Chapitre 48

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- Reste pas sur mon chemin.
- La ferme.
- Répète un peu, idiote ?!
- Qui tu traites d’idiote ?! Bretteuse du dimanche !
- Hein ? Ratée !
- Cireuse de pompes !
- Vendue !
- C’EST PAS BIENTÔT FINI !

Nous nous stoppions net sur notre lancée, interrompues brutalement par le haussement de ton de Smoker. Le vice-amiral nous lança un regard de braise, nous faisant bien comprendre que nous n’avions pas intérêt à recommencer. Je déglutis avec difficulté, essayant de ravaler la fierté qu’il me restait encore en détournant mes yeux de ma rivale.

Depuis que nous avions quitté le pub, Tashigi et moi n’avions cessé de nous lancer des piques sans prêter attention aux autres et c'était à peine si je leur donnais des indications pour retrouver l'entrée de la planque de Gyn. Nous n’avions jamais réussi à nous supporter et Smoker devait bien le savoir, elle était sa subordonnée après tout. Il aurait pu la contenir, ça nous aurait évité de perdre du temps et d’attirer toute l’attention sur nous. À présent, tous les soldats nous dévisageaient avec surprise, et même Smoker s’était frappé le front avec sa main.

- Concentrez-vous un peu !
- T-toutes mes excuses, Smoker-san…

Je soupirai. C’était incroyable la manière dont elle s’aplatissait devant lui, mais je n’eus pas le temps de lui jeter ne serait-ce qu’un regard noir, le Chasseur Blanc m’ayant pris de court.

- Aouso.

D’un léger signe de la tête, il me désigna la porte d’une maison. Elle était difficilement reconnaissable, ressemblant presque parfaitement aux autres portes de la rue, mais je faisais confiance à mon instinct. Après avoir rapidement détaillé la porte du regard, je me retournai vers le vice-amiral et hochai la tête.

Une série de déclics se fit entendre. Les soldats avaient sortis leurs armes, Tashigi avait posé une main sur son katana et Smoker serrait les poings. Ils étaient prêts au combat.

Sans faire de bruit, je me rapprochai de la porte et levai trois doigts en l’air. J’en baissai un. Je baissai un deuxième doigt, sous le regard concentré des marines. Il n’y avait aucun bruit, la tension était palpable, et c’est pour cela qu’on devait agir vite.

Je baissai mon dernier doigt, revêtis mon poing avec le Haki de l’armement et usai de toute ma force pour enfoncer la porte qui se brisa net sous mon attaque, tombant en lattes de bois au sol. Je reculai alors précipitamment et laissai les soldats s’engouffrer dans l’entrée. Ils poussèrent des cris de guerre, des ricanements et bientôt, des bruits de lutte et des coups de feu se firent entendre. Smoker, suivant ses hommes, me laissa seule avec Tashigi et un petit groupe de soldats, ceux qui constituaient le fameux ‘’œil de la Marine sur ma mission’’. Je leur accordai un rapide regard, mais détournai vite les yeux en serrant les dents, essayant d’expulser mon ressentiment. J’aurai voulu agir seule, mais il ne m’avait pas laissé le choix et il n’était plus temps de me rebeller, du moins si nous souhaitions réussir. Nous étions tous dans le même camp, jusqu’à la fin de tout cela. En prenant grandement sur moi, je me tournai vers la capitaine et essayai de discuter sérieusement avec elle.

- Smoker devrait nous envoyer un ennemi.
- Et il nous conduira au lieu de la cargaison ?
- Oui.
- Bien.
- Bien.

Nous nous détournions l’une de l’autre. Moins on parlait, mieux c’était. Je croisai les bras et fixai la porte, attendant.

Je n’étais pas encore capitaine dans la Marine lorsque je l’avais rencontré. Elle venait d’arriver au Quartier Général avec Smoker pour je ne sais quelle raison, et la tâche de lui tenir compagnie m’avait été incombé. Ça n’avait pas été une partie de plaisir. Dès le début, nous n’avions pas réussi à nous entendre. Je la trouvais maladroite, naïve, enfantine ainsi que tête brûlée doublée d’une sale petite peste, et elle me trouvait stricte, bornée et, je cite, ‘’prétentieuse de première avec complexe de supériorité’’. Nous rencontrer avait été une mauvaise idée, si bien que tout cela avait conclu sur un duel dans l’un des couloirs de Marineford, duel si passionné que seule l’intervention de Garp avait réussi à y mettre un terme. Par la suite, elle avait quitté l’île en suivant son supérieur, et les rares fois où je l’avais revue n’avaient pas aidé à améliorer notre relation, bien au contraire. On ne pouvait tout simplement pas se voir sans se disputer, au point que certains marines comparaient notre relation houleuse à celle entre Sakazuki et mon père. Je n’avais jamais été vraiment d’accord sur ça.

Une Question de Justice [One Piece]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant