Chapitre 63

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-----Il y a 28 ans.-----

Sakazuki en avait pour ainsi dire assez. Il en avait assez d'être constamment celui désigné pour aller chercher Kuzan parce que cet abruti ne répondait plus au Den Den Mushi, quel que soit le degré d’importance de l’appel. Il pressa le pas, jusqu’à arriver à l’un des nombreux balcons de Marineford. Et évidemment, il était là. Comme presque à chaque fois.

Aokiji riait. Il semblait heureux, et s’agitait autour d’une femme assise sur un banc. Il portait dans ses bras un bébé, qu’il faisait parfois virevolter en l’air, sous le regard amusé de la femme. C’était un beau tableau. Quelle jolie petite famille. Sakazuki aurait presque pu sourire si il n’avait pas tant de rancœur envers la femme et l’enfant. Pas qu’il était jaloux ou autre, mais ces deux êtres étaient ceux qui empêchaient à Kuzan de faire son travail correctement depuis presque deux ans pour la femme, un an pour le bébé.

Depuis que Kuzan avait rencontré cette femme et qu’il était devenu père, tout avait déraillé. Il ne travaillait plus activement pour la Marine, c'était comme si il la subissait, il ne mettait plus la Justice et l’Ordre au premier rang, mais sa toute nouvelle famille. Sakazuki pouvait comprendre que devenir père chamboulait l’existence, mais il fallait savoir se ressaisir, surtout pour un gradé.
Il s’avança un peu plus et se stoppa. Par réflexe, il croisa les bras, et leva son regard vers son collègue.

- Kuzan !

En s’entendant interpellé, Aokiji cessa de rire et de jouer avec son bébé, mais il le garda dans ses bras et se tourna vers Sakazuki.

- Yo. Qu’est ce que tu veux ?
- Si tu avais décroché ton Den Den Mushi, tu saurais. Kong a demandé à nous voir.
- Ah.

Aokiji se détourna et déposa son enfant dans les bras de la femme, puis, les mains dans les poches, il contourna son interlocuteur et partit. Akainu s’apprêta à le suivre, lorsqu’il remarqua que la femme, tout en berçant l'enfant, le fixait avec attention d’un regard noir. Il fit un bref signe de tête.

- Gyn.
- Sakazuki.

Il n’attendit pas plus pour partir. Il n’avait aucune envie de perdre plus de temps en sa présence. Il ne la portait pas dans son coeur et c’était réciproque. Comme quoi, il ne s’entendrait jamais avec l’entourage de Kuzan. Les chiens ne font pas des chats.

Après l’entretien avec l’amiral en chef, chacun était retourné à ses occupations. Borsalino était partit à vitesse lumière ennuyer quelqu’un d’autre qu’eux, et Kuzan avait filé, soit pour retourner auprès de sa famille soit pour dormir. De toute façon, cela ne regardait pas Sakazuki.

Le chien de magma errait dans les couloirs de Marineford. Il ne savait pas trop comment occuper le temps libre qu’il avait à présent. Il songea à retourner tailler ses bonzaïs, et bien que l’envie lui manquait, c’est avec cette idée qu’il se dirigea vers l’étage où il travaillait. Il passa devant le bureau de Borsalino, et devant celui de Kuzan, l’esprit distrait, mais des paroles animées provenant du bureau de ce dernier éveillèrent son intérêt. Le couple serait-il en train de se disputer ? Bah ! ça ne le regardait pas. Il s’apprêtait à repartir, mais il se rendit subitement compte que la voix avec laquelle Gyn échangeait n’était pas celle de son petit-ami. Il plissa les traits de son front et se rapprocha de la porte en veillant à ne faire aucun bruit.

- … tes combines. Je n’ai aucune obligation envers toi.
- Fufufufu, tu n’es pas sérieuse ?
- Je ne rigole pas.
- Si c’est la gosse que tu veux, tu n’as qu’à l’amener quand tu en auras fini. On l’élèvera à notre manière.
- Ce n’est pas ta gosse, mais celle de Kuzan, enregistre ça dans ton crâne.
- Oï... Oï, Gyn… Est ce que je dois comprendre que tu me quittes ?
- Je finis ce que j’ai commencé, c’est tout. Ensuite, je veux plus jamais entendre parler de toi, c’est clair ?
- Je ne te laisserai pas filer aussi facilement.
- Il le faudra. Ne m’appelle plus. Gatcha.

Sakazuki se décala juste à temps, alors que la femme ouvrait la porte et sortait. Le bébé, endormi, était toujours blotti dans ses bras, mais elle ne semblait y accorder aucune importance. Ses traits étaient tendus, elle semblait en colère et sur le point d’exploser. Lorsqu’elle remarqua le marine qui lui faisait face, elle soutint son regard. Évidemment. Elle était trop fière pour ne pas lui faire face lorsqu’il la dévisageai. Il y avait de la méfiance dans ses yeux, il le voyait bien, mais il resta parfaitement stoïque.

- Tu parlais à quelqu'un ?
- Ça ne te regarde pas.

Après avoir parlé d’un ton incisif, elle détourna rapidement le regard et esquissa quelques pas, mais Sakazuki l’attrapa brutalement par le bras. Elle releva les yeux, et ils échangèrent un regard menaçant. Akainu resserra sa prise autour de son bras, et murmura entre ses dents :

- Fais attention, Mona.

Il n’était pas censé le savoir, mais il le savait. Mona, voilà comment elle s’appelait réellement, mais elle détestait tellement ce nom qu’elle se faisait depuis longtemps appeler Gyn. Seul son entourage le plus proche connaissait ce nom qu’elle qualifiait de ‘’maudit’’. Il sentit le corps de Gyn se raidir alors qu’elle le dévisageai avec surprise, mais rapidement elle fronça les sourcils et l’assassina du regard.

- Si tu veux récupérer ta main entière, t’as intérêt à me lâcher tout de suite.

Il détestait ce regard. Il détestait ce ton. Il détestait sa façon de se comporter. Il la détestait tout simplement, mais c’était plus qu’une simple haine qu’il avait envers elle, c’était de la méfiance, et sa méfiance s’était renforcée après ce qu’il venait d’entendre. Il la lâcha, avant qu'elle ne mette sa menace à exécution. Il savait qu'il était suicidaire de la sous-estimer, elle était aussi maligne de lui, et il n’avait pas envie de se mettre à dos Kuzan à cause d'elle. Gyn recula dès qu’elle fût libre, en serrant avec force son enfant contre elle, mais elle continuait de fixer Sakazuki avec détermination et colère, elle continuait de lui parler avec un ton insolent.

- Que ce soit clair, Saké. Ne t’approche pas de moi, ni de ma fille.

Elle ne lui laissa pas le temps de répliquer et fila rapidement. Il serrait les dents et son poing de toutes ses forces, mais ravala sa fureur, et partit lui aussi d’un pas rapide. Il passa devant son bureau, mais n’y entra pas. Il descendit quelques escaliers, traversa quelques couloirs, jusqu’à se retrouver dans la salle des archives. Il ne lui suffit que d’un rapide coup d’oeil pour trouver un soldat de disponible. Un jeune aux favoris particuliers qui portait des lunettes noires. Lorsque ce soldat vit arriver Akainu, il se précipita tout de suite vers lui, en se mettant au garde à vous. Le supérieur alla droit au but :

- Je veux que tu fasse une recherche.
- Bien monsieur ! Puis-je vous demander sur quel sujet ?
- Une femme. Gyn.
- La marine ?
- Et alors ?
- Rien. Ce serait fait monsieur. Je ferai au plus vite.
- Cherche bien. En particulier dans les avis de recherche.
- Bien monsieur.
- Encore une chose. Je n’ai pas intérêt à apprendre que cet ordre a fuité, c'est compris ?
- Bien monsieur ! Je vous donnerai les résultats le plus rapidement possible.

Akainu fit un bref de signe de tête. Le jeune soldat rompit son salut et se mit directement au travail. Le gradé partit immédiatement. Il espérait avoir bientôt des réponses. Car si une pirate infiltrée traînait dans les couloirs de Marineford, Kuzan ou pas, enfant ou pas il s’occuperait lui-même de son compte.

Une Question de Justice [One Piece]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant