Chapitre 36

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Je m’étais forcée à me lever tôt et le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque je revins à la chambre d’hôtel que j’avais louée pour mon père et moi. Il était fort improbable qu’il soit réveillé, je veillais donc à faire le moins de bruit possible en entrant dans la pièce, mais en vain :

- Tu en as mis, du temps.

En entendant sa voix, mes lèvres se retroussèrent en un sourire. Je me dirigeai vers la table en bois entreposée dans un coin pour y poser le sac que j’avais sur les épaules. Je l’ouvris et commençai à décharger son contenu tout en jetant un regard par dessus mon épaule.

- Tu es réveillé depuis longtemps ?
- Pas vraiment, non.

Il poussa un bâillement sonore. Le connaissant, il risquait de ne pas tarder à se rendormir. Je finis d’installer sur la table les provisions et le matériel médical que je venais d’acheter, puis je fis volte face. Le lit dans lequel était allongé Aokiji était adapté à sa taille et semblait énorme à mes yeux. Mon père avait le regard dans le vague et un air endormi, mais depuis Punk Hazard, il y a maintenant trois jours, il avait repris quelques couleurs. Ses blessures bandées commençaient à se cicatriser, il retrouvera bientôt son énergie habituelle mais j’avais insisté pour qu’il reste au lit, on était pas à l’abri de complications médicales et c’est ce qui m’inquiétait.

Aokiji se redressa en s'appuyant sur ses avants-bras. J’ouvris la bouche, prête à protester et à lui dire de s’allonger totalement, mais je renonçai. J’avais déjà eu assez de mal comme ça à le convaincre. Je m’approchai du lit et je m’assis sur le rebord. D’un main, je farfouillais dans la poche de mon manteau et finis par en sortir un petit paquet que je lui tendis. Il ouvrit des yeux curieux avant de sourire en coin.

- C’est pour moi ?
- Oui, je me suis dis que ça te ferait plaisir.

Il reposa les yeux sur le paquet, le prit en main et n’attendit pas plus pour le défaire. Lorsqu’il aperçut les lunettes rondes à verres marron qui étaient à l’intérieur, il resta un moment à les fixer. Je me penchai vers lui et le regardai avec inquiétude, ne comprenant pas sa réaction. Il avait toujours adoré les lunettes de soleil, ou en tout cas il avait toujours été ravi d’en recevoir une paire à chacun de ses anniversaires. Il finit par se retourner vers moi et il me sourit, avant de mettre les lunettes sur son nez.

- De quoi j’ai l’air ?
- D’un homme cool !

Un léger rire m’échappa. Définitivement, les lunettes lui allaient toujours à la perfection, c’était dommage qu’il n’en porte pas plus souvent. D’un doigt, il releva les lunettes sur son front, là où devrait normalement se situer son masque de sommeil s'il n’avait pas été brûlé durant le duel, puis il se pencha et déposa un baiser sur mon front en remerciement.

- Tu veux bien aller fouiller dans les poches de mon manteau ?

J’acquiesçai face à sa demande et me relevai immédiatement pour m’approcher du manteau, accroché au bout de son lit. Dans la première poche, je ne trouvai rien, mais dans la deuxième, mes doigts heurtèrent un objet dur. Je le saisis puis le sortis du vêtement, avant d’ouvrir des yeux ronds en reconnaissant l’objet. Le gardant en main, je jetai un regard surpris en direction de mon père.

- Comment ça se fait que tu l'aies ?
- Je l'ai repris à Doflamingo. Je me disais qu'il avait peut être me porter chance contre Sakazuki.

Ses traits s'étaient plissés en une moue mi-blagueuse mi-ironique, comme si sa défaite de Punk Hazard ne lui travaillait pas la conscience. Je revins m’asseoir aux côtés de mon père sans le quitter des yeux, en délaissant sur la table de chevet le saï que je venais de récupérer. Je souris, bien que je n’en avais aucune envie, mais je ne voulais pas passer pour une ingrate. J’étais tracassée, le combat contre Doflamingo me revenait en tête. J’avais parfaitement conscience que j’avais eu de la chance, beaucoup de chance, j’aurai pu y laisser la vie d’une facilité déconcertante.

Une Question de Justice [One Piece]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant