Chapitre 72

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Je restai figée, stupéfaite. Alors que je détaillai l'homme qui me faisait face, je sentis mon coeur accélérer dans ma poitrine, et un sentiment de joie intense m'envahir.

- Sabo !

Dire que j'étais surprise serait trop léger. J'étais ébahie, ne m'attendant pas à voir le apparaître, encore moins sous les traits d'un bourreau. Depuis le début, il était donc avec moi sans je ne le sache...

Alors que je restai immobile à le fixer, le jeune homme jeta son casque au sol, puis se tourna dans ma direction et m’adressa un grand sourire.

- Yo, Izzy !
- Tu... Vous... Comment vous ?...

J'avais beau être heureuse et rassurée, je ne pouvais pas m'empêcher de me demander comment ils avaient su, alors qu'Akainu avait sûrement mis en place tous les moyens en son pouvoir pour éviter que cela arrive. À ma question, Sabo haussa les épaules. 

- Je t'expliquerai plus tard, lorsque tu seras à l'abri.

J'ouvris la bouche pour répliquer, mais un bruit sourd provenant de derrière moi me figea net dans mon élan. Un mauvais pressentiment me fit blêmir, et le visage soudainement sérieux de Sabo, fixant quelque chose dans mon dos, n'arrangea rien. Lentement, je décidai de me retourner, jusqu'à me retrouver nez à nez avec un Sakazuki hors de lui. Le regard de braise qu'il me lançait démangea ma joue gauche, là où il m'avait giflé auparavant, mais je ne détournai pas les yeux et soutins son regard avec les sourcils froncés. Je n'allais pas lui faire ce plaisir de détourner les yeux ou de trembler devant lui, si c'est ce qu'il attendait de moi. Jamais. J'étais trop fière pour ça. Par réflexe de survie, néanmoins, je fis quelques pas en arrière et je me percutai à Sabo involontairement. Je n'arrivai pas à détourner les yeux du marine, mais du coin de l’œil, je vis le jeune blond étendre un bras devant moi dans un geste protecteur.

- Ce n'est pas très honorable de s'en prendre à une personne déjà blessée, tu ne crois pas ?

Je pouvais sentir le sourire dans les paroles du révolutionnaire, et je vis la mâchoire du Chien Rouge se contracter fortement. Le poing de Sakazuki se mit à dégouliner de lave. Sans prêter attention à Sabo, il s'approcha tranquillement, son regard plongé dans le mien. Je serrai les dents de rage. Si seulement je n'étais pas menottée...
Alors que mon adversaire levait son poing en l'air, une détonation retentit et je vis un éclat métallique frôler son oreille.

- Touche pas à mon poulain.

L'amiral en chef s'immobilisa. Son visage redevint stoïque. Il se détourna pour faire face au tireur.

Je sentis un sourire me fendre les lèvres. Beckman, pistolet encore braqué sur Sakazuki, fumant de sa main libre une cigarette, me lança un rapide regard appuyé d'un clin d’œil. 

- Cette fille ? Ton poulain ?
- T'es jaloux ?

Le pirate souffla nonchalamment un nuage de fumée, un sourire aux lèvres, puis fit un bref signe de tête en regardant par-dessus l'épaule d'Akainu. Au même moment, comme répondant au signal, je sentis un bras se refermer sur ma taille, et je me retrouvai plaquée contre Sabo, qui s'écria :

- Cramponne-toi !
- Avec quoi ?

Je lui criai ma réponse, mi-surprise par ce qu'il se passait, mi-prise de vitesse par ce qu'il comptait faire. Je ne pouvais le toucher au risque que mes menottes ne l'affaiblissent lui-aussi et il ne semblait pas en avoir conscience, ni m'entendre lorsque je lui expliquai rapidement. Il resserra sa prise autour de moi. Soudainement, un éclat nuancé d'orange et de jaune nous entoura. J'eus tout à coup très chaud. Les flammes qui étaient apparues formèrent autour de nous un barrage empêchant quiconque de nous atteindre, et alors que j'assimilai à peine ce qu'il se passait, Sabo sauta dans le vide. Surprise, je retins un cri et fermai brièvement les yeux, mais déjà, mes pieds touchèrent à nouveau le sol et le bras me lâcha.

Le crépitement des flammes était plus faible et le bruit des combats me semblait plus proche. Lorsque je rouvris les yeux, je me rendis compte que nous étions au bas de l’échafaud, dans la cour, parmi les marines et les pirates qui se battaient. J'étais libre... Du moins, un peu plus loin de la menace que représentait Akainu. Je sentis un flot d'émotions me parcourir. J'avais envie de rire, de pleurer, de sourire et de crier... Était-ce dû à l'adrénaline ? Ou simplement parce que je me sentais plus en sécurité ici que sur les planches en bois ? Sûrement les deux... mais ce n'était pas le temps de se poser des questions. Autour de moi, ils se battaient tous pour que je puisse être libérée. Je ne pouvais pas me permettre de rester les bras croisés à attendre, perdue dans mes pensées.

Je redressai la tête. Devant moi, Sabo souriait. Il leva la main et replaça correctement l'un de mes mèches, tandis qu'autour de nous, les dernières flammes restantes commençaient à disparaître.

- Je vais t'emmener loin de cette base. Les autres nous rejoindront plus tard.
- Mais--
- Notre objectif est de te ramener saine et sauve. Je ne te laisserai pas mourir comme lui.

Le regard déterminé qu'il me jeta me coupa net dans mon élan, alors que j'allais renchérir. Ace... C'est vrai qu'il avait déjà perdu Ace dans une telle situation. Je n'imaginais même pas la peur qu'il devait contenir au fond de lui à l'idée qu'un tel évènement se reproduise. J'hochais finalement la tête, approuvant ses paroles. Ses yeux s'adoucirent soudainement. Il sembla hésiter un bref instant, comme pesant le pour et le contre. Du rose avait envahi ses joues. D'un pas vif, il s'approcha de moi et saisit l'une de mes mains. Si j'avais écouté ma tête, je me serai reprise en me disant que ce n'était pas le moment... Mais au diable, mon coeur et mon corps avaient pris le dessus. Je sentis sa main libre se poser sur ma joue. Nous nous contemplions rapidement, jusqu'à ce que je ferme les yeux et sente tout à coup la chaleur de ses lèvres sur les miennes.

Une Question de Justice [One Piece]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant