Chapitre 44

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Every nous avait guidé dans un silence implacable. Nous avions traversé la porte d’une maison, un escalier et un tunnel remplis de pirates montant la garde pour finalement arriver dans une pièce circulaire.

J’avais été sur mes gardes tout du long, ne voulant pas avoir de mauvaise surprise, mais je ne pus m’empêcher d’écarquiller les yeux.
Malgré qu’elle soit située sous terre, la pièce où nous nous trouvions était lumineuse grâce à un grand lustre, spacieuse et surtout luxueuse. Des fauteuils et des canapés ouvragés étaient disposés un peu partout et n'importe comment sur des tapis, sauf au centre où, autour d’une table basse en bois vernis, deux canapés écarlates se faisaient face. Pour compléter la décoration du lieu, une série de portraits dans des cadres dorés étaient accrochés au mur et faisaient le tour de la pièce.

Après être revenue de mon étonnement, je fis volte-face en entrouvrant la bouche, voulant demander plus d’explications à Every, mais je m’arrêtai net en constatant qu’il n’y avait plus que du vide là où l’homme se tenait il y a quelques instants. Il avait disparu.

Je fronçai les sourcils. Du coin de l’oeil, je vis Rockstar se laisser tomber dans un des nombreux fauteuils en poussant un soupir. Son attitude nonchalante me fit tirer un petit sourire, mais rapidement je me repris. Je ne me sentais pas à l’aise. Quelque chose clochait. Pourquoi nous emmener directement à ce qui semblait être leur quartier général ? C’était un choix risqué, hormis s’ils avaient une idée derrière la tête.

Par réflexe, je posai la main sur la poignée de l’un de mes saï, alors que je m’approchai du mur et contemplai les différents tableaux. Ils étaient peints, faits à la main, et la plupart représentait des personnes que je ne connaissais pas. Il s’agissait sûrement d’éminents membres de la Pègre ou des alliés de cet équipage. Je m’arrêtai rarement devant les portraits, ne jetant que des regards dessus tout en faisant le tour de la pièce, mais l’une de ces peintures, par sa couleur chatoyante, capta mon regard.

Mon corps se raidit. Je sentis des larmes me monter aux yeux. C’était plus fort que moi, je n’arrivai plus à bouger, seulement à trembler. Son sourire me revenait en mémoire, son rire me parasitait les tympans, et mes cicatrices me picotaient atrocement.

Je finis par secouer la tête en reprenant mes esprits. Il avait été vaincu. Je ne craignais rien, il était à Impel Down à l’heure qu’il était. Ce qui me faisait face n’était qu’un tableau. Pas de quoi avoir peur.

Je détournai le regard en réprimant un frisson. Cela avait beau dater de deux ans, je pensais que je me souviendrai toujours de ces instants et malheureusement, j’avais l’impression qu’ils me hanteront, qu’il me hantera jusqu’à ma mort, même après sa défaite, même après son emprisonnement, et même si la Marine l’exécute.

Sans attendre davantage, j’avançai en prenant soin de ne pas regarder le portrait, pressée de passer à un autre. Je pensais que rien ne pouvait me surprendre ou me choquer davantage, à présent, mais en posant le regard sur le tableau suivant, j’ouvris des yeux ronds, stupéfaite.
Je n’en revenais pas.
Ce n’était pas un tableau accroché soigneusement, mais un avis de recherche, cloué au mur par un couteau. Et le pire de tout cela, c’est qu’il s’agissait de mon avis de recherche.
Je fis plusieurs pas en arrière sans détacher les yeux du morceau de papier.

- Ma collection te plaît ?

Prise de court par cette voix rêche, je me retournai. Une femme d’âge mûr se tenait devant moi, une main posée sur la hanche. Elle avait les cheveux châtains et portait un justaucorps bordeaux sur lequel une sorte de tunique totalement faite de perles blanches était entreposée, mais cette étrange habit n’était pas ce qui étonnait le plus. Loin de là.
Sa peau bronzée était presque entièrement couverte de cicatrices rappelant des brûlures, et encore pire, l’une de ces cicatrices partait du haut de son front et serpentait en diagonale pour rejoindre sa mâchoire tout en englobant tout entier un oeil voilé à la pupille blanche. Un œil aveugle, qui contrastait d’autant plus que son autre œil était d’un bleu magnifique.
Prise au dépourvu, je ne pouvais m’empêcher de regarder son œil aveugle. Mais qu’est ce qu’il lui était arrivé pour que son corps soit aussi ravagé ?

Une Question de Justice [One Piece]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant