Chapitre 32

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Le lendemain fût assez difficile pour la plupart de l’équipage, moi y compris. Il faut dire que l’alcool à forte dose n’était pas vraiment bénéfique pour l’organisme.

Je fus réveillée tôt par la terrible migraine qui me tambourinait le crâne. Le soleil n'était pas encore tout à fait levé et peu de personnes étaient déjà sur le pont. Je m'étais dépêchée de me lever, de m'habiller, puis j'étais allée rapidement voir le médecin pour qu’il me donne un médicament et qu'il change les bandages de mon visage. J'étais ensuite retournée dans ma chambre et deux secondes plus tard, je m'étais effondrée sur mon matelas, endormie. Beckmann avait dû venir me servir de réveil pour me tirer définitivement du lit.

J'avais rapidement fait ma toilette avant de rejoindre la cuisine, là où on m'avait assignée pour la matinée.
Avec quelques autres gars, nous nous étions munis de balais, d’éponges, de serpillières et de seaux remplis d’eau avant de nous diriger vers la salle à manger. L’état pitoyable laissé par la fête d’hier soir nous découragea un peu, mais nous tâchâmes de nettoyer tout ça. On eût du fil à retordre, mais nous finîmes par venir à bout de la crasse au point qu’il ne restait plus que les tables à frotter.
Un seau en main, je me dirigeai vers une des nombreuses tables. Je posai le seau au sol et alors que je commençai à frotter et à retirer la saleté, je sentis une chose molle et humide me percuter le dos. Je me retournai et regardai au sol. Une éponge. Quelqu'un m’avait lancé une éponge. Je la ramassai et jetai un regard inquisiteur à mes camarades nettoyeurs.

- D’accord… C’est qui ?

Grand silence. Puis un rire. Le fautif venait de se trahir. Sans attendre davantage, je lui catapultai son éponge en plein dans le nez. Il cessa de rire. Je souris et repris ma tâche en fredonnant comme si de rien n’était. D'une oreille distraite, je l'entendis marmonner.

- Si c’est comme ça…

Je fus à nouveau atteinte par une éponge totalement imbibée d’eau. Un sourire en coin m’échappa, je me retournai et retirai mon manteau avant de le poser soigneusement sur la table. Ceci fait, je croisai les bras et dévisageai le fauteur de troubles avec provocation.

- Tu veux la guerre ? Tu l’auras !

J'attrapai mon éponge et la lançai dans sa direction. Un de nos camarades jeta aussi son éponge, mais sur quelqu'un d'autre, et ainsi de suite jusqu'à ce que tous soient impliqués. Ainsi commença notre bataille d’eau improvisée. Nous avions commencé par lancer les éponges, puis nous vidions totalement les seaux en projetant l’eau sur les autres. Au final, nous étions tous totalement trempés et l’eau maculait le plancher. Devant un tel bazar, nous éclations d’un grand rire. Nous nous laissions tomber au sol, dans les flaques.

- On devrait faire ça plus souvent !
- Ouais !

Nous restâmes un moment assis, à nous envoyer l’eau restante, puis nous nous finîmes par nous relever. Nous avions tout de même un travail à finir. La moitié d’entre nous partit remplir à nouveau les seaux et l’autre moitié, dont je faisais partie, attendait. Pour faire passer ce léger répit, j’essorai mes vêtements et mes cheveux, et revêtis mon manteau. Mes lèvres s'étirèrent en un sourire. Je me demandais comment réagirait Shanks si il se prenait un seau d'eau sur la tête.
Les autres revenus, nous reprîmes notre travail et nous retournâmes au récurage des tables, en s’échangeant des blagues et des rires de temps en temps. La bonne humeur rendait les corvées plus agréables, surtout après une belle bataille d'eau.

Nous venions à peine de terminer que la porte de la salle à manger qui donnait sur le pont s'ouvrit, et Beckmann pénétra dans la pièce.  Bien que semblant un peu souffrant, sûrement l’alcool de la veille, il était tout aussi sérieux que d’habitude. Il balaya du regard la pièce, nous nous stoppions tous dans nos mouvements, les yeux rivés sur lui. Nous nous attendions à une quelconque remarque, une annonce voire une réprimande, mais il sourit et salua le groupe avant de tourner la tête dans ma direction.

- Isis, tu peux venir ? Tu as de la visite.

Je lui jetai un regard surpris. De la visite ? Qui, sur une île hivernale déserte, en plein Nouveau Monde, pouvait bien venir me voir ? Confuse, je restai un moment immobile, puis je posai mon seau, échangeai un dernier sourire avec mon équipe de nettoyage, puis je suivis mon mentor jusqu’au pont.

Au dehors, il y avait un petit attroupement qui m'empêchait de passer, mais Beckmann me fraya un chemin à coups de coude. Je pus progresser jusqu'à arriver au centre et lorsque je reconnus la personne qui avait attiré la curiosité de mon équipage, j'écarquillai les yeux et restai bouche-bée.
Un manteau noir, une veste bleue, un jabot blanc, un chapeau haut-de-forme, une cicatrice sur l'œil et de beaux cheveux blonds.

- Sabo !

En s'entendant apostrophé, Sabo releva la tête et se tourna vers moi. Un sourire fendit son visage, il s'avança rapidement.

- Isiris !
- Tu m'as manqué ! Mais... Comment ? Et tu ne devrais pas être avec les révolutionnaires ?
- Ta carte de vie m'a bien servie. Et ne t'en fais pas, ils sont au courant.

Il agita rapidement deux doigts entre lesquels étaient coincés un petit papier. J'hochai la tête en souriant. C'est vrai que je lui avais donné un morceau de ma carte de vie. Je le détaillai rapidement du regard. Il n'avait pas changé, il était toujours le même, bien que ses joues soient plus creusées que d'habitude. C'était bien lui, j'étais heureuse de revoir un ami qui m'était cher.

Son regard dévia sur le côté gauche de mon visage, avant de bifurquer à vitesse-éclair. Le rose me monta aux joues, mais je trouvai adorable la politesse du jeune homme qui ne voulait pas me mettre dans l'embarras. Je lui souris, voulant lui signifier que ce n'était rien. Il hocha la tête. Il était à présent sérieux, tout en conservant un sourire. Je le fixai avec attention, curieuse par ce revirement soudain. Est-ce qu'il se passait quelque chose de grave ? Il se rapprocha davantage de moi et me regarda droit dans les yeux.

- J'ai des choses à te dire. On peut aller en discuter plus loin ?

Je me sentis tout à coup mal à l'aise. Je ne pouvais pas. On avait besoin de moi à bord, et puis j'avais entraînement cet après-midi.
Face à mon silence et à la décomposition de mon visage, Sabo dût se douter de ma réponse, car il abandonna son sourire pour un visage totalement sérieux cette fois-ci. Il lança un coup d’œil à mon capitaine, tandis que je me tournai vers Beckmann. Je n'eus pas besoin de supplier mon mentor du regard, il avait déjà hoché la tête en signe d'approbation. Derrière moi, j'entendis Shanks éclater de rire.

- Hors de ma vue, vous deux !

La joie m'étreignit le coeur. J'avais vraiment les meilleurs des commandants. Sabo eut un hochement de tête, il semblait ravi. Shanks s'esclaffait toujours, et je lui offris un sourire en remerciement puis sans attendre davantage, je suivis le blondinet sur la terre ferme.

Une Question de Justice [One Piece]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant