Chapitre 83

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Sans attendre davantage, je me jetai dans les bras du révolutionnaire. Il referma immédiatement sa poigne autour de moi, mais je sentis ses muscles trembler, comme si ses émotions menaçaient d'exploser. Je sentis mon cœur pulser énergiquement dans ma poitrine tandis qu'un incroyable sentiment de liesse m'envahissait entièrement, et soudainement, cédant à mon émoi, je me mis à pleurer. Des perles d'eau fluides se mirent à sillonner mes joues, sans que je puisse ou veuille les arrêter. Ma respiration s'était accéléré, et j'eus un bref instant l'impression que mes sentiments allaient finir par me tuer.

Je l'aimais. Bon sang, j'aimais cet homme, et après tout ce que nous venions de vivre, je n'arrivais qu'à ressentir un profond soulagement, soulagement d'être en vie, d'être libre, et d'être auprès de l'homme que mon cœur avait choisi.

Alors que je sanglotais silencieusement, les yeux fermés, je sentis le toucher d'un doigt ganté effleurer ma peau et repousser une par une chacune de mes larmes.
En rouvrant les paupières, je m'aperçus que les yeux de Sabo étaient également rougis par des pleurs. Ses doigts, occupés à sécher mes larmes, tremblaient, mais il était trop concentré sur moi pour se soucier de son propre état. Inquiète, je plongeai mon regard dans le sien.

- Sabo...

Mon murmure fût à moitié étouffé lorsque tout à coup, le jeune homme me prit complètement dans ses bras, me serrant contre lui de toutes ses forces. Des soubresauts le traversèrent et je l'entendis réprimer des reniflements. Il semblait en total état de choc et je n'aimais absolument pas le voir ainsi. Mon cœur, auparavant si joyeux, avait été touché par l'angoisse qu'il m'inspirait, mais avant que je puisse ouvrir la bouche et le consoler, mon homme, entre deux sursauts, s'exclama :

- Je suis si heureux... Que tu sois en vie !

Ses pleurs redoublèrent et les miens reprirent. Je le serrai de toutes mes forces dans mes bras, tremblant légèrement.
Nous étions enfin réunis, nous ne devrions pas pleurer... Et pourtant, les larmes continuaient de couler, sans qu'on puisse les arrêter. C'était des larmes de joie, et je n'avais qu'une envie, continuer de laisser ces gouttes d'eau m'échapper en restant contre ce blondinet, continuer d'être auprès de lui, continuer de l'aimer.

Après quelques secondes, lorsque les pleurs s'étaient faits moins violents et l'émotion moins grande, je parvins à murmurer à l'oreille de Sabo :

- Je t'aime.

À ces simples mots, il cessa de trembler. Il redressa la tête et dirigea son regard vers moi. Un regard empli d'affection et d'amour. Je ne pus résister et je lui offris un sourire, qu'il me rendit avec amour, cessant petit à petit de pleurer.
Sa main vint délicatement se poser sur ma joue. Il ouvrit la bouche, puis la referma, avant de la rouvrir et de rester sans voix. Ses joues se colorèrent d'un rose vif et je ne pus m'empêcher de sourire encore plus, tendrement amusée. Depuis que je le connaissais, il n'avait jamais été aussi timide, aussi craintif de parler et de dire quelque chose de travers. Était-ce parce que cette fois-ci, notre amour avait été révélé au grand jour ? Ou parce qu'il ne savait pas, en bon gentleman qu'il était, comment s'y prendre ?
Avec douceur, je passai mes mains sur sa nuque.

- Je crois que c'est le moment parfait pour s'embrasser.

Mes paroles murmurées accentuèrent son rugissement, mais rapidement, une étincelle apparut dans son regard, et un sourire en coin naquit sur ses lèvres. Il chuchota joyeusement :

- Maintenant que nous sommes en sécurité...

Il abaissa sa tête et, avec la délicatesse qui le caractérisait si bien, il posa ses lèvres sur les miennes.

Le baiser fût plus doux que le premier, mais pas moins intense. Je fermai les yeux, voulant profiter de chaque instant. Un profond sentiment de joie mêlé à de l'amour m'envahit à nouveau. C'était comme si une flamme intense brillait au plus profond de moi, tout en illuminant tout mon être. J'aimais Sabo de toute mon âme, de tout mon cœur, de toutes mes forces, et je savais que jamais, je n'arriverai à décrire parfaitement ce que je ressentai pour lui... Et je n'avais même pas envie d'essayer. Tant que je pouvais vivre mon amour pour lui aussi pleinement que je vivais ce simple instant, j'étais heureuse.

Nos lèvres finirent par se séparer. Je respirait rapidement, en partie par manque d'air, en partie par cette impression d'enivrement qui m'avait saisi. En relevant la tête vers Sabo, je vis son visage, rayonnant de joie. Un magnifique et grand sourire s'était approprié ses lèvres. Toujours aussi délicatement, mais avec plus d'assurance, il prit mes mains dans les siennes, en me couvant d'un regard amoureux.

- Je t'aime, mon amour...
- Oh, on passe tout de suite aux surnoms ?

Alors que je le considérai en souriant d'un air taquin, il me répondit d'une moue timide. Il lâcha l'une de mes mains pour baisser son chapeau en avant, dans l'espoir de cacher son visage rougissant d'embarras. J'éclatai de rire face à sa réaction.

- Te cache pas, mon ange.

Je déposai un rapide baiser sur sa joue. Il releva son chapeau et me lança un regard mi-surpris par mes paroles, mi-charmé par elles. Un petit rire nous secoua tous les deux, rire que je trouvais, après quelques secondes, bien gras pour nous deux...

- Hihi...
- Ils sont mignons comme tout...

Je sursautai en entendant ces voix inattendues, et je me rendis compte avec horreur qu'au moins la moitié de mes nakamas nous encerclaient et nous regardaient, Sabo et moi. Ils étaient sortis de la salle à manger dans un silence presque parfait et qui m'étonnait de leur part. En voyant les sourires suggestifs et les regards attendris qu'ils nous lançaient, je me sentis rougir. Sabo me lâcha les mains, pris autant au dépourvu que moi.

- Regardez ! Ils sont tous rouge !
- Les amoureux !
- Eh Isis ! À quand le mariage ?
- Les gars ! Vous avez vraiment pas mieux à faire ?!

Une Question de Justice [One Piece]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant