Chapitre 76

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Laissant Aokiji affronter Akainu à travers un duel féroce qui retentissait dans toute la cour, Sabo et moi parvînmes à éviter l'étau de marines qui s'était resserré autour de nous. Après une courte envolée par les flammes, nous étions finalement revenus au sol et à présent, nous nous frayions en courant un chemin parmi les différents camps et combattants. Parfois, alors que nous faisions notre possible pour rester insaisissables dans cette marée humaine, un ennemi arrivait à nous approcher. À ces moments-là, je me servais de mes menottes comme d'une arme pour blesser et assommer, mais c'était Sabo qui faisait le plus gros, ne lésinant pas sur les capacités de son fruit du Démon pour nous protéger. 

Entre les flammes et les attaques des combattants, j'arrivai à peine à distinguer la bataille. J'arrivai à voir Marco et Shanks, qui s'occupaient toujours des deux amiraux. Ils semblaient bien s'en sortir, comme le reste de nos alliés d'ailleurs. Je ne pouvais m'empêcher d'être un minimum inquiète lorsque j'entendais l'un de mes nakamas crier, ou lorsque je voyais du sang gicler, mais je parvenais à garder mon sang froid, grâce à cette petite étincelle au fond de moi. Celle qui m'affirmait que tout allait bien se passer, qu'ils allaient tous s'en sortir, et que surtout, Sakazuki allait s'en mordre les doigts. À la simple pensée de l'imaginer fou de rage, je ne pus retenir un sourire.

- Vous n'irez pas plus loin. 

Surprise par ce ton claironnant surpassant chaque bruit des combats, je freinais ma course, suivie la seconde d'après par le révolutionnaire. Mon compagnon avait laissé ses flammes agir autour de lui mais regardait droit devant nous, les sourcils froncés, là où se tenait une petite équipe de soldats avec à leur tête le vice-amiral Momonga. 

En arrêtant de courir, je sentis immédiatement le contrecoup que mon corps blessé, aussi soudainement mis à l'exercice, m'infligea. J'eus une grimace et redoublai d'efforts pour ne pas m'effondrer, en faisant autant que possible mine de rien, me contentant de reprendre mon souffle tout en dévisageant les soldats qui nous faisaient face. À ma droite, je vis Sabo s'avancer légèrement, et en lui jetant un rapide coup d'œil, je me rendis compte du regard mélangeant colère et détermination qu'il offrait à nos adversaires. Ses doigts se recourbèrent en griffes de dragon, mais il n'eut pas le temps d'attaquer que Momonga s'était avancé en croisant les bras, son katana rangé dans son étui. Je fronçai les sourcils mais restai immobile. J'avais encore du respect envers lui et c'était bien pour cette raison que je ne serai pas celle qui lancerait le combat. Il semblait en avoir conscience et avoir lui-même encore une trace de respect pour moi, pour rester détendu, sans arme en main. Nous échangeâmes un regard lourd, jusqu'à ce qu'il prenne la parole de son ton posé que je connaissais si bien :

- Tu n'étais arrivée qu'à la fin de la Guerre au Sommet, mais tu as pu voir les conséquences qu'un tel conflit à pu engendrer. 

Il marqua une pause. Voyant que je comptais rester bouche close, il reprit :

- C'est noble de la part de tes camarades de venir te sauver. Grâce à eux, tu as une chance de survie. Mais je sais que si un seul d'entre eux venait à mourir ici et pour toi, tu ne te le pardonneras jamais. Si tu te rends tout de suite, nous pouvons encore éviter le massacre. Je te promets de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que tes amis soient épargnés, et tu auras une mort respectueuse. Tu as ma parole. 

Il se tut, restant immobile à me dévisager, attendant ma réponse. Je sentis mes muscles, déjà bien endommagés, se tendre davantage malgré moi, tandis qu'un sentiment d'amertume m'envahissait toute entière. 

- Izzy.

Le bras du jeune blond vint frôler le mien. En tournant la tête, je remarqua qu'il me contemplait en gardant les sourcils froncés, me signifiant de ne pas les écouter. Un sourire se forma sur mes lèvres. Un sourire confiant, et légèrement arrogant. 
Avec cette offre, mon ex-référent me faisait comprendre qu'il voulait, selon lui, m'aider. Il fallait reconnaître que j'avais perdu au jeu du loup contre la Marine, et que seule moi devait en payer les conséquences. J'arrivai à comprendre l'altruisme du vice-amiral, mais son idiotie était encore plus visible que son bon fond. Je ne pus m'empêcher d'avoir un léger rire amer, avant de retrouver mon sourire en déclarant d'un ton vif :

- Tu sais comme moi que Saké ne laissera jamais mes nakamas en paix, encore moins un Yonko et le deuxième de l'armée révolutionnaire. Il ne laissera jamais des pirates repartir vivants de son plein gré et fera le plus de victimes possibles en te tuant d'un coup de poing pour avoir osé essayer de négocier.

Je pris une légère pause dans ma prise de parole, le temps de reprendre mon souffle et de me relancer avec autant de détermination.

- Je ne suis plus la noble petite soldate, un peu naïve sur les bords, que tu as connue autrefois. J'ai du sang sur les mains et des morts sur la conscience. Sache également que je ne suis pas maîtresse de ma vie, encore moins de celles de mes compagnons. Ils sont venus de leur plein gré, en connaissance de cause, pour me récupérer. Parce qu'ils ont jugé que je le méritais. La moindre des choses que je puisse faire pour les en remercier, c'est de survivre et de rentrer à la maison avec eux. Il est trop tard pour faire marche arrière, Momonga. On s'en sortira tous, moi y compris, et la Marine pourra ajouter cette bataille à leur longue liste d'échecs. Vous avez perdu d'avance.

Une Question de Justice [One Piece]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant