Une Question de Justice [One Piece]

Chapitre 14

De l'autre côté, à Marineford...

Aokiji venait d'ouvrir les yeux. Il bailla et regarda ce qui lui avait servi d'oreiller. Des rapports. Il se leva, totalement désintéressé, tant pis il finira la paperasse plus tard. Il vint prendre sa tasse et but son café façon Kuzan, qui avait refroidi avec le temps. Le froid ne le dérangeait pas plus que ça, il buvait en regardant distraitement autour de lui. Ah, on était passé dans son bureau durant sa sieste, la porte était entrouverte. Il posa sa tasse et vint ouvrir la porte en grand. Il sortit sa tête de la salle et regarda à gauche, à droite. Rien, personne. Il haussa les épaules et referma la porte, si c'était important, la personne reviendra.

En tournant les talons, il remarqua un changement sur son bureau... Mais quoi ? Il plissa les yeux et se rapprocha, les mains dans les poches. Après un court moment, l'amiral saisit une feuille pliée, l'intrus sur son plan de travail. Il la retourna, et lut.

A l'intention de l'amiral Aokiji, QG de la Marine
Marineford

Hm... Il connaissait cette écriture. Mais il ne se souvenait plus à qui elle appartenait. L'homme au costume blanc vint s'asseoir derrière son bureau. Sans attendre davantage, il ouvrit la lettre, la déplia et la lut. Au fil de sa lecture, un sourire s'étira sur son visage, c'était la meilleure chose qu'il soit. Elle allait bien, il en était heureux et un poids s'enlevait de son coeur. Ce serait mentir de dire qu'il n'avait pas été inquiet à son égard. Lui qui d'habitude laissait faire la vie sans se prendre la tête avait bien un point faible à ce trait de personnalité : sa fille.
Isiris était née sur Grand Line, d'une aventure de jeunesse. Sa mère était loin d'eux. Depuis 27 ans, c'était donc lui et elle. Depuis 27 ans, il s'en était occupé, l'avait élevé, puis entraîné. Depuis 27 ans, il était père.

Il reposa la lettre délicatement sur le tas de rapports. Il était curieux. Où se trouvait-elle, maintenant ? Que faisait-elle ? Il espérait qu'elle était heureuse, comme elle le disait dans sa lettre. Un sourire sur les lèvres, il attrapa son masque de sommeil et le passa sur ses yeux. Belle pause entre deux siestes... Il s'en souviendrait.

VLAN ! La porte s'ouvrit avec fracas. L'amiral releva le coin droit de son masque, et remarqua d'un œil un Akainu furieux, qui le fusillait du regard. Il resta impassible, Sakazuki avait beau être intimidant, cela ne l'atteignait pas plus que ça.
L'amiral de magma se rapprocha d'un pas rapide et vint poser avec violence son poing sur le devant du bureau. Il serrait les dents, cela se voyait qu'il se contenait pour ne pas exploser de colère.

- Tu sais ce qu'on vient de me rapporter à l'instant, Kuzan ?
- Hm ?

Aokiji ne s'entendait pas du tout avec Akainu. Ils se toléraient en tant que collègues, mais pour que le Chien Rouge débarque ainsi dans son bureau, c'est qu'il s'était passé quelque chose de grandiose. Kuzan retira son masque de sommeil et se leva de son fauteuil pour faire le tour du bureau et se retrouver face à son interlocuteur. Celui-ci croisa les bras, ses yeux lançaient des éclairs.

- Garp a arrêté un pirate, l'autre jour, sur l'île où se trouvait le Roux. Et ce pirate a dit s'être fait refaire le portrait par une femme aux cheveux noirs portant un manteau de la Marine couleur bleu. Et devine quoi ? Le Roux aurait apparemment reconnu cette femme comme étant de son équipage.
- Et tu crois les paroles d'un criminel ?

Aokiji passa ses mains dans ses poches. Il n'était ni surpris, ni choqué, ni rien. Un sang froid qui s'opposait au sang chaud.

- Garp est témoin.
- Il a vu le Roux reconnaître Isiris ?
- Il confirme qu'elle était sur l'île. Son protégé l'a également vu.
- Ils n'ont donc aucune preuve. Elle était peut être sur l'île par hasard.

Akainu releva la tête pour fixer son collègue. Son regard et son visage traduisaient parfaitement la rage qu'il ressentait actuellement.

- Si ta fille nous a trahi, Kuzan, et a rejoint la piraterie, je n'aurai aucune pitié.

Kuzan haussa les épaules. Comme si Sakazuki avait déjà eu de la pitié pour qui que ce soit.

- Pour l'instant, on n'en sait rien et la parole d'un pirate n'a aucune valeur. Arrête d'imaginer le pire.

L'amiral de glace fit volte-face et retourna s'asseoir. Il avait un léger sourire.

- Arara. Dommage, elle aurait pu être une bonne amirale dans le futur.
- Ne dis pas n'importe quoi.

Il haussa les épaules, à nouveau. Au moins, si Isiris avait vraiment rejoint la piraterie, ça lui ferait un point commun avec Garp, un descendant devenu pirate.

- On verra bien dans le futur. En attendant, tu as autre chose à me dire ?

Le long silence qui s'installa entre les deux hommes fût lourd. Sakazuki était vraiment hors de lui, il ne supportait pas la trahison. Si Isiris était vraiment devenue pirate, de plus sous les ordres du Yonko Shanks le Roux, il veillerait personnellement à ce que cette menace soit éliminée. En attendant, il ne pouvait rien faire, car comme l'avait dit Aokiji, il n'y avait aucune preuve. Tout ce qu'il pouvait se permettre, c'était de remonter l'information à Sengoku, et c'est avec cet objectif qu'il quitta le bureau de son collègue en claquant la porte.

Aokiji soupira. Toujours aussi brutal, cet homme. Il repassa son masque de sommeil sur ses yeux, mais ne s'endormit pas tout de suite. Il réfléchissait.