Chapitre 64

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Peu de temps après, les suspicions du Chien Rouge furent assouvies. Le jeune soldat des archives, un dénommé Vergo, lui avait amené tout ce qu’il cherchait, et ses découvertes lui firent voir rouge. Il serra la liasse de papiers dans sa main, et sans y prendre attention, des gouttes de lave émanant de son poing fermé vinrent réduire en cendres les documents. Il se leva rapidement de son bureau et sortit de la pièce en claquant la porte. Il passa devant le bureau de Kuzan, et depuis la porte ouverte, il pût voir son collègue dormir à son bureau avec sa fille gazouillant dans ses bras. Akainu n’hésita pas une seule seconde et il continua sa route. Kuzan était trop épris de cette femme pour qu'on lui fasse entendre raison. Au moins, qu’il fasse la sieste était bon pour une fois, il allait lui permettre de ne pas se mettre sur son chemin, et ainsi, Sakazuki pouvait agir librement.

Il ne lui fallut que quelques minutes pour trouver la femme. Elle était seule dans une cour annexe du Quartier Général, à prendre soin d’un potager qu’elle avait elle-même fait pousser. Lorsqu’il se rapprocha d’elle, elle dût se douter de quelque chose, car elle s’était redressée et lui faisait face en lui jetant un regard de braise, sa main jouant avec un bracelet en perles suspendu à son poignet.
Le chien de magma s’arrêta à bonne distance d’elle, sur ses gardes. Il ne la sous-estimait pas, loin de là.

- Les rats se terrent de mieux en mieux avec le temps.
- Qu’est ce que tu veux, Saké ?
- Je dois admettre que tu es meilleure actrice que les autres, Kuroshinju. Aller jusqu’à avoir un gosse avec Kuzan pour gagner sa confiance... Tu es ambitieuse, peut être même trop.
- Je t’interdis de parler de ma fille sur ce ton.

Gyn serrait les poings, son regard alors méfiant crachait une haine sans nom envers Akainu. Cela ne le surprit pas, elle était de caractère colérique et n'avait pas beaucoup de patience, d'autant plus lorsqu'on touchait un point sensible et, bien heureusement, il connaissait son point faible. Il savait bien qu’à ses yeux, son enfant était tout, et il comptait bien s’en servir. Il se rapprocha de quelques pas d’elle. Elle recula. Elle ne le montrait pas, mais elle avait peur. C’était légitime. Chaque pirate devait trembler lorsqu’il sentait la Justice arriver.

- J’ai toujours pensé qu’Isiris était malchanceuse d’être née de deux abrutis, mais je vois à présent que c’est plus que de la simple malchance. Son sang est pourri.
- Ne parle pas d’elle...
- Oui, son sang est pourri. Je dirai même plus : comme sa mère, elle deviendra une pourriture.
- Ça suffit.

Il n’en avait pas fallut de plus pour la faire mettre en garde, les poings serrés et les traits déformés par la rage. Les perles de son bracelet s’étaient séparées et envolées pour à présent graviter autour d’elle. Un fruit du Démon, encore une cachotterie.
Alors que la jeune femme se mettait en position d’attaque, Akainu resta statique, les mains dans les poches et le regard fixé sur elle. Il se permit un léger sourire. Les pirates étaient tous aussi stupides et manipulables.

- Donne tout ce que tu as, Akoya D. Mona.

Sous le coup de la surprise, les yeux de Gyn s’écarquillèrent. Elle était totalement démasquée. Son coeur battait à tout rompre dans sa cage thoracique. C’était fini, tout était fini, le monde dans lequel elle aurait voulu à présent vivre s’effondrait. Ou s’effondrerait, si Akainu révélait tout. Elle serra les dents. Elle connaissait la puissance de son adversaire, elle savait qu’elle avait très peu de chance de le vaincre voir aucune, mais il fallait qu’elle tente, si elle voulait vivre heureuse avec son amant et sa fille.
Sans hésiter, elle poussa un cri d’attaque et se jeta sur Sakazuki. Elle allait tout donner, dut-elle en mourir.

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Akainu redressa sa casquette. Il avait quelques douleurs au corps, mais rien de dérangeant. Alors que la lave revenait à lui, il baissa les yeux vers le corps étalé au sol. Elle respirait encore, mais trop faiblement. Elle succombera bientôt aux brûlures. Le marine fit demi-tour, et par appel Den Den Mushi, il demanda à ce qu’on vienne récupérer le cadavre.

Venait maintenant la partie la plus ennuyeuse. Il devait annoncer ce qu’il venait de se passer à l’un des amiraux, voire directement à l’amiral en chef. Il espérait ou plutôt il exigerait que des mesures de sécurité soient prises. Ce qu’il venait de se passer ne devait pas se reproduire. Un pirate ne devait plus infiltrer aussi facilement la force armée du Gouvernement Mondial.

Alors qu’il remontait le couloir vers les bureaux des amiraux, il passa devant les quartiers de Kuzan et entendit un gazouillement à ses pieds. Il s’arrêta et baissa la tête. Apparemment, la petite avait réussi à échapper à son père. En marchant à quatre pattes, elle s’était approchée de Sakazuki. Il resta stoïque et la regarda fixement dans les yeux. Des yeux aussi bleus que ceux de sa mère. Sakazuki serra les dents et la regarda avec colère. Elle éclata directement en pleurs. Le marine grimaça. Il se pencha et entre deux doigts, il saisit l’enfant par son vêtement et le porta à la hauteur de ses yeux. La petite pleura de plus belle en agitant ses jambes dans tous les sens. Il respira profondément, en essayant de prendre sur lui. Cette fille jouait sur ses nerfs et il était sûr que ça ne fera qu’empirer avec l’âge.

La porte du bureau s’ouvrit soudainement en grand et Kuzan fit irruption. Son regard surpris fit un aller retour entre son collègue, et son bébé. Ses traits se durcirent. À une vitesse fulgurante, il arracha l’enfant à Akainu, la récupéra et tâcha de la bercer pour la calmer.

- Chut ma grande… Le vilain monsieur te fera aucun mal.
- Kuzan--
- Sakazuki, si tu fais encore pleurer ma fille, ce sera mon poing dans ta mâchoire.

Le chien de magma haussa un sourcil. Kuzan était-il vraiment en train de le menacer ? Depuis qu’il était devenu père, il était si protecteur envers sa fille, c’en était irritant. Cette fillette n’avait encore pas deux ans qu’elle les dressait déjà l’un contre l’autre, encore plus qu’ils ne l’étaient déjà. La faute à qui, à quoi ? À Gyn, et à la naïveté de Kuzan. Akainu n’y accorda pas grande importance, mais il garda en tête qu’à l’avenir, il devrait surveiller de près la fille de Kuroshinju, Akoya D. Isiris.

Et un jour, il faudra qu’il raconte tout ce qui venait de se passer à l’amant de la pirate, mais il ne l’avait pas fait avant plusieurs jours, quand l’amiral en chef avait été prévenu et Kuroshinju déclarée morte. Lorsque Kuzan l’avait appris, cela avait été la plus grande dispute que les deux futurs amiraux avaient jamais eu jusqu’à après la Guerre du Sommet, et depuis, Kuzan n’avait plus jamais mentionné Gyn, ni à sa fille, à qui il avait dit que sa mère les avait quitté, ni à personne d’autre.

Une Question de Justice [One Piece]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant