Une Question de Justice [One Piece]

Chapitre 54

J’avais dépensé toute mon énergie et ma vitalité dans un seul combat, et bien que j’en sois sortie vainqueur, je n’aurais pas dû autant gaspiller. À présent, je ne pouvais rien faire, j’étais forcée de rester passive et de laisser Tashigi me mener hors de cet entrepôt secret. Je détestais cette situation, être trop faible pour pouvoir agir alors qu’un si grand danger nous menaçait tous. Nous avions détruit les cargaisons et les sous-marins, mis hors d’état de nuire le second et deux officiers, mais il restait Gyn, ainsi qu’encore un officier et assez de subordonnés pour former une armée. Nous ne savions même pas où en était Smoker, Tashigi n’ayant pas réussi à le contacter, comme si son Den Den Mushi avait été broyé.
La partie était loin d’être achevée.

Un souffle glacé vint soudainement effleurer ma peau. J’ouvris avec difficulté mes paupières douloureuses, pour voir le spectacle du pont d’un cuirassé enfoui sous la neige. Un maigre sourire éclaira mon visage. On était à l’air libre, enfin.

- Bien. Toi et toi, vous restez ici et vous m’informez du moindre danger par escargophone. Le reste, avec moi.

Il y avait de l’autorité dans le ton de Tashigi lorsqu’elle donna ses indications. Elle semblait avoir grandi, depuis la dernière fois, elle savait savoir diriger et prendre des décisions, bien que la panique transparaissait dans sa voix, rendant son image de chef obsolète.
Tout à coup, je la sentis resserrer sa prise autour de moi, pour m’empêcher de tomber.

- Je t’emmène avec moi mais si ça se corse, je te confie à un de mes soldats et il t’enverra te faire soigner sur notre bateau. C’est clair ?

Lorsque je compris qu’elle s’adressait à moi, une vague d’amusement m’envahit. J’aurai certainement ri si mon état et la situation n’étaient pas aussi graves. Je me surpris à lui répondre d’une voix rauque qui se voulait doucereuse.

- Avec tout le respect que je te dois, "capitaine", un pirate ne reçoit pas d’ordre de la Marine.

Je l’entendis soupirer d’irritation, mais elle ne me lâcha pas pour autant. Au contraire, je la sentis commencer une marche hâtive tout en me tirant pour m’aider à avancer.

- Même affaiblie tu trouves le moyen de t'agiter. Fais comme tu veux, Balafrée.
- Binoclarde.

Ça n’alla pas plus loin, nous étions beaucoup trop concentrées pour perdre notre temps à nous disputer. Tashigi avait peur pour Smoker, moi pour Rockstar, et nous craignions toutes les deux la suite des évènements. Je ne savais pas quelle était la puissance de Smoker mais elle devait sûrement égaler la mienne, et sachant que j’avais presque failli mourir face au second, il y avait de quoi être inquiet pour le vice-amiral, censé affronter le capitaine ennemi. Je pris alors conscience qu'en réfléchissant sur notre plan et notre stratégie pour vaincre, nous avions fait une grosse erreur, celle de sous-estimer nos adversaires.

Nous retrouvâmes rapidement notre chemin dans les rues de la ville portuaire, mais la neige qui tombait continuellement n’aidait en rien. Tashigi peinait à avancer en me soutenant, certains marines du G-5 se plaignaient d’avoir froid, et moi je maintenais aussi bien que je le pouvais mes yeux ouverts et je regardai dans tous les sens, guettant la porte de la fausse maison dans laquelle se cachait Kuroshinju.

Une fois que je l’eus retrouvé et indiqué aux soldats, tout s’enchaîna vite. L’entrée fût ouverte et les marines s’y engouffrèrent un à un, suivis par Tashigi et moi.

Une fois entrés, le spectacle qui s’offrit à nos yeux nous laissa bouche-bée : le passage était jonché des corps de pirates mais également de soldats. Je sentis Tashigi se crisper face à ce massacre, mais elle eût la jugeote de laisser quelques subordonnés s’occuper de trouver des survivants plutôt que de se jeter sur les corps sans réfléchir. Je restai silencieuse tout en observant ma rivale. Elle reprenait son souffle, essayant de se calmer et de garder la tête froide face à tout ceci, et alors que j’ouvrais la bouche pour l’encourager, une voix masculine s’exclama :