Chapitre 87

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- Akoya D. Mona. C'était le vrai nom de ta mère. Elle est née dans une famille pauvre, mais qui la choyait. Elle a ainsi vécu une enfance sans originalité jusqu'à l'année de ses 10 ans.
Un jour, durant cette année, des marines ont enfoncé sa porte d'entrée et ont arrêté ses parents. Ils étaient soupçonnés de complicité avec des pirates. Nous avons d'ailleurs appris, il y a quelques mois, qu'ils avaient été exécutés quelque temps après leur arrestation. Bon. Ta mère, alors gamine, se retrouvait seule sans ses parents et fût recueillie par son oncle et la femme de celui-ci.
Tout ce qu'elle attendait d'eux était de l'affection et du soutien. Autant souhaiter l'impossible. Ils la haissaient de toutes leurs forces et la traitaient comme la dernière des pourritures. Elle vivait séquestrée dans la cave de leur maison, avec comme lit, de la paille. De temps en temps, ils pensaient à la nourrir. Elle ne sortait que pour faire les besognes et aider aux champs. Un traitement invivable pour n'importe quelle personne.
Ta mère, au fil des mois, puis des années qu'elle passa enfermée, développa une haine et une colère sans faille. Elle en voulait au monde entier de lui avoir retiré ses parents, de lui avoir donné la vie d'une moins que rien. Elle ne vivait plus que pour une chose : leur faire payer à tous. Se venger et en rire après. Et quelqu'un, un jour, lui accorda cette possibilité.
L'année de ses 17 ans, alors que sa traînée de tante, après l'avoir battue, l'avait forcée à aller au marché, elle en revint le sourire aux lèvres, et un pistolet en main.
Le soir-même, les voisins entendirent des détonations, avant de voir de la fumée s'élever. Ils retrouvèrent la maison de ton grand-oncle en flammes. Quelques heures plus tard, parmi les décombres fumants, le cadavre carbonisé de l'oncle et celui de sa femme furent retrouvés. Mais aucune trace de la jeune fille qui leur servait de nièce.
Ta mère a tué ses geôliers d'une balle dans la tête, puis elle a mis le feu à la maison qui lui avait servi de prison.
Tout ça, toute cette vengeance, toute sa joie qu'elle a éprouvé lorsque l'acte fût fait... Elle avait pu obtenir tout ça grâce à un homme, encore jeune garçon à l'époque : Doflamingo.
Bien qu'enfant, Doflamingo était déjà tel qu'il était maintenant. Il avait tué son père il y a à peine plusieurs semaines lorsqu'il a rencontré ta mère. Elle n'était qu'une simple humaine crasseuse à ses yeux, mais après quelques jours, à l'avoir observé, il avait été attiré par elle. Tu sais pourquoi ? Parce qu'ils étaient pareils. Comme lui, elle avait une lueur de haine dans les yeux. Comme lui, elle voulait prendre sa revanche sur le monde entier. Elle lui plaisait bien. Il voyait en elle un bon potentiel pour faire partie de ce qu'il appelait déjà sa famille.
Alors, le jour où Mona alla au marché, elle y rencontra celui qui se fait appeler Diamante. Il lui donna le pistolet de la liberté, ainsi qu'une invitation orale à se joindre au futur roi de Dressrosa, lorsqu'elle aura accompli son affranchissement.-

Je restai immobile, les yeux fixés sur Every, alors qu'il nous faisait le récit du passé de ma mère. Moi qui était surprise d'apprendre qu'elle était ma mère, j'aurai pensé que plus rien n'aurait pu me surprendre davantage que de telles informations. En repensant au nom de Doflamingo, je ressentis des picotements sur le côté gauche de mon visage. J'en grimaçai, mais tâchai de ne pas trop y prêter attention. Il y avait plus important...
Ma mère ne s'appelait donc pas Gyn. Il s'agissait d'un surnom, un nom d'emprunt. Son véritable nom était Mona. Akoya D. Mona. Elle faisait partie de ce mystérieux clan du D, comme Gol D. Roger, Monkey D. Luffy... Ce clan dont je faisais partie également, selon toute logique.
Après avoir rapidement réfléchi, je risqua un regard vers mon père. Il semblait aussi suspendu aux lèvres d'Every que je l'étais. Tout en l'écoutant, il n'arrivait pas à dissimuler ses traits tirés sous le coup de la surprise. J'écarquillai les yeux. Ne savait-il donc rien de son passé ?... Du passé de la femme qu'il avait assez aimé pour en faire ma mère ? Je ne pouvais m'empêcher de penser à quel point de telles révélations sur son ancienne partenaire pouvaient le secouer, bien plus qu'il ne le laissait paraître.

Après l'avoir fixé un moment, je finis par détourner la tête. Je me reconcentrai sur mon ex-ennemi, mais j'avais froncé les sourcils. Tout en pensant, je me fis la réflexion que le plus étonnant, dans tout cela, dans cette histoire, c'était la présence de Doflamingo. S'il avait eu autant d'intérêt pour ma mère, je ne comprenais pas pourquoi il me haïssait alors au point de vouloir à tout prix ma mort. Quelque chose n'allait pas, à moins que toute logique soit tordue, ou que ma mère ait agi d'une façon qui l'aurait mis en colère au point qu'il aurait voulu se venger en frappant fort. Peut être en refusant son offre ?
Je secouai la tête. Ce scénario n'était pas plausible. À partir du moment où elle avait tué son oncle et sa tante, elle était devenue une criminelle. Elle avait forcément rejoint Doflamingo. Mais pourquoi alors vouloir ma mort ? Comment ma mère s'était-elle retrouvé dans la Marine ? Pourquoi est-ce qu'elle aurait eu un enfant avec un amiral, si elle-même était une pirate ? Tout ce qu'Akainu avait bien voulu me dire à ce sujet était qu'elle était une criminelle, mais je fis le choix de me fier davantage aux paroles de l'ex-second de Gyn qu'à celui qui avait tenté de me tuer, il y a quelques temps, et qui avait failli y arriver.

- Every ?
- Quoi?
- Continue. S'il te plaît. Je veux tout savoir. Ma mère a donc rejoint Doflamingo ?
- Oui. Et les années qu'elle vécut avec lui furent sans doute les plus joyeuses de sa vie.

Une Question de Justice [One Piece]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant