Une Question de Justice [One Piece]

Chapitre 84

L'alcool et la viande fusaient de partout, comme les rires, les cris de joie, les bavardages en tout genre, la musique, les chants... Bref, un véritable vacarme pour mes oreilles, depuis si longtemps habituées au calme. Et pourtant... Mes tympans avaient beau souffrir, je ne faisais que sourire.

Après nous avoir surpris sur le pont, mes nakamas nous avaient saisi, Sabo et moi, puis ils s'étaient rué dans la salle à manger et avaient sorti de la nourriture et beaucoup de boissons. Les musiciens de bord avaient accordé leurs instruments et presque immédiatement, la fête avait explosé.
Je connaissais assez mon équipage pour savoir qu'ils prenaient n'importe quelle excuse pour s'enivrer jusqu'à tard la nuit, mais aujourd'hui, c'était particulier. Ils avaient réellement envie de faire la fête pour fêter quelque chose, pour fêter mon retour. Chaque homme arborait une mine réjouie et un grand sourire, et bien que chacun de leurs visages excitait un peu plus ma joie, celui que je voulais plus que tout voir était absent.

Je profitai que Rockstar me tende une choppe pour me rapprocher de lui et parler assez bas.

- Merci. Dis, tu sais où est Shanks ?
- Ah ! Le capitaine était pas vraiment en forme depuis ta disparition, et je sais pas pourquoi mais ça s'est aggravé quand on t'a récupéré.

Mon meilleur ami but un peu de sa bière, alors que j'ouvrais des yeux ronds.

- Il ne va pas bien ? Attends, il faut que j'aille le voir !
- Eh, tout doux, t'agite pas comme ça. Son état s'est apaisé quand on a appris ton réveil mais il a trouvé le sommeil qu'hier soir. Laisse-le se reposer. T'auras tout le temps de le faire tourner en bourrique plus tard, en attendant profite de la fête.

Rockstar me fit un clin d'œil, me donna une tape amicale sur l'épaule et partit rejoindre Yasopp et Lucky Roo. Je le regardai partir rejoindre nos nakamas en restant immobile. L'inquiétude m'avait saisie... Je me demandais bien ce qui avait pu mettre le rouquin dans cet état.
Je penchai la tête vers ma choppe. Mon reflet, nuancé d'orange par la couleur de la boisson, me fixait avec attention. Je finis par avoir un petit sourire. Si Rockstar disait vrai, je n'allais pas déranger Shanks alors qu'il avait besoin de repos, j'aurai tout le temps de le questionner plus tard. En attendant qu'il ne se réveille, je devais profiter de l'instant présent.
Je portais mon verre à mes lèvres et bus plusieurs gorgées d'alcool. Allez ! C'était la fête.

Après avoir avalé plusieurs choppes de bière et pas mal de viandes, je m'étais assise à une table, le temps de digérer un peu pour reprendre de plus belle. En attendant, j'observai mon équipage. Cela faisait si longtemps que je n'avais pas revu ces murs et entendu cette ambiance qui ravissait mon cœur à chaque fois depuis deux ans. J'avais l'impression de reprendre ma vie là où je l'avais quitté, en faisant mes au revoir sur l'île de Sphinx. Comme cette musique retentissante jouée par certains de mes camarades, ma vie de pirate avait reprise et battait à nouveau son plein, avec cependant quelques changements, il était vrai.

Alors que je souriais en regardant les autres profiter, je sentis une main gantée se poser sur la mienne, tandis que la voix de Sabo, empreinte d'un ton de velours, murmura à mon oreille :

- Vous dansez, belle demoiselle ?

Mon sourire s'agrandit et malgré moi, je sentis une chaleur gagner mes joues. Je répondis tout en chuchotant.

- Seulement si mon beau damoiseau est prêt.

Je tournai la tête pour faire face au visage du jeune blond, souriant et légèrement rose, comme le mien. Il resserra sa prise sur ma main puis éclata d'un petit rire joyeux et nerveux, avant de m'entraîner au milieu de mes camarades. Nous nous mîmes à danser ensemble, au rythme de la musique, mais hormis la mélodie jouée, j'avais soudainement l'impression que les bruits nous entourant avaient considérablement diminué. Je sentis mes joues s'enflammer d'autant plus, mais je décidais de ne pas y prêter attention. Et puis, je n'avais d'yeux que pour lui, ne pouvant m'empêcher de sourire en le voyant me couver du regard ou en sentant sa main posée sur ma taille. Dire que tout s'était enchaîné si vite... J'avais l'impression d'avoir toujours été ainsi, amoureuse, et à présent, celui que j'aimais était à mes côtés, il dansait avec moi. Un révolutionnaire et une pirate... Quel duo original.
Mais toute ce bonheur n'était pas indéfini. Un pincement au cœur m'avait saisie. C'est vrai que durant ces dernières minutes, je l'avais oublié... Sabo le révolutionnaire, chef d'état-major de l'armée révolutionnaire, et moi, Aouso, pirate du Roux... Nos identités divergeaient et nous séparaient. Bientôt, sûrement, Sabo, ainsi que Koala, seraient rappelés par Dragon tandis que moi, je resterai sur ce navire, à mener ma vie de pirate. Si nous acceptions de vivre notre histoire d'amour, tous les deux, nous devrons nous faire à l'idée que nous ne nous verrons que rarement, tous les cinq-six mois, tous les ans, peut être même tous les deux ans...

- Izzy ? Tout va bien ?

Sabo me lançait un regard soucieux. Profondément plongée dans mes inquiètes pensées, je n'avais pas remarqué que mon visage s'était aggravé et que j'avais cessé de danser. La musique continuait de sonner à mes oreilles, me permettant, avec le regard de mon cavalier, de reprendre conscience de la réalité actuelle et de cette fête, la fête donnée en mon honneur.
Mes lèvres se retroussèrent en un nouveau sourire. Je levai la tête vers mon homme et hocha la tête.

- Tout va bien, j'étais simplement en train de penser.

Le visage de mon interlocuteur se détendit et il retrouva son sourire. Il se pencha et déposa un léger baiser sur les lèvres tout en tenant mes mains.

- Si quelque chose ne va pas, n'hésite pas à me le dire. Je veux être là pour toi.
- C'est adorable. T'en fais pas, tu seras le premier prévenu.

Ce fût à mon tour de lui voler un baiser. Il rougit, et j'entendis des gloussements autour de nous, mais je ne fis qu'en rire allègrement et reprendre la danse avec celui que j'aimais. Je comptais bien profiter autant que je le pouvais de sa présence malgré les sorte de commères qui nous entouraient et qui ne perdaient vraiment rien pour attendre.