la tête pour cacher leur peine.
- Et dire que tu aurais dû être à sa place, Isilya fille de Sauron! Ricana le cavalier.
- Fille de Sauron? Répétai je, furieuse.
Je dégainai mon sabre, mais mon frère me devança et s'approcha du monstre à son tour.
- Et qui est ce? Siffla ce dernier. L'héritier d'Isildur? Il faut plus pour faire un roi qu'une épée elfique brisée.
S'il voulait continuer, il n'en eut pas le temps. Aragorn sortit l'épée en question et trancha la tête du monstre, qui tomba par terre dans un horrible bruit.
- Voila qui met fin à la négociation, commenta Gimli.
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Silver of Darkness - Tome 5: La chute de l'anneau [Terminée]
Fanfiction(Je vous conseille d'avoir lu les tomes 1, 2, 3 et 4 avant, ainsi que le tome 2,5 qui est une sorte de passage entre le tome 2 et le tome 3 :)) {La fin approche, ils le savent tous. Ils le sentent. Mais quelle fin? La fin de la guerre, la fin du ma...