Chapitre 65

810 89 46
                                    

Ma respiration s’était accélérée malgré moi. Ma lèvre inférieure, coincée entre mes dents, tremblait. Un frisson me parcourut l’échine, mais je tâchai de ne pas y succomber. Tout ce qu’il venait de me raconter m’avait pétrifié sur place… J’essayai de me rassurer en me remémorant la nature manipulatrice de mon interlocuteur. Je le connaissais assez pour savoir qu’il était capable de me raconter un terrible mensonge sans ciller, mais malgré cette pensée, le doute s’était déjà immiscé. J’essayai de l’ignorer, et de me dire qu’il baratinait simplement pour briser mon moral… ça ne pouvait pas être vrai, c’était impossible… Je redressai soudainement la tête, un léger sourire sur les lèvres. Non, c’était impossible.

- Tu l’as dis toi-même. Tu lui as réglé son compte. Impossible que ce soit elle.

Sans m’en rendre compte sur le moment, j’avais plusieurs fois bafouillé. Mes mains s’étaient emparé de mes chaînes et les serraient de toutes leurs forces, comme si je tentais d’échapper à une chute en me cramponnant à elles. Je forçai mes tremblements à se stopper, et mon coeur à calmer son rythme cardiaque, mais mon affolement reprit une légère poussée lorsque la voix de mon interlocuteur, toujours aussi rauque et sévère, me répondit.

- Je le croyais également, jusqu’à ce que Smoker prononce son nom. Il s’avérerait que Vergo l’aie sauvé et ramené à leur patron commun. 

Sakazuki me lança un regard appuyé. Je baissai la tête et regardai fixement le sol en tentant d’apaiser ma respiration. Leur patron… Je murmurai un ‘’non’’, cherchant plus à me rassurer qu’à convaincre le marine. Impossible, c’était impossible. Doflamingo voulait ma mort, si cette femme, Gyn, était vraiment ce que Akainu affirmait, soit elle m’aurait tué pour cet homme, soit elle ne l’aurait pas laissé faire, mais elle ne serait pas restée inactive. Et puis, si c’était vraiment elle, si tout était vrai, elle serait venue s’expliquer auprès de mon père et aurait repris sa place, elle aurait mené une vie paisible avec nous… à part si, comme le disait le Chien Rouge, elle n’avait fait que manipuler Aokiji en m’ayant avec lui. Je secouai la tête avec force. Le choc était un minimum passé et le doute partit. C’était impensable. Ma mère ne pouvait pas être elle, elle me l’aurait dit sur Applenine, avant que ça ne parte en combat et… Bien pire. Et puis mon père me n’aurait pas caché le fait qu’elle soit encore en vie, même si c’était une criminelle.

Alors que je reprenais petit à petit contenance, un souvenir me revint. Celui au G-5, mon duel contre Vergo, alors que j’essayai de couvrir Sabo et Koala qui tentaient de sortir. Gyn… Elle m’avait sauvé contre lui, en faisant éclater une perle dans son organisme. Une alliée de Doflamingo qui me sauvait d’un allié de Doflamingo. Et si c’était… Non… Pas possible… Il y avait forcément une explication plus logique que celle que me donnait l’amiral-en-chef.

- Tu mens. Je ne te crois pas.
- Au contraire, tu me crois. Mais la vérité te fait peur. Regarde-moi.

Je secouai négativement la tête, mais automatiquement, mon regard se leva et croisa le mien. Je sentis mes yeux me picoter et ma vue se flouta légèrement, obstruée par des larmes que je ne contrôlais pas. Sakazuki ne détourna pas son regard et me fixa. Pour la première fois de ma vie adulte, j’eus peur de lui. Je ne pouvais pas bouger, ni même ciller, c’est à peine si je pouvais respirer, alors qu’il ouvrit la bouche et articula lentement, en prenant son temps, comme pour s’assurer que chaque mot était un coup de poignard pour moi.

- Tu as tué ta mère.

Une Question de Justice [One Piece]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant