Chapitre 8

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Le soleil s'était couché. Le ciel commençait à s'assombrir, préparant l'arrivée des astres et de la nuit. Il n'y avait presque plus personne dans les rues. J'étais seule, marchant en direction du pub pour rejoindre mes camarades. Depuis le temps qu'ils y étaient, ils devaient avoir bien consommé. Je les imaginais parfaitement : des rires, des éclats, Shanks accoudé au bar, Beckman buvant avec modération tout en surveillant les autres, Lucky Roo avec un morceau de viande et une choppe remplie à ras-bord, Rockstar riant sans vergogne, les esprits manipulés petit à petit par l'alcool...

À cette pensée, je ne pus réprimer un sourire. Qu'il était beau, dis donc, l'équipage du célèbre Shanks ! Mais honnêtement, je les aimais comme ils étaient, et les avertis savaient qu'il ne fallait pas se fier aux apparences.

Mon esprit interrompit mes pensées, brutalement mis en alerte. Un homme. Deux, maintenant. Trois. Quatre. J'étais suivie.
Je continuai ma marche comme si de rien n'était. Au contraire d'être sous pression ou inquiète, j'étais détendue. Je n'étais pas une novice ni une femme en détresse, si besoin je me défendrai. Je tournai à droite, le chemin opposé au pub. Pas envie de démarrer une bagarre entre ces gars et mes nakamas.
Oh. Un homme au bout de la rue. Ils étaient cinq, finalement. Je stoppai mes pas, et me mis de profil de façon à pouvoir voir ceux qui me suivaient et celui qui me barrait le passage. Avec le peu de lumière que produisait le ciel, je pus apercevoir leurs visages, leurs vêtements et leurs armes. Des pirates. Le plus baraqué du groupe s'avança, facile de déduire qu'il s'agissait du chef.

- Eh ma jolie, ça te dirait de venir boire un verre avec nous ?

Je fronçai les sourcils. Yeurk, répugnant. Je pris la décision de ne pas agir de suite, mais par sécurité, je posai ma main sur ma hanche, près des poignées de mes armes. Je restai totalement muette, tandis qu'un autre des pirates interpella l'un de des compères en poussant un sifflement.

- Ils font de beaux specimens, à la Marine ! Si j'en voyais des comme ça plus souvent, je finirai par me rendre !

Quand je parlais des apparences. Ils avaient vu mon manteau, et ils s'étaient trompé. Je les fixai avec neutralité, les regardant rire. Quels porcs.

- Vous devriez faire plus attention à qui vous vous adressez. Vous pourriez être surpris.

Ils cessèrent de rire, prenant un air ahuri. J'avais parlé comme j'aurai parlé dans la Marine face à des ennemis, d'un ton sûr de soi, autoritaire, sévère et presque menaçant. Leurs visages surpris laissèrent place à de la colère. Leur chef sortit un pistolet, retira le cran de sûreté et me visa avec. Je soupirai. Pourquoi je tombais toujours sur ce genre d'ennemis, brutaux et sans intelligence ?

- Te fous pas de nous, ma belle. Tu vas venir avec nous.
- Suivre des attardés-crétins dénués d'intelligence ? Merci mais non merci.

Je n'eus même pas besoin de réfléchir pour éviter les deux balles tirées dans ma direction. Je profitai des secondes que dura leur stupéfaction pour attraper mes saï, un dans chaque main, et sans hésiter, je vins planter l'une des lames dans le ventre du chef.  Je ne lui laissai pas le temps de respirer, et lui asséna un second coup avant de le pousser d'un coup de pied vers le sol.
J'entendis des cris, des détonations. Les sbires de ma victime se jetaient eux-aussi à l'attaque. Comme pour auparavant, je me servis du Haki de l'Observation pour éviter tous leurs tirs, et je profitai de mes esquives pour me rapprocher d'eux.

Une chose que j'aimais, avec les saï, était qu'ils étaient multitâches. On pouvait les lancer, s'en servir au corps à corps, mais également les ramener vers les avant-bras pour s'en servir en bouclier. Et c'est cette dernière technique que j'employai pour assommer l'un de mes assaillants. Plus que trois. Je me plaçai correctement et lançai un de mes saï, qui vint leur ôter leurs pistolets des mains. Mince, le chef s'était redressé. Et l'un dégaina son sabre. J'entamai un duel d'armes blanches contre le sabreur, tout en maintenant les autres à distance.

Le sabre vint se caler entre la pointe principale et l'une des pointes latérales de mon arme. Sans hésiter, je profitai de l'erreur de mon adversaire et exécuta le mouvement, ce mouvement de poignet qui permettait à un saï de briser la lame d'un sabre.
Des fragments tombèrent au sol sous l'air ébahi du pirate. Il recula et rejoignit les autres encore debout. Ils me fixaient, mais n'osaient même pas bouger. Leur chef avait une main posée sur sa blessure, il grimaçait de douleur et m'assassinait par un regard haineux.

- Petite traînée...

Je poussai un soupir. C'est pas tout, mais j'aimerai bien rejoindre mon équipage, moi. D'un pas tranquille, je vins récupérer le saï que j'avais lancé auparavant.

- C'était sympa.

Je passai mes armes dans ma ceinture de tissu, un sourire suffisant sur les lèvres. Je me raclai la gorge et commençai à fredonner un air doux. Le groupe de pirates se mirent à trembler, ils reculaient. L'un d'entre eux, voulant jouer au courageux, dégaina son sabre.

- A-arrête tes conneries !

J'accentuai mon fredonnement. Ils semblèrent se statufier. Je continuai de fredonner. Ils devinrent totalement neutres, le sabre échappa des mains du hardi. Sans cesser, je m'avançai vers eux. Je finis par chanter à pleine voix. Leurs corps se raidirent, ils tombèrent comme des mouches.
Mon chant se solda par un sourire satisfait. Je baissai la tête vers mes victimes. Leurs yeux étaient fermés, ils étaient inconscients. Assommés, plus exactement.

Un autre caractéristique de mon fruit du Démon me permettait, par un simple chant, de manipuler mes proies pour leur faire faire ce que je voulais. J'adorais cette capacité, sa puissante était incroyable.
Je vins m'agenouiller près des corps, et en moins de deux minutes, j'avais fini de les ligoter.

Je ne comptais pas les livrer à la Marine, pour deux raisons. La première, parce que cette histoire étaient entre pirates et ne concernait pas les Forces du prétendu "Ordre". La deuxième, je ne souhaitais pas les livrer aux mains d'une Justice que je haïssais.
Je les laissai ainsi, ligotés, dans la ruelle, et repris le chemin vers le pub, non sans les avoir détroussé des richesses qu'ils avaient sur eux. Eh, je suis une pirate, pas un enfant de coeur.

Une Question de Justice [One Piece]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant